L'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura se rend samedi aux camps des réfugiés sahraouis à Tindouf/Rabouni, deuxième halte de sa première visite dans la région depuis sa nomination en novembre dernier.
M. de Mistura qui a entamé officiellement jeudi sa tournée à Rabat, une des deux parties du conflit, arrivera samedi (demain) aux camps des réfugiés sahraouis où il devra rencontrer les dirigeants sahraouis dont Brahim Ghali, président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, le représentant unique et légitime du peuple sahraoui.
La mission de l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental demeure très difficile et parsemée de défis au regard des manœuvres marocaines visant à entraver toute solution à la dernière colonie d'Afrique et à accorder aux Sahraouis leur droit à autodétermination.
Après une quête qui a duré deux ans d'un Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental et la proposition aux deux parties du conflit de plusieurs personnalités pour occuper ce poste, le diplomate chevronné Staffan de Mistura a eu l'aval des deux parties. Néanmoins, ce dernier fera face aux manœuvres du Makhzen visant à perturber son travail.
Le Makhzen s'était opposé au début à la nomination de Staffan de Mistura en mai 2021 avant de se raviser par la suite sous pression.
A l'image de ses prédécesseurs Staffan de Mistura fera face à plusieurs obstacles dans sa mission qui serait vouée à l'échec s'il ne changeait pas la méthode suivie auparavant, a souligné l'ambassadeur sahraoui à Alger, Abdelkader Omar Taleb qui a insisté sur l'impératif d'adopter une nouvelle approche basée sur une solution politique pourvoyant à la tenue du référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui.
Autre difficulté à laquelle devrait se heurter Staffan de Mistura, le contexte prévalant dans la région marqué par une reprise de la guerre suite à l'effondrement le 13 novembre 2020 de l'accord de cessez-le-feu après l'agression marocaine sur des civils sahraouis dans la zone tampon d'El-Guergarat.
Pis encore, le Maroc qui ne s’est pas contenté de la violation du processus de paix parrainé par les Nations Unies au Sahara occidental depuis 1991, a intensifié ses violations des droits de l'homme dans les villes sahraouies occupées.
Dans ce sens, le représentant du Front Polisario auprès des Nations Unies et coordinateur avec la MINURSO, Sidi Mohamed Amar avait indiqué dans une déclaration à l'APS que "l'Envoyé personnel doit traiter les retombées de l'agression marocaine en novembre 2020 pour une éventuelle activation du processus de paix".
L'autre défi de la mission de De Mistura consiste en "la position de l'Etat d'occupation qui ne dispose d'aucune volonté politique pour parvenir à une solution pacifique et permanente au conflit", a-t-il dit, soulignant que suite au refus du régime du Makhzen du plan de règlement conjoint entre les Nations unies et l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) de 1990-1991 et les accords de Houston de 1997, l'Etat d'occupation poursuit toujours ses tentatives visant la légalisation de l'occupation imposée par la force dans les territoires sahraouis occupés.
Il s'agit aussi de "l'inaction du Conseil de sécurité onusien en raison de l'influence de certains de ses membres actifs vis-à-vis des pratiques de l'Etat d'occupation pour entraver le processus de paix", a affirmé le diplomate sahraoui.
Aussi, Rabat insiste à impliquer l'Algérie comme partie prenante dans un processus qui ne concerne que les deux parties au conflit (le Polisario et le Maroc), tout en s’attachant à "l'autonomie" sous "souveraineté" du makhzen, jugée par le Polisario non conforme à la légalité internationale.
Après plus de 40 ans d’expérience en matière des affaires politiques et diplomatiques, De Mistura vient succéder l'ancien président allemand Horst Kohler qui a démissionné en mai 2019, après avoir relancé les pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario, qui n’ont conduit à aucun résultat tangible en raison du Maroc.