Professeur Abdelkrim Chelghoum : l'assurance, le talon d'Achille de la loi sur les risques majeurs

Professeur Abdelkrim Chelghoum.15.02.2024
15/02/2024 - 12:05

Elaborée au lendemain du séisme de 2003, la loi 04-20 sur les risques majeurs, du 25 décembre 2004, est nécessairement appelée à être amendée, en vu notamment de l'introduction du segment relatif aux assurances, jusque-là totalement occulté.

« Cet aspect constitue le talon d’Achille de cette loi, l’assurance est le premier volet de la gestion des risques majeurs partout dans le monde », a commenté ce matin le professeur Abdelkrim Chelghoum, président du Club algérien des risques majeurs.

M. Chelghoum, qui s’exprimait à l’émission de L’invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, a souligné toute l’importance que revêt l’implication du secteur des assurances dans le processus de couverture des risques, en vu notamment de l’indemnisation des personnes touchées par les effets des risques majeurs.

Il a rappelé que l’Algérie fait face à pas moins de 14 risques majeurs, « ce qui est énorme », commente-t-il. Ces risques sont répartis en quatre grandes familles : les risques géologiques (dont les séismes), climatiques (inondation, canicule, sécheresse, désertification, vents de sable, feux de forêts, etc.), pandémiques, technologiques et industriels.

Il est utile en outre de préciser que le phénomène de sécheresse ne figure pas encore dans la loi en tant que risque majeur, ce qui prive déjà les agriculteurs d'indemnisation.  

Il rappelle, au passage, que ladite loi, de 75 articles, avait été élaborée par pas moins de 120 experts, mais qui, de son aveu, « est restée lettre morte  » en l'absence de la publication de la trentaine des textes d'application.   

Précisant que sur les 75 articles 25 sont consacrés à la prévention, il insiste que « si l’on appliquait les mesures de prévention, les effets des risques seraient réduits de 90% ».  

C’est pourquoi, la sensibilisation des citoyens, à tous les niveaux, devient une nécessité absolue pour qu’ils adoptent les bons réflexes et passer de l’émotionnel au rationnel. Inutile de préciser à ce titre que les dégâts humains découlent souvent directement du mouvement de panique plutôt que du phénomène lui-même.

Soulignant que l’Algérie bénéficie déjà « d’un retour d’expérience » appréciable, le professeur précise que la gestion des risques majeurs comprend les aspects de la prévention, la sensibilisation et l’intervention. Des actions qui incombent aux pouvoirs publics.

La prévention, en particulier, revêt une importance capitale à travers l’éducation et la sensibilisation dans tous les cycles de formation, a-t-il expliqué.