Le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Rosthom Fadli, a appelé le Fonds monétaire international (FMI) à aider les pays membres, notamment les pays en voie de développement, à faire face aux retombées de la crise en Ukraine, soulignant qu'une action internationale est nécessaire pour prévenir l’insécurité alimentaire.
Intervenant lors des travaux de la 45ème réunion du Comité monétaire et financier International, tenue jeudi dans le cadre des réunions du printemps du FMI, M. Fadli a affirmé que le Fonds «a joué un rôle essentiel en aidant avec succès les pays membres à affronter les répercussions économiques de la pandémie, il est attendu à présent qu’il relève le défi à nouveau afin d’aider les pays membres à faire face aux retombées négatives de la nouvelle crise mondiale».
S'exprimant en sa qualité de représentant de la circonscription comptant 8 pays (l'Algérie, l’Afghanistan, le Ghana, l’Iran, la Libye, la Tunisie, le Maroc et le Pakistan) , le gouverneur de la Banque d’Algérie a estimé que la crise en Ukraine se répercute sur tous les pays de la circonscription.
«Les coûts élevés des produits alimentaires ont accru le niveau de pauvreté et ont exposé des parties de la classe moyenne à l’insécurité alimentaire, pendant que le resserrement des marchés financiers internationaux expose certains pays de notre groupe à un grave risque d’accès limité au financement extérieur», a-t-il analysé.
Selon M. Fadli, le FMI doit être «attentif aux arbitrages difficiles» et aux «défis concurrents» auxquels sont confrontés ces pays.
«Plus que jamais, le conseil de politique générale du Fonds doit être davantage pragmatique et spécifique à chaque pays, compte tenu du fragile équilibre sociopolitique dans de nombreux pays», a-t-il mentionné, tout en plaidant pour une action internationale «agile et proportionnée pour prévenir l’insécurité alimentaire».
M. Fadli a salué, à cette occasion, la reconnaissance par le FMI des vulnérabilités aigues des Etats fragiles et pays affectés par des conflits (EFC) et son intention d’adapter le soutien financier à la situation des pays ainsi que la proposition d’action commune du Fonds, de la Banque mondiale, du Programme alimentaire mondial et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour aider à assurer les approvisionnements alimentaires et le soutien financier aux pays vulnérables à travers des dons, le commerce et l’investissement dans la production alimentaire durable.
A ce propos, le gouverneur de la BA a sollicité d'autres agences de l'ONU, institutions financières et ONG à rejoindre et à renforcer cette initiative afin de «prévenir une nouvelle catastrophe humanitaire», affirmant que «la famine en Afghanistan, au Yémen et dans certaines zones d’Afrique ne doit pas être oubliée».
M. Fadli a appelé, aussi, à une «solide» coopération internationale afin de protéger le système de commerce, fondé sur des règles multilatérales, et la stabilité financière mondiale, en faisant observer que «la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie alimente les tensions sociales et menace la stabilité politique».
S'agissant des pays exportateurs de pétrole et de gaz, dont les prix ont procuré, selon lui, un «répit temporaire», ils sont confrontés, a-t-il poursuivi, à «leurs propres défis d’une transition déjà coûteuse» et à «la nécessaire diversification économique pour éviter les cycles d’expansion et de récession du passé».
Lors de son intervention, le gouverneur de la BA a évoqué, en outre, la situation des Pays à Faible Revenus (PFR) qui ont besoin, selon lui, d’une assistance financière internationale soutenue, avec des conditions préférentielles et des allègements de dettes généreux.
L'accès aux vaccins contre la Covid-19 a été soulevé par M. Fadli, déplorant le fait que plus de la moitié des pays membres du FMI ne seront pas en mesure d’atteindre les objectifs de vaccination déterminés et que les taux de vaccination principalement en Afrique sont toujours à un seul chiffre.
De même, il a abordé le changement climatique, en précisant que les économies des pays en voie de développement à faible revenus et celles des économies insulaires, encaissent les dommages crées et perpétués essentiellement par les grands émetteurs durant ces dernières décennies, exhortant les institutions financières internationales à adopter une «approche holistique de décarbonisation».
M. Fadli a réitéré, par ailleurs, son appel en faveur d'une révision des formules quotes-parts et à une augmentation des quotas de ressources du FMI.