Maroc : les arrestations s'étendent aux enfants

Maroc : les arrestations s'étendent aux enfants

Maroc répression
04/03/2025 - 17:17

Dans un énième scandale impliquant les autorités corrompues du Makhzen, les forces de l'ordre marocaines n'ont pas hésité à arrêter deux enfants, Achraf Al Badahi (15 ans) et Malak Tahri (13 ans), sous de fausses accusations en guise de représailles contre leurs familles respectives et dans le but de semer la terreur au sein de l'opposition.

Ces arrestations ont suscité des réactions indignées de la part de nombreux défenseurs des droits de l'Homme, tout en provoquant une vague de critiques sur les réseaux sociaux.

La militante des droits de l'Homme et ancienne détenue politique, Saida Al-Almi a dénoncé «la lâche répression du Makhzen contre des citoyens sans défense qui font pacifiquement face au sadisme et à la violence» de l'Etat.

Elle a fustigé un «régime qui a perdu ses repères et qui emploie les forces de l'ordre et un système judiciaire politisé comme outil de représailles, au moment où les spéculateurs, les voleurs, les corrupteurs, les +Escobar+ et les vrais terroristes sont protégés par cette même justice d'un Etat corrompu, stagnant et obsolète».

Elle a ajouté que «dans le cadre des représailles visant les militants à l'affût des affaires de corruption et de crimes dans lesquelles sont impliqués des appareils de l'Etat, le Makhzen a appréhendé l'enfant Achraf Al Badahi (15 ans) sous une accusation fallacieuse pour se venger de son père, l'ancien détenu politique, Adel Al Badahi qui a passé quatre ans en prison pour ses positions contre le régime en place».

Le Makhzen a également interpellé «sans aucune once de pudeur la petite Malak Tahri (13 ans) qui a été placée en détention dans la prison d'Oukacha (Casablanca) en compagnie de sa famille dans le cadre d'une affaire montée de toutes pièces», afin de se venger d'un de ses proches «qui a mis à nu les crimes du Makhzen et dévoilé l'implication de hauts responsables dans des affaires de corruption, de trafic de drogue et d'actes terroristes, ainsi que d'autres affaires menaçant la sécurité de l'Etat».

La militante des droits humains a exigé la libération des deux enfants, affirmant que «leur place est à l'école et non en prison». Elle a également appelé à la libération de tous les détenus politiques au Maroc.

Selon la presse marocaine, la jeune Malak Tahri passera devant le procureur général, jeudi dernier, sous les chefs d'inculpation fallacieux de «diffusion et participation à la diffusion d'informations mensongères afin de porter atteinte à la vie privée d'autrui, menace et insulte à l'encontre d'une institution de l'Etat».

L'Association marocaine des droits de l'Homme a exprimé sa pleine solidarité avec Hicham Jerando, proche de la jeune Malak, affirmant que cette arrestation avait pour but de faire pression sur lui «car il a dévoilé de nombreuses affaires de corruption». Elle a également attiré l'attention sur le fait que la fille souffrait d'anémie et d'une maladie rare.

L'association rappelle que les autorités du Makhzen ont soumis le père de la jeune Malak Tahri à un interrogatoire, il y a quatre mois. Elle exige la libération de tous les membres de la famille injustement arrêtés. 

De son côté, le militant des droits humains et ancien détenu politique, Noureddine Aouaj, a affirmé que l'enfance était «en danger» au Maroc et que l'arrestation de Malak s'inscrivait dans une «logique de représailles», soutenant que cette arrestation était un «crime politique contre l'enfance».

L'écrivain et journaliste marocain, Ali Anouzla, a assuré, quant à lui, que «l'arrestation d'une jeune mineure dans le cadre d'une affaire qui dépasse sa capacité de compréhension, de discernement et (même) son imagination est la preuve flagrante de la faillite de l'Etat avec toutes ses institutions officielles, politiques, juridiques, éducatives et religieuses».

«Je dis à tous les appareils de sécurité, de renseignements et de justice +Cessez vos mensonges, votre diffamation, votre tyrannie et votre dépravation+», s'est révolté, pour sa part, le défenseur marocain des droits humains, Mohamed Kandil. Tout le monde sait que «vous n'êtes que des outils entre les mains du gang du Makhzen», a-t-il ajouté.

APS