Le prix du pétrole de Brent a atteint, ce mardi matin, un plus haut en sept ans, dopé par les perturbations de l'offre en Libye et au Nigeria entre autres, et par une remontée de la demande, malgré le variant Omicron.
Le cours du baril de Brent évoluait à 86,95 dollars très tôt ce matin, dépassant ainsi son record d'octobre 2014 (86,74 dollars). Il avait déjà rattrapé la veille son sommet d'octobre 2018. Plusieurs facteurs contribuent à ce rebond, notamment les interruptions de production "en Libye, au Nigeria, en Angola, en Equateur et, plus récemment, au Canada en raison du froid extrême", selon Hussein Sayed, analyste chez Exinity.
"Les marchés restent concentrés sur l'équilibre délicat entre l'offre et la demande, qui semble avoir un impact assez important sur les fluctuations de prix tout au long de la reprise économique post-pandémie", remarque Walid Koudmani, analyste chez XTB.
Le Nigeria produit par exemple 0,5 million de barils par jour en moins depuis la mi-2020, soit 1,4 million de bpj, selon les chiffres de SEB. L'offre de l'Angola recule également depuis 2016, pour atteindre 1,2 million de barils par jour désormais. Le risque géopolitique s'ajoute également à l'équation. Si le conflit entre la Russie et l'Ukraine s'intensifie et entraîne de nouvelles perturbations de l'approvisionnement en gaz russe de l'Europe, les prix de l'énergie, et donc du brut, pourraient encore augmenter, selon certains analystes.
Les prix du gaz naturel, toujours très élevés, contribuent à la hausse des cours du pétrole. Il en résulte "une augmentation de la demande de diesel et de fioul en remplacement du gaz naturel, partout où cela est possible", souligne Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
Et le variant Omicron du Covid-19, d'abord perçu comme une menace pour les achats de brut, s'avère moins grave pour la demande que ses prédécesseurs, n'impactant pas les consommateurs de carburant.
"Seuls les membres de l'Opep et leurs alliés peuvent faire baisser les prix à ce stade en pompant davantage de brut", relève M. Sayed. "Au lieu de cela, les pays de l'Opep+ vont probablement s'en tenir à leur stratégie d'assouplissement progressif des réductions de production, car ils profitent des prix élevés actuels", poursuit-il.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires (Opep+) annoncent en effet mois après mois des augmentations marginales de leurs objectifs d'extractions, et peinent à les atteindre, ce qui ne devrait pas permettre de répondre aux besoins.
APS