Des experts étrangers dans le domaine de l'énergie et du gaz, se sont accordés à affirmer, dans des déclarations que le 7e Sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), qui se tiendra en Algérie du 29 février au 2 mars, représente une opportunité idéale pour tracer la voie d'avenir pour l'industrie gazière mondiale, sur fond de circonstances géopolitiques exceptionnelles ayant un impact certain sur cette industrie stratégique.
A ce titre, le directeur exécutif de l'entreprise allemande spécialisée dans le transport international de gaz naturel «Gascade», Ulrich Benterbusch, a affirmé que ce Sommet est un «événement mondial important» et une plateforme «de communication idoine entre les pays exportateurs et importateurs de gaz, ainsi qu'une opportunité d'échanger les visions sur le développement des marchés gaziers».
L'expert allemand a estimé que le Sommet d'Alger constituera, en outre, l'occasion «de tracer la voie future de l'industrie gazière, notamment en matière de planification et de gestion du volume de production et d'exportation, et de débattre des défis majeurs du secteur».
Il a souligné que l'approvisionnement énergétique et les marchés du gaz sont actuellement soumis à plusieurs transformations, auxquelles les pays seront tenus de s'adapter et débattre lors du Sommet, ajoutant que l'accueil par l'Algérie de cet événement reflétait «son rôle important sur la scène énergétique et dans la sécurisation de l'approvisionnement de l'Europe, actuellement, en gaz, et en hydrogène vert à l'avenir».
De son coté, le directeur général adjoint de l'Institut national russe de l'énergie, Alexandre Frolov, a affirmé l'importance du Sommet qu'abritera Alger, estimant que les rencontres et autres réunions qui se dérouleront en marge de cet évènement seront l'occasion de «coordonner les efforts entre les pays membres du GECF, du fait que les accords et l'entente entre eux sont devenus plus que jamais importants», dans le contexte des tensions géopolitiques actuelles.
M. Frolov s'attend, ajoute-il, qu'une multitude de points soient abordés au cours du Sommet d'Alger, notamment celui de donner au Forum «un rôle plus important» sur la scène énergétique mondiale, y compris sur le marché du gaz, en plus d'étudier un certain nombre de projets communs entre les membres, notamment dans le continent africain, ou encore la hausse de la demande mondiale sur le gaz, affirmant que «le gaz naturel demeurera une des sources majeures d'énergie».
Abordant le rôle de l'Algérie sur le marché gazier mondial, M. Frolov a assuré que «l'importance de l'Algérie comme fournisseur de gaz pour l'Europe s'est remarquablement accrue durant les deux dernières années», soulignant que le Sommet du GECF d'Alger devrait plancher sur certains projets énergétiques communs, surtout en Afrique, notamment celui du gazoduc qui reliera le Nigeria et l'Algérie.
L'Algérie, pine dorsale de l'énergie à l'échelle mondiale
Pour sa part, l'expert énergétique égyptien, Dr. Sameh Noman, a expliqué que le futur Sommet est un événement mondial important, d'autant plus que les pays qui forment le Forum représentent environ 70% des réserves mondiales prouvées de gaz, plus de 40% de la production commercialisée et environ la moitié des exportations de gaz naturel liquéfié.
A cet égard, le Sommet d'Alger revêt, selon lui, une «grande importance», car il constituera, ajoute-il, «une plateforme pour renforcer la coopération internationale et discuter des défis énergétiques actuels ainsi que de l'avenir de l'industrie gazière».
Il a souligné que l'Algérie a un «rôle majeur et très important» sur le marché du gaz au niveau international, notant que cette importance s'est accrue dernièrement, tout en mettant en avant l'importance des gazoducs reliant l'Algérie à l'Espagne et à l'Italie.
L'expert égyptien a mis l'accent, également, sur l'importance de la «vision de l'Algérie sur le futur du secteur énergétique», qui se traduit, selon lui, par les investissements qu'elle a réalisés dans diverses sources d'énergie, comme l'hydrogène vert, ce qui fait d'elle «une plaque tournante et une épine dorsale de l'énergie à l'échelle mondiale».
De son coté, le conseiller en énergie, Khaled Al Awadhi, a assuré, que ce Sommet renforcera la position des pays exportateurs de gaz, soulignant que, compte tenu de la nécessité de contrôler les marchés du gaz, «le Forum pourrait se transformer en une organisation similaire à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et remplir les mêmes missions dans le domaine du gaz».
Il a, à son tour, estimé que l'Algérie, avec «son emplacement stratégique iportant, sa stabilité sécuritaire et ses ressources fossiles propres, qui se distinguent par leur haute qualité, en font un pays fiable, alors que sa loi sur les hydrocarbures, qui comprend plusieurs incitations importantes, en fait un pays qui encourage les investissements étrangers».
D'autre part, l'expert en énergie et conseiller éditorial de la plateforme spécialisée «Taqa», Dr. Anas bin Faisal Al-Hajji, a affirmé que le gaz «n'est plus un pont vers l'avenir, mais plutôt l'avenir en soi, après l'échec de nombreuses politiques en matière de changement climatique».
«A la lumière du changement énergétique actuel, le gaz est le seul carburant doté de caractéristiques qui en font le carburant préféré, d'autant plus que les énergies éolienne et solaire sont encore intermittentes et que les batteries de stockage sont coûteuses», a-t-il soutenu.
Il a souligné que, dans ces circonstances, l'importance de l'Algérie ne s'illustre pas seulement en sa qualité d'exportateur de gaz vers l'Europe via des gazoducs, mais aussi de «fournisseur stratégique» du Vieux continent, du fait que le gaz qu'elle exporte vers cette partie du monde ne transite pas via les détroits d'eau, a-t-il ajouté.