Espionnage par le Maroc via Pegasus : le Parlement européen demande à l'Espagne une enquête «complète et efficace»

Le projet Pegasus court toujours
21/01/2024 - 15:05

Le Parlement européen (PE) a réitéré sa demande à l'Espagne de mener une enquête «complète et efficace» sur l'utilisation du logiciel d'espionnage Pegasus contre des membres du gouvernement, dont le Premier ministre Pedro Sanchez, un scandale dans lequel le régime du Makhzen marocain est fortement impliqué, rapportent des médias.

Le PE appelle l'Espagne à «suivre les recommandations approuvées en juin dernier» qui insistaient sur une «enquête complète, équitable et efficace», qui clarifie tous les cas d'espionnage présumé avec Pegasus (appartenant à la société sioniste NSO), y compris les 47 cas liés au mouvement indépendantiste catalan, en plus de celui subi par Sanchez et d'autres membres du gouvernement au sujet duquel il a été confirmé qu'il existe des «indications claires» de l'implication du Maroc.

De plus, les eurodéputés réitèrent leur inquiétude quant à l'utilisation de logiciels espions et soulignent que «cette industrie doit être strictement réglementée». Ce message est inclus dans le rapport sur la situation des droits fondamentaux dans l'Union européenne (UE), approuvé par 391 voix pour, 130 contre et 20 abstentions.

Les recommandations approuvées l'année dernière demandaient la coopération des autorités espagnoles pour résoudre le cas d'espionnage présumé du mouvement indépendantiste au cours du processus et de l'attaque contre les appareils mobiles de Sanchez.

Concernant le cadre réglementaire de ces programmes d'espionnage, le Parlement européen a indiqué que l'Espagne se conforme aux exigences établies par les traités de l'UE, mais a souligné qu'elle attendait la réforme du cadre juridique du CNI (Centro Nacional de Inteligencia : Centre national espagnol d'intelligence) annoncée par le gouvernement, en pleine controverse sur l'espionnage contre les dirigeants politiques catalans.

Mise en place au mois de mars dernier, la commission d’enquête du PE a rendu ses conclusions en juin dernier. Elle confirme l’implication du Makhzen marocain dans l’espionnage et le piratage des téléphones mobiles de Pedro Sanchez, de la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, et du ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska.

Le rapport, qui a été approuvé par 30 voix pour, 3 contre et 4 abstentions, confirme que des données ont été extraites des téléphones portables le 19 mai 2021, soit au plus haut de la crise diplomatique entre Madrid et Rabat autour de la question du Sahara occidental. Ce qui confirme encore les soupçons concernant un chantage qu’aurait pu opérer le régime marocain sur le gouvernement espagnol sur cette question.

Le sujet des logiciels espions privés a surgi sur le devant de la scène en particulier à la suite des révélations en cascade autour du logiciel Pegasus, exporté par la société sioniste NSO.

En juillet 2021, une enquête coordonnée de plusieurs médias avait révélé une liste de plus de 50.000 noms d'individus susceptibles d'avoir été surveillés via Pegasus, notamment par le Maroc, l'un des pays ayant eu le plus recours à ce logiciel.

Ces allégations ont déclenché des scandales et parfois des procédures judiciaires dans plusieurs pays, dont la création au Parlement européen d'une commission d'enquête spéciale.

 APS