Mohamed Bekkat Berkani : il y a encore des écueils à lever pour une lutte plus efficace contre le cancer

Bekkat-Berkani.13.02.2024
13/02/2024 - 12:40

Une commission nationale de prévention et de lutte contre le cancer a été installée le 4 février dernier par le président de la République. Elle est chargée de « proposer les éléments de la stratégie nationale de prévention, de lutte, de suivi et d'évaluation du cancer ». Une mission ardue, car de l’avis du président de  l’Ordre national des médecins praticiens, Mohamed Bekkat Berkani, la lutte contre le cancer est pavée encore d’écueils.

Invité, ce mardi, dans l’émission L’invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, M. Bekkat Berkani a conditionné l’efficacité de la lutte contre le cancer par deux principaux préalables.

En premier lieu, plaide-t-il, il faut arriver à une complémentarité des différents intervenants : le ministère de la Santé (rôle de diagnostic, de traitement et de prescription), le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale (support financier et restitution des prestations) et le ministère connexe de l’Industrie pharmaceutique (fourniture des médicaments et des traitements), pour essayer d’avoir une continuite des soins au bénéfice des malades.

« Ce n’est pas au malade de chercher le médicament et une solution à son problème pathologique, c’est la responsabilité de l’Etat, insiste-t-il.

Il faut également, enchaine M. Bekkat Berkani, revoir le barème de remboursement des prestations et des actes de santé. A l’appui, il cite l’exemple du remboursement de la prestation d’un médecin généraliste qui est encore fixée à 100 DA, « c’est totalement ridicule... Dailleurs, le malade ne s'en rend même pas compte », fait-il remarquer.

 « Il est temps de revoir le système de remboursement ». D’abord, considère-t-il, parce que les intervenants de santé se sont multipliés, en particulier les cliniques et cabinets privés, et ensuite et surtout les « barèmes de remboursement pratiqués actuellement sont totalement dépassés ».     

Selon le président de  l’Ordre national des médecins praticiens, « il y a eu des tentatives de conventionnement, mais elles ont vite échoué, car elles ne sont pas à la hauteur du marché ».

Pour prévenir d’autres échecs, M. Bekkat Berkani recommande de réactualiser la nomenclature des actes (médicaux). « La sécurité sociale avec ses partenaires : le ministère de la Santé et les organisations syndicales des médecins, en particulier les privés, doivent trouver un modus vivendi pour que le malade ne soit pas le dindon de la farce dans cette affaire », ajoutant que "les dépenses des ménages ne doivent pas être exagérément importantes, car il ne faut pas oublier que la médecine est gratuite et le malade doit être soigné par l’Etat algérien ».

Le médicament contre le cancer est un service public que l’Etat doit totalement prendre en charge, car il coûte très cher et il n’est pas à la portée du citoyen moyen.  « Si on s’amusait à faire jouer les remboursements de la sécurité sociale, cette dernière ne tiendrait pas financièrement une semaine », conclut M. Bekkat Berkani.