Le secteur des mines est identifié comme un secteur qui peut jouer un rôle important dans la croissance économique et la diversification de l’économie nationale pour sortir de la dépendance des hydrocarbures, rappelle Mourad Hanifi, directeur général des mines au ministère de l’Energie et des Mines, ce dimanche matin, dans l’Invité de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio Algérienne. Le responsable annonce que la feuille de route est tracée et qu’« une nouvelle loi minière, plus attractive », sera présentée au gouvernement.
« Par ses caractéristiques, le secteur des mines est un secteur structurant qui a des répercussions sur d’autres secteurs », affirme Mourad Hanifi, qui cite, à titre d’exemple, l’impact de la production de phosphate sur l’agriculture, ou encore celui de l’exploitation du minerai de fer sur l’industrie sidérurgique. Il estime qu’il « était urgent de tracer une feuille de route avec des objectifs sur dix à quinze ans ».
Cette feuille de route a été tracée sur plusieurs axes, précise le DG des mines. Il fallait d’abord « améliorer les conditions d’investissement en commençant par l’amont, donc à partir de l’information géologique qui sera cartographiée, ensuite, l’exploration minière qui connait un très faible effort de la part des investisseurs nationaux et étrangers », explique le responsable, qui insiste : « l’exploration d’aujourd’hui c’est les mines de demain ».
Le diagnostic est clair : la loi minière actuelle constitue un blocage à l’investissement
« Nous n’avons pas profité d’un seul dollar d’IDE », interpelle le DG des mines, qui estime qu’il faut « un cadre législatif attractif, sur le plan régional, pour attirer les investisseurs étrangers, notamment pour la phase d’exploration ».
« Le projet de nouvelle loi minière a été élaboré et sera transmis au gouvernement », annonce Mourad Hanifi. Il donne des précisions sur son contenu : « il prévoit un accès libre au secteur des mines, sans entraves, une équité de traitement pour les investisseurs entre étrangers et nationaux, publics ou privés, l’accès sera transparent, basé sur des règles universelles, comprises par les professionnels des mines du monde entier, donnant la garantie pour ceux qui investissent en exploration en cas de découverte de passer à l’exploitation, beaucoup de procédures ont été simplifiées avec des délais de traitement des dossiers à respecter envers les investisseurs ».
« Ce projet de loi donne une valeur au permis minier désormais considéré comme un titre minier, qui crée des droits immobiliers et permet à l’investisseur d’avoir des assurances quant à leurs investissements », ajoute Mourad Hanifi. En parallèle, « pour protéger le domaine minier algérien, le rôle des agences minières a été renforcé notamment pour le contrôle administratif, technique et même environnemental, pour veiller au respect des droits et obligations de chacune des parties comme précisé dans le cahier des charges », précise encore le responsable.
« Actuellement, l’Etat assume seul les efforts d’exploration »
Pour faire face à l’absence d’investisseurs ces dernières années, « un programme d’exploration a été lancé par l’Etat sur trois ans avec 1,8 milliard de dinars d’investissement pour 26 projets lancés dont certains sont à un stade très avancé », indique Mourad Hanifi.
Autre constat : certaines substances existent en abondance en Algérie, pourtant leur production reste faible. C’est pourquoi, « plusieurs projets sont lancés, soit par le Groupe minier Manal, soit par des privés algériens, pour mettre en valeur ces substances, tels que la baryte, la bentonite, le carbonate de calcium, le marbre ou encore le granit », annonce Mourad Hanifi.
Objectif : réduire la facture d’importation
Les minéraux industriels sont actuellement importés. « Avec les projets lancés, nous projetons, d’ici 2022 ou 2023, satisfaire la demande interne et arrêter leur importation », explique le responsable. « Le minerai de fer de Gara Djebilat, le phosphate, de zinc de Oued Amizour… Ces gisements sont connus depuis les années 80, il était urgent de lancer ces projets qui étaient déjà à un stade avancé en matière de connaissances », insiste Mourad Hanifi.
Le responsable estime que minerai de fer est un cas à part : « l’étude du marché révèle que nos besoins en minerai de fer atteindrons, d’ici 2025, quelques 20 millions de tonnes par an. Actuellement, nous importons pour 400 millions de dollars de minerai de fer, et ce chiffre pourrait facilement atteindre 1 milliard de dollar à court terme. Pour répondre à cette préoccupation, aujourd’hui nous ne connaissons aucun autre gisement que celui de Gara Djebilat, son développement revêt un caractère stratégique pour sécuriser notre industrie sidérurgique existante, appelée à se développer à une grande vitesse ».
« Si les études techniques en cours, lancées en collaboration avec un consortium chinois se précisent, ce gisement peut produire 50 millions de tonnes par an avec un investissement de 7,5 milliards de dollars, en plusieurs étapes », précise Mourad Hanifi.
Concernant les mines de Ouanza et Boukhadra, « après de gros efforts de découverture, des millions de tonnes qu’il fallait dégager pour atteindre le minerai de fer, nous y parvenons puisque la production atteint aujourd’hui 1,9 millions de tonne, qui alimente le complexe sidérurgique d’El Hadjar, et nos projections c’est d’atteindre 3 millions de tonnes par an », précise le responsable, qui ajoute que « la production de phosphate attendue est de 6 millions de tonnes par an, pour un chiffre d’affaires annuel moyen projeté de 2 milliards de dollars et plus de 2000 emplois directs qui seront créés. Un projet qui nécessite un investissement de 6 milliards de dollars ».
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