Reconnaissance des crimes coloniaux : plaidoyer pour la mise en place de mécanismes juridiques africains

Afrique
02/12/2025 - 07:29

Des chercheurs africains en Droit international ont souligné, hier lundi à Alger, l'impératif de mettre en place des institutions et mécanismes juridiques en Afrique pour assurer une meilleure réclamation des réparations des injustices commises par les anciens colonisateurs.

Animant un panel au deuxième jour des travaux de la Conférence internationale sur les crimes coloniaux en Afrique sous le thème «voies juridiques et mécanismes visant à mieux réclamer des réparations sur les injustices commises par les colonisateurs», les participants ont relevé que le processus engagé par l'Union africaine (UA) dans ce sens rencontre de nombreuses embuches pour son aboutissement.

Selon Samia Bourouba, membre de la Commission africaine des droits humains et des peuples (CADHP), l'étude réclamée par les chefs d'Etats africains lors du Sommet de février dernier à Addis-Abeba, en vue de qualifier le colonialisme, la traite transatlantique et la déportation en tant que crimes contre l'humanité peine à aboutir, en raison de plusieurs difficultés.

Selon elle, la première difficulté se rapporte à l'absence de bases juridiques en Droit international en la matière et l'absence d'un centre de répertoriage des archives et témoignages sur les crimes coloniaux en Afrique.

Proposant des solutions pour dépasser ces obstacles, la conférencière a plaidé pour la révision des lois internationales, à l'instar du Statut de Rome, la mise en place d'un centre de recueil des témoignages sur les crimes coloniaux, ainsi que la création d'un mécanisme permettant l'inventaire de toutes les réclamations des réparations sur les crimes coloniaux.

Enchainant dans le même sens, le professeur d'histoire contemporaine à l'université San Pablo à Madrid, Luis de La Serna, a mis l'accent sur l'importance pour les pays africains d'encourager le travail de mémoire.

Il a affirmé, à cet égard, que le répertoriage des preuves, des statistiques et des témoignages des victimes est la seule voie à même de permettre la mise sur pied de juridictions africaines en mesure de réclamer des réparations tant espérées.

Le chercheur a proposé, dans ce sens, notamment l'implication par les gouvernements africains de la société civile en vue d'épauler les chercheurs.

Pour sa part, l'ancien ambassadeur de Mauritanie à Washington, Ibrahim Dia, a estimé qu'il était «urgent» de lever les obstacles subsistants.

Pour lui, la remédiation à ces obstacles doit passer par l'encouragement du partenariat intercontinental (Afrique-pays des Caraïbes), l'ouverture du dialogue avec les anciens colonisateurs, ainsi que l'engagement d'un travail «sérieux» sur la définition même de certains faits coloniaux (traite-colonialisme et déportation).

D'après lui, les chances de voir ces pistes aboutir sont importantes, car l'UA a de bons rapports avec les pays des Caraïbes et également avec des pays de l'Union africaine, à travers notamment la coopération parlementaire.

APS

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APS