Mahmoud Ali Youssouf: le dispositif A3+ est le noyau du multilatéralisme africain

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01/12/2025 - 16:39

Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Mahmoud Ali Youssouf, a affirmé, ce lundi à Alger, que le dispositif A3+ au Conseil de sécurité représentait bien plus qu'un mécanisme de coordination, car il constitue «le noyau du multilatéralisme africain» et un «pont unique» entre l'ordre international et l'architecture continentale.

Dans son intervention lors des travaux de la 12e session du Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique «Processus d'Oran», Mahmoud Ali Youssouf a relevé que l'affaiblissement du consensus fondateur de l'ONU confère au groupe

A3+, actuellement composé de l'Algérie, la Somalie, la Sierra Leone + le Guyana, le rôle de «trait d'union indispensable» au milieu des rivalités entre puissances mondiales, permettant ainsi de préserver l'esprit du multilatéralisme, de défendre les principes de la Charte des Nations unies et d'éviter la marginalisation de la voix africaine dans les débats internationaux.

Il a mis l'accent à cet effet sur la nécessité de renforcer la coordination entre l'UA et l'ONU, estimant que «l'unité de position n'est pas un choix politique, mais un impératif stratégique».

«Lorsque l'Afrique parle d'une seule voix, elle influence les décisions, lorsqu'elle se divise, elle disparaît», a-t-il souligné. Evoquant les priorités actuelles, le président de la Commission de l'UA a rappelé l'importance de la résolution 27/19, qualifiée d'outil essentiel pour rendre le partenariat UA-ONU en matière de paix et de sécurité «plus prévisible, plus cohérent et mieux structuré».

Sur le plan sécuritaire, il a dénoncé la résurgence du terrorisme, du Sahel à la Corne de l'Afrique, du bassin du Lac Tchad au Mozambique, appelant, le Conseil de sécurité à assumer pleinement ses responsabilités en matière de lutte contre les menaces transnationales, notamment par le renforcement des mécanismes de prévention et la consolidation des institutions régionales.

Il a également fustigé la multiplication des ingérences extérieures qui entravent la résolution des crises africaines, réaffirmant que les solutions aux problèmes du continent «demeureront africaines», dans le respect de la souveraineté des Etats et du droit international.

Il a plaidé, en outre, pour la protection de l'Afrique contre les restrictions budgétaires qui menacent les missions de paix, les programmes de développement ainsi que la justice climatique, lesquels «doivent rester au cœur des priorités internationales».

Mahmoud Ali Youssouf est également revenu sur les initiatives diplomatiques menées récemment pour porter la voix du continent, citant notamment la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) en août, le G20, ainsi que le 7e Sommet UA-UE tenu à Luanda.

Il a réitéré le soutien de la Commission de l'UA aux efforts des Etats membres, annonçant que la mission de l'UA à New York sera renforcée.

Il a insisté, par la même occasion, sur la nécessité d'une justice réparatrice pour les crimes liés à l'esclavage et à la colonisation, rappelant que la réforme du Conseil de sécurité, incluant deux sièges permanents africains avec droit de veto et cinq sièges non permanents, fait partie intégrante de cette réparation historique.

Selon lui, cette rencontre de haut niveau offre à l'Afrique une occasion de réaffirmer sa solidarité et sa détermination à promouvoir davantage sa sécurité ainsi que ses intérêts géo-économiques et stratégiques.

APS

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APS