La Coordination d'Europe de soutien aux prisonniers politiques et d’opinion au Maroc a appelé le Makhzen à assainir au plus vite la situation des droits de l'homme dans le pays. La coordination a qualifié dans un communiqué de «très surprenant» le fait que le Maroc prenne les commandes du Conseil des droits de l’homme onusien, alors qu'«année après année, il est accusé par ce même Conseil de violations des droits humains».
Il est ainsi indiqué dans le communiqué que «lors du dernier examen périodique universel (EPU) du Maroc réalisé en avril 2023, Rabat est pointé du doigt pour des pratiques de torture et de mauvais traitements, le refoulement indu d’un demandeur d’asile, pour la non-indépendance de l’institution judiciaire du pouvoir exécutif et procès non équitables».
Il est épinglé aussi, selon la même source, pour «l’utilisation de la cybersurveillance contre les journalistes et les défenseurs des droits humains, les arrestations, harcèlements judiciaires et emprisonnements de journalistes indépendants, d'activistes et de politiciens en raison de leurs écrits et de leurs travaux critiques, sur la base d'accusations montées de toutes pièces, et des atteintes à la liberté d’association».
Ces accusations ont par ailleurs été documentées, souligne le communiqué, sur plusieurs dossiers, par plusieurs groupes de travail relevant de l’ONU, notamment le Groupe de travail contre la détention arbitraire, le Groupe de travail sur les disparitions forcées, le Comité contre la torture et la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits humains.
La coordination mentionne dans son document que «le Maroc a accepté 232 des 306 recommandations de l'EPU qu’il a reçues, cela indique, lit-on, qu’il est resté sourd à 74 de ces recommandations, ce qui est considérable». «La plupart de ces recommandations n'ont pas été mises en œuvre et le bilan du Maroc sur ces questions reste très préoccupant», note la même source, citant Mena Rights Group.
Il apparaît donc «très surprenant», pour le comité, que «le Maroc, dans ces conditions, ait pu être élu à la présidence du Conseil des droits de l’homme». Et cela «risque d’entraver la bonne marche de ses travaux et son efficacité dans la défense des droits humains de par le monde».
C’est pourquoi, conclut le communiqué, «il nous semble opportun et indispensable que le Maroc mette en œuvre rapidement l’ensemble des recommandations qui lui ont été faites. Il lui appartient d’assainir au plus vite la situation des droits humains dans le pays, sur les différents points soulevés par les instances de l’ONU et notamment en libérant tous les journalistes et prisonniers politiques et d’opinion actuellement emprisonnés avant l’ouverture de la cinquante-cinquième session du Conseil, qui se tiendra à Genève à partir du 26 février».