De nombreux jeunes marocains tentent de fuir en masse vers le territoire espagnol, parfois au péril de leur vie, pour échapper à la misère et au chômage qui les rongent mais aussi pour des raisons liées à la corruption qui gangrène le royaume, selon une enquête réalisée par l'agence espagnole EFE auprès de migrants qui ont tenté, dimanche dernier de rejoindre Ceuta à partir de la ville de Fnideq.
L'agence EFE a cité, dans son enquête, le témoignage du jeune Adam, âgé de 17 ans, qui s'est joint à l'appel viral lancé sur les réseaux sociaux pour entrer massivement à Ceuta dimanche.
Selon EFE, ce Marocain fait partie des milliers de personnes qui essayaient d'entrer à Ceuta dimanche dernier par la zone de la barrière frontalière connue sous le nom de Finca Berrocal.
D'après une récente enquête du Baromètre arabe, 55 % des jeunes Marocains âgés de 18 à 29 ans ont envisagé d'émigrer, principalement pour des raisons économiques, mais aussi pour des raisons liées aux possibilités d'éducation et à la corruption sévissant dans le royaume.
Lors des arrestations de dimanche et aux premières heures de lundi matin, des affrontements ont éclaté entre les migrants, qui ont même jeté des pierres sur les forces de l'ordre sur le chemin de la frontière et dans les rues de Fnideq, causant des dégâts matériels, selon l'agence de presse espagnole.
«C'est le chaos, à la frontière il y a eu une grêle de pierres lancées par les migrants depuis les collines autour du poste frontière de Tarajal. Les chauffeurs de taxi qui se trouvaient là ont été contraints de fuir l'endroit», a déclaré un des chauffeurs de taxi de la frontière.
Les évènements de dimanche soir ne sont pas nouveaux et rappellent, entre autres, l'effroyable massacre commis le 24 juin 2022 par les autorités marocaines qui avaient réprimé de manière sanglante des migrants africains qui tentaient de rejoindre l'enclave espagnole de Melilla, dont des dizaines ont été tués brutalement, un massacre qui avait provoqué un tollé international.
Et selon des observateurs, ce qui s'est passé, dimanche soir, est bien plus qu'une tentative des Marocains de fuir la misérable réalité dans le Royaume. C'est une tentative du Makhzen de faire pression sur Madrid en utilisant la carte de la migration clandestine pour qu'elle accède à ses demandes, même si elles sont contraires au droit international.
Il n'est pas exclu que l'arrivée de milliers de Marocains dans la zone frontalière entre le Maroc et l'Espagne soit un message du Makhzen au gouvernement de Pedro Sanchez pour dire que toute action qui irait à l'encontre des intérêts du Makhzen, que ce soit au Sahara occidental ou ailleurs, sera suivie de vagues de migrants clandestins.