Union africaine : L'Algérie demande à la CADHP de rendre ''compte fidèlement de la situation des droits de l'Homme'' au Sahara Occidental  

Amar Belani
03/02/2022 - 09:55

L’Algérie a exhorté mercredi à Addis Abeba la commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) à '' rendre compte fidèlement de la situation des droits de l’homme dans notre continent, y compris au Sahara Occidental'', et ''demande au Conseil exécutif et à la CADHP de prendre leurs responsabilités pour la concrétisation de la mission d’établissement des faits dans les territoires sahraouis occupés'', a déclaré M. Amar Belani, l'envoyé spécial chargé de la question du Sahara Occidental et des pays du Maghreb. 

''La promotion et la protection des droits de l’Homme et des peuples africains constituent une partie intégrante des priorités de notre organisation dont l’objectif ultime est le bien-être de nos peuples, conformément à la vision 2063 qui anime notre action commune pour la stabilité et le développement de notre continent'', a-t-il ajouté lors de son intervention durant l’examen par le Conseil Exécutif du rapport de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.

Il a relevé que ''la promotion des droits de l’Homme s’inscrit également en droite ligne de l’esprit d’émancipation qui a sous-tendu la création de l’OUA/UA''.

''La situation des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental est très préoccupante. Elle s’est particulièrement aggravée suite à la rupture brutale du cessez-le-feu, le 13 novembre 2020, par la puissance occupante marocaine qui a réprimé sauvagement des manifestants sahraouis qui exerçaient leur droit le plus élémentaire à la liberté d’expression et de manifestation pacifique et occupé militairement la zone démilitarisée de Guerguerat, en violation flagrante des accords militaires signés par les deux parties au conflit et endossés par le Conseil de Sécurité'', a expliqué M. Belani.

''Le conseil exécutif, lors de sa 20ème session a demandé expressément à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) de mener une mission au Sahara Occidental afin d’évaluer la situation des droits de l’homme et de formuler des recommandations en la matière ( décision 775). Depuis, le Conseil exécutif ne cesse de réitérer sa demande pressante, mais malheureusement cette mission n’a pas pu se rendre dans les territoires sahraouis occupés'', indique t-il.

Selon M. Belani, ''contrairement au Maroc qui s’obstine à refuser l’accès à la CADHP parce qu’il a certainement des choses à cacher, l’Algérie a, de tout temps, pleinement coopéré avec toutes les instances régionales et internationales qui ont effectué, à plusieurs reprises, des missions dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, notamment la CADHP et la Commission de l’Union Africaine''.

''Paradoxalement, le rapport d’activités de la CADHP qui est soumis à débat, ne rend pas compte du blocage de cette mission par les autorités marocaines et ceci constitue un précédent grave que nous dénonçons énergiquement'', souligne-t-il.

M. Belani estime par ailleurs que ''les tentatives malavisées d’utiliser abusivement la décision 693 de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement pour faire l’impasse sur la question essentielle des droits de l’homme qui relève indiscutablement du mandat de la CADHP en vertu de la charte africaine, sont maladroites, non pertinentes et inopérantes'', ajoutant que ''ces mêmes tentatives, orchestrées par le Maroc et certains de ses alliés, ne peuvent en aucune manière remettre en cause la décision du 14eme Sommet extraordinaire sur faire taire les armes », dont le paragraphe 15 appelle à faire ressortir la situation critique des droits de l’Homme dans les territoires occupés.'' 

''D’autant plus que cette même décision 693, qui fait l’objet d’une lecture sélective, partielle et partiale, demande au président de la commission d’engager des consultations pour la réactivation du bureau de l’Union Africaine à Laayoune auprès de la MINURSO'', estime M.Belani.

Dès lors, ''l’Algérie déplore vivement toutes ces manipulations et exhorte la CADHP a rendre compte fidèlement de la situation des droits de l’Homme dans notre continent, y compris au Sahara Occidental'', et ''demande au Conseil exécutif et à la CADHP de prendre leurs responsabilités pour la concrétisation de la mission d’établissement des faits dans les territoires sahraouis occupés'', relève encore le diplomate algérien.

APS