John Bolton: la question sahraouie, l'une des plus grandes injustices non encore levées

John Bolton
30/06/2025 - 07:16

La question du Sahara occidental reste l'une des plus grandes injustices non encore levées, en dépit de la clarté du droit international sur ce dossier et des résolutions du Conseil de sécurité appelant au respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, soutient John Bolton, ancien diplomate et ex-conseiller à la sécurité nationale américaine.

Lors d'un entretien accordé au site espagnol «Otralectura», Bolton a relevé que la situation dans les territoires sahraouis n'avait pas progressé à cause de «l'obstination» du Maroc et de son refus d'autoriser la tenue d'un référendum d'autodétermination «libre» et «honnête».

Il a précisé que depuis l'annonce du cessez-le-feu en 1991 et la mise en place de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO), il y a eu un accord de principe sur la tenue d'un référendum basé sur le recensement de la population, effectué par l'Espagne en 1974.

«En dépit de la simplicité de cette procédure sur le plan technique, le Maroc a fait en sorte d'entraver l'opération à plusieurs reprises, car il redoutait que les résultats du référendum ne servent pas ses ambitions expansionnistes», a-t-il souligné.

L'ancien diplomate, qui a rappelé l'urgence de l'engagement de la communauté internationale en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, a critiqué avec virulence l'attitude de Rabat qui «tente de gagner du temps et de changer la composante démographique dans les territoires sahraouis occupés à travers le transfert de populations marocaines vers ces territoires».

M. Bolton s'est attardé, en outre, sur la problématique à la fois juridique et morale liée au dossier sahraoui, assurant que la souveraineté réelle ne peut être imposée par la force et l'annexion brutale, mais puise plutôt sa légitimité dans la volonté populaire libre.

Il a attiré l'attention, d'autre part, sur les campagnes de désinformation menées par le Maroc et certains de ses alliés dans le but de ternir l'image du Front Polisario, précisant que les tentatives visant à associer le Front aux groupes terroristes et extrémistes ne sont qu'une «propagande désespérée sans preuves tangibles» et qui contredit ce qu'il a vu personnellement depuis sa première visite dans les camps de réfugiés sahraouis, il y a plus trente ans.

John Bolton note, par ailleurs, que Rabat n'a pas hésité à utiliser des lobbies pour faire pression dans un certain nombre de capitales européennes et américaines afin d'imposer sa vision sur la question sahraouie et de faire la promotion de son prétendu «plan d'autonomie» en espérant le substituer au référendum d'autodétermination.

Cette propagande dévoile, relève-t-il, une crainte réelle face à la volonté inébranlable des Sahraouis.

Sur un autre plan, l'ancien diplomate américain a évoqué l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc, à travers l'établissement d'accords de pêche couvrant les eaux sahraouies avec des sociétés étrangères, mais aussi des accords facilitant le pillage du phosphate sahraoui.

Il a tenu à signaler que tous les accords qui concernent les ressources des territoires sahraouis étaient illégaux, du point de vue du droit international, tant que le statut du Sahara occidental n'a pas été définitivement réglé.

M. Bolton a affirmé, enfin, que la seule solution juste et durable au dossier sahraoui passe par l'application des résolutions de l'ONU, à travers, notamment, la tenue d'un référendum sur l'autodétermination, sous l'égide des Nations unies.

Il a invité, à cet effet, la communauté internationale à cesser de détourner le regard devant cette tragédie et à mettre en application ses engagements moraux et légaux afin que le peuple sahraoui puisse jouir de ses droits à la liberté et à l'indépendance.

APS

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