Le géo-politologue, Arslane Chikhaoui, estime que l’expression « Âge d’or de l’Amérique » prononcée par le 47e président américain Donald Trump lors de son investiture, constitue le mot clé et le message phare du discours que le Businessman voulait faire passer à la maison Blanche et à ses électeurs.
Intervenant à l’émission « L’Invité du jour », de la chaine 3 de la radio algérienne, l’expert en relations internationales a ajouté qu’«il faut prendre ce mot au sens large du terme ».
« C’est mettre le curseur sur l’économie, sur le Business, sur les affaires, et les valeurs et les repères de la société américaines », indique M Chikhaoui, précisant que le Donald Trump « en fait référence pour transformer les Etats-Unis (…) L’âge d’or pour Trump est de revenir aux repères culturels et cultuels d’antan des USA ».
Au moins 20% des clandestins seront déportés
Selon l’invité de la radio, « l’âge d’or est aussi lié au confort des Américains, qu’il a promis à ses concitoyens », ajoutant que « l’accent est mis sur les questions internes et pour cela il décrété l’état d’urgence au sud et promis de déporter tous les clandestins dans leurs pays d’origine.
« Trump s’est engagé, sans le dire, à mettre un ensemble de règles permettant, non une intégration mais des règles pour une émigration sélective », révèle l’orateur.
« Ainsi, 20% de la masse d’émigrés clandestins, rappelle-t-il, seront expulsés et c’est déjà énorme comme chiffre (…) Il tient promesse non dans les 100 premiers jours mais dans les 100 premières heures. L’état d’urgence est décrété donc à la première heure de son investiture, pour qu’il n’y ait pas de turbulences à l’intérieur du pays ».
Contrôler les routes maritimes
En priorité de l’axe économique, M. Chikhaoui dit que « Trump va remonter toutes les pistes où s’y trouve son rival économique », citant en exemple du contrôle du Canal de Panama, où les Etats-Unis sont les premiers utilisateurs avec un transit de 160 millions tonnes de marchandises, devançant de loin la Chine (46 millions tonnes).
« Ce n’est pas tant s’en approprier mais négocier le contrôle de cet espace, entre autres routes maritimes de passage de marchandises, et c’est la raison pour laquelle il met la barre haute », développe-t-il. C’est dire, poursuit Chikhaoui, que l’un des paramètres de la politique économique de Donald Trump est le contrôle de ces points de passage.
C’est ce qui le pousse, selon lui, à « négocier les accords contractés avec le Panama. Ça sera le cas pour le détroit d’Adan, les passages en Afrique tout comme le Groenland qui est aussi un passage important pour l’Américain. »
La politique du Smart-Power priorisée
Cette politique de négoce, pense l’analyste, est un atout à abattre face au géant chinois qui utilise la politique du Smart-power, car on est plus dans la logique du Hard-power (la force militaire) ni du Soft-power.
« Nous ne sommes plus dans la logique de guerre économique. Ce n’est pas une logique de l’homme d’affaires qu’incarne Donald Trump, mais dans la logique de conquérir et de convaincre », suppose-t-il.
Cette rivalité va s’exprimer aussi au niveau de l’Afrique, poursuit Chikhaoui, et Trump va convenir avec la Chine à un « Gentleman Agreement », qui veut autrement dire que « cette rivalité va se transformer en coopération. La présence du vice-président chinois à la cérémonie d’investiture est un message clair », soutient l’intervenant.
Les entretiens téléphoniques qui ont eu lieu avec le président chinois en sont une preuve qui renseigne sur le fait que les négociations ont déjà commencé.
Conquérir les terres rares en Afrique
Les 100 premiers jours profiteront à la sécurité et le confort des Américains, en évitant une inflation qui va perturber les citoyens, explique M Chikhaoui. « Il va devoir donc aller vers la paix avec la Chine, présente également en Afrique », juge-t-il, précisant que « c’est un autre mot clé dans la politique africaine du président américain fraichement installé ».
« Va-t-il continuer de combattre le terrorisme, les narcotrafiquants et le trafic d’armes dont l’Afrique en souffre dans le continent noir », s’est interrogé Chikhaoui. Et de répondre que « Trump va déléguer cette mission à l’US Africom ».
Par contre, appui-il, « il va s’occuper de concrétiser l’âge d’or en s’occupant depuis la Maison Blanche de tout ce qui a trait aux ressources naturelles, gazière, pétrolière et minérale dans ce continent ».
Et parallèlement, ajoute-t-il, « il va falloir avoir accès aux énergies fossiles et les renouvelables afin d’être sur le même piédestal avec le rival chinois. En d’autres termes, il a bien revendiqué la conquête des terres rares, dont le Groenland qu’il veut acheter ».
Le Moyen-Orient, l’Europe et la Russie
Pour le Moyen Orient, la clé est la situation en Cisjordanie qui préoccupe l’administration Trump. On se dirige, d’après Chikhaoui, vers trois options. « Va-t-on vers son annexion ou pas, stopper l’extension de l’Iran et reconstruire Ghaza dévastée ». Pour le géo-politologue, « ct énorme chantier profitera immanquablement aux sociétés immobilières américaines qui vont amasser les 47 milliards de dollars que l’Arabie Saoudite va payer ».
Sur le registre Europe, Trump est en train de profiter de la crise politico-économique et de valeurs dans le vieux continent et la priorité du 47e président est de voir qui sera le leader de l’Europe. Pour M. Chikhaoui, « ça sera la Pologne, grand allié de Etats-Unis, d’où toute l’industrie d’armes américaines transite à travers ce continent ».
« La délocalisation de certaines industries d’automobiles de la Chine pour se réinvestir aux Etats-Unis devra constituer un sérieux concurrent à l’Allemagne et à la France », explique l’analyste. Il va sans dire qu’il va imposer un nombre de taxes sur certains produits. C’est mettre encore l’économie dans ces deux pays dans des difficultés fiscales. « L’Europe perd donc sur tous les plans Pour la Russie, Trump va activer, selon lui, l’accord de MINSK 2 avec le pays de Poutine qui a gagné la guerre d’Ukraine ».
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