Les protestations se sont poursuivies vendredi à Nanterre et dans plusieurs villes de France pour la troisième nuit consécutive, après la mort tragique, mardi, du jeune Nahel qui a suscité un ressentiment de longue date parmi les communautés pauvres à propos de violence policière et d'allégations de racisme systémique au sein des forces de l'ordre.
Des scènes de chaos ont été signalées à Marseille, Lyon, Pau, Toulouse et Lille ainsi que dans certaines parties de Paris, y compris la banlieue ouvrière de Nanterre, où Nahel a été tué.
"Plus de 200 policiers ont été blessés et 875 personnes arrêtées jusque-là", selon les autorités, alors que le gouvernement envisagerait "toutes les options" pour rétablir l'ordre, a déclaré la Première ministre Elisabeth Borne, qualifiant plus tôt la violence d'"intolérable et inexcusable" dans un tweet.
Les transports publics parisiens ont déclaré que les services de tramway et de bus dans la capitale cesseraient à 21 heures chaque jour jusqu'à nouvel ordre.
Dans une précédente tentative pour contenir la violence, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait quadruplé jeudi soir les déploiements de la police nationale à 40000 agents.
Son département a indiqué que 79 postes de police ont été attaqués, ainsi que 119 bâtiments publics dont 34 mairies et 28 écoles.
Aussi, 2.000 véhicules ont été brûlés et 3.880 incendies de voie publique allumés, selon des chiffres officiels.
Le président Emmanuel Macron, qui a jusqu'à présent exclu de déclarer l'état d'urgence, a quitté tôt un sommet de l'Union européenne (UE) à Bruxelles pour assister à ce qui était la deuxième réunion de crise du cabinet en deux jours.
Il a également déclaré, sans donner de détails, que certains événements publics seraient annulés dans les régions touchées par les troubles.
Le maire de Nanterre a indiqué vendredi que les obsèques de Nahel sont prévues samedi.
Le policier, qui, selon les procureurs, a reconnu avoir tiré un coup de feu mortel sur l'adolescent, a été placé jeudi sous enquête officielle pour homicide volontaire. Il est placé en garde à vue préventive.
A Genève, le bureau des droits de l'Homme des Nations Unies a demandé à la France de se pencher sérieusement sur les problèmes de racisme et de discrimination raciale au sein de ses forces de l'ordre.
"C'est le moment pour le pays de s'attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l'ordre", a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, lors du point de presse régulier de l'ONU à Genève (Suisse).
Des groupes de défense des droits allèguent un racisme systémique au sein des forces de l'ordre en France.
A l'instar du gouvernement algérien qui continue à suivre avec "une très grande attention" les développements de l'affaire de la disparition "brutale et tragique" du jeune Nahel, certains gouvernements occidentaux ont averti leurs citoyens en France de faire preuve de prudence.
Les Américains "devraient éviter les rassemblements de masse et les zones d'activité policière importante", a déclaré l'ambassade américaine dans un tweet, tandis que les autorités britanniques ont averti les Britanniques d'une éventuelle perturbation des transports et des couvre-feux locaux. Berlin a exprimé son "inquiétude" face à la situation.
Le drame à l'origine de l'embrasement s'est produit mardi vers 08h00, à Nanterre, lors d'un contrôle de police de la voiture conduite par Nahel.
La scène a été saisie par une vidéo amateur, largement partagée sur les réseaux sociaux.
APS