Jean-Michel Seck, président de l'AAESSA à la Chaîne II de la Radio Algérienne : le Sénégal a tout à gagner du savoir-faire algérien en matière de GNL

GECF.06.02.2024
06/02/2024 - 18:07

Dans un entretien accordé à la chaîne II de la Radio Algérienne, l’expert en énergie et président de l’Association des anciens étudiants et stagiaires sénégalais en Algérie (AAESSA), M. Jean-Michel Seck, a déclaré que, de par son expérience et ses savoir-faire dans le secteur des hydrocarbures, l’Algérie est en mesure d’apporter énormément à son pays, le Sénégal, qui aura tout à gagner d’éventuels futurs partenariats.

Issu de l'Institut des hydrocarbures et de la chimie de Boumerdès, en 1974, M. Seck demeure très reconnaissant envers l’Algérie et rappelle le nombre important et croissant d’étudiants sénégalais qui y ont été formés, devenus de hauts cadres non seulement dans des compagnies pétrolières, mais également dans d’autres secteurs tels que les travaux publics, l’agronomie, les sciences politiques, les mathématiques et bien d’autres.

En 1974, « il y avait en tout à peine 70 étudiants sénégalais comme premières promotions. Aujourd’hui, ils sont plus de 400 étudiants déjà formés en Algérie ».

A la veille de la tenue, à Alger, du 7ème Forum des pays exportateurs de gaz (GECF 2024), M. Seck estime que ce forum arrive au bon moment « parce qu’il va permettre aux pays producteurs et exportateurs de gaz de faire le point (...) Ces pays savent qu’il y en a d’autres qui exportent du gaz, notamment les Etats unis et dont il faut comprendre et analyser le rôle. On verra que les intérêts des USA sur le marché européen ne coïncident pas avec ceux des pays producteurs et exportateurs de gaz regroupés au sein de leur association », fait-il remarquer.   

A propos du Sénégal, où les découvertes des premiers gisements d’hydrocarbures remontent à peine à 2014, le président de l’AAESSA évoque le gisement gazier dont la découverte a été réalisée, en 2015, par la compagnie américaine Kosmos Energy et qui se trouve à la frontière maritime avec la Mauritanie. Le gisement en question connu sous le nom le GTA (Grande Tortue Ahmeyim), « sera exploité par BP (British Petrolium) avec un potentiel de 2 500 000 tonnes par an de GNL à exporter ».

Jean-Marie Seck fait savoir qu’il est prévu une évolution de la production « par palier pour atteindre les 5 millions tonnes, voire 6 millions de tonnes par an. Mais ce sont des projets qui demandent des financements sur le marché international, ce qui sera difficile par ce que, vous le savez, il y a maintenant des restrictions en matière d’énergie fossile », précise-t-il encore.

Il est prévu, selon le même intervenant, l’exportation du GNL (gaz naturel liquéfié) par méthaniers à partir de ce gisement, dit le GTA précisant plus loin qu'il existe visiblement d’autres gisements, moins importants et « destinés à alimenter des centrales pour produire de l’électricité, mais ne sont pas encore suffisamment développés, contrairement au GTA ».

A ce propos, l’expert précise que « si la production de l’électricité devra se faire à partir du GTA, il va falloir construire des gazoducs pour alimenter les centrales, et qui devront être posés en mer, ce qui n’est pas encore fait ». A ce sujet, l’Algérie semble être la mieux indiquée pour la réalisation de nombre de projets au Sénégal. Cependant, aucune démarche n’a encore été entreprise dans ce sens ».

« Moi qui suis issu de l’école algérienne et ayant visité des champs de gaz et de pétrole en Algérie dans le sud, à Hassi Messaoud et à Gassi Touil où l’on produit aussi bien du gaz que du pétrole, je sais que les Algériens construisent des pipelines et des gazoducs. Je ne cesse de le dire et de l’écrire aux autorités sénégalaises, l’Algérie aurait pu prendre toute sa place, mais vous savez comment çà se passe (...) L’opérateur de la JV (joint-venture), qui est BP, a lancé des appels d’offres et je ne suis pas sûr que la Sonatrach ou autre entreprise algérienne ait été associée à ces appels d’offre. Mais ce n’est pas encore trop tard, parce que dans le domaine de la maintenance de tous ces ouvrages, l’Algérie a une grande expérience, notamment dans la commercialisation du GNL ».

M. Jean-Marie Seck fait savoir que « le Sénégal aura bientôt une unité de liquéfaction flottante » en faisant remarquer que son pays « aura tout intérêt à apprendre de l’Algérie dans ce domaine ». Il n’hésite pas à souligner ses nombreux appels aux autorités sénégalaises à nouer des partenariats avec l’Algérie riche de ses expériences et savoir-faire, « notamment dans la maitrise du marché gazier à l’international, sa maitrise des techniques de production et de gestion de ses unités de liquéfaction dont celles d’Arzew et de Skikda ». Il déplore que « malheureusement, mes interlocuteurs qui ne sont pas de formation en énergie, n’ont pas encore compris le sens de la démarche que je préconise. Je les ais tous invités à envoyer des équipes pour des reportages en Algérie, sur les champs pétroliers et gaziers, dans les usines de liquéfaction, dans les ports où les méthaniers chargent pour l’export, pour montrer aux Sénégalais ce qui s’y fait. Jusqu’à maintenant, ce travail journalistique n’est pas encore fait et je le regrette beaucoup ».

Ecouter l’intégralité de l’entretien  

Intégralité de l'entretien accordé par Jean-Michel Seck à la Chaîne II de la Radio Algérienne 

YASMINA FERCHOUCH