L'expert en énergie, Mehmah Bouziane, a affirmé que le gaz naturel reste «le passage fluide et sûr» vers les énergies renouvelables dans la structure énergétique mondiale, relevant le rôle de l'Algérie en tant que pays «pionnier» dans l'ingénierie d'un modèle national de transition énergétique basé sur le gaz naturel.
Face aux situations et aux bouleversements géopolitiques et économiques mondiaux actuels, notamment aux effets de la pandémie de la Covid-19 puis à la crise en Ukraine, qui ont eu un impact important sur les marchés énergétiques internationaux, le gaz naturel «s'impose comme le passage fluide et sûr vers l'intégration des énergies renouvelables, propres et neutres en carbone dans la structure énergétique mondiale», a précisé l'expert dans un entretien accordé à l'APS, soulignant que le renforcement de l'industrie du gaz naturel est en soi une consolidation des processus de transition énergétique à travers le monde.
Après avoir rappelé la place de l'Algérie comme un des plus importants exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le monde, devenant en 2023 le premier pays africain exportateur de GNL, et l'un des plus importants fournisseurs de gaz naturel à l'Europe via gazoducs, M. Mehmah a estimé que l'Algérie se positionne, de ce fait, «comme un pays pionnier dans l'ingénierie d'un modèle national de transition énergétique dirigé par le gaz naturel».
A titre d'exemple, il a cité la création par l'Algérie de la centrale hybride de Hassi R'mel (gaz/énergie solaire), considérée par les experts et les organismes internationaux spécialisés en énergie comme «un modèle pionnier» en matière de mix énergétique propre, ce qui met en évidence, encore une fois, la nécessité de s'appuyer sur le gaz naturel pour passer à un système énergétique à faible émission de carbone.
L'Institut de recherches sur le gaz: une référence dans le monde
Interrogé sur le rôle de l'Institut de recherche sur le gaz (IRG) relevant du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), dont le siège sera inauguré à Alger en marge des travaux du 7ème Sommet du GECF, prévu à Alger du 29 février au 2 mars prochain, l'expert en énergie a affirmé que cet institut constitue un outil de recherche scientifique pour l'échange de connaissances et de technologies de haut niveau et de haute valeur.
L'expert a précisé que cet organisme représentera «une référence internationale d'appui à l'industrie gazière, ainsi qu'un lieu de rencontre des chercheurs venus de tout horizon». Aussi, l'institut devrait prendre en charge plusieurs sujets centraux en lien avec le domaine de l'industrie gazière, et notamment le défi climatique qui s'érige face à cette industrie florissante et prometteuse.
L'institut présentera son premier projet autour du sujet du gaz combustible, indique l'expert qui a évoqué dans le même contexte que la relance du projet du barrage vert sur une superficie de 4,7 million d'hectares, ainsi que le programme du groupe Sonatrach pour l'élimination des émissions issues de ses activités, avec comme objectif la réduction des émissions de méthane à 1% vers 2030, traduit l'intérêt qu'accorde l'Algérie au défi écologique de l'industrie gazière.
Au sujet de l'importance du Sommet d'Alger, M. Mehmah a précisé qu'il permettra d'aborder une série de défis qui se posent aux pays membres du forum, principalement ceux en lien avec l'importance de la consolidation des investissements futurs dans la chaine industrielle gazière, et la prise en charge des aspects climatiques et écologiques permettant d'atteindre les objectifs stratégiques tracés par le forum d'ici à 2050.
Par ailleurs, «la nécessité de sortir l'industrie gazière du cycle des fluctuations des prix vers un cycle plus stable» figure parmi les défis majeurs que le Forum qui détient 70% des réserves en gaz naturel mondial est appelé à relever, ajoute M. Mehmah, citant, entre autres défis, l'actualisation du document de travail régissant l'activité du forum de manière à consolider la sécurité énergétique durable, ainsi que l'importance des contacts à long terme pour l'exportation du gaz naturel.
Toujours à ce même propos, M. Mehmah ajoute que les pays membres «sont conscients que la pression exercée par les pays importateurs et consommateurs d'énergie sur le marché du gaz, à la recherche d'un +gaz à bas prix+, en poussant les pays producteurs et exportateurs à se diriger vers les marchés spot, est un +piège fatal+ pour tous, car l'abandon des contrats d'exportation de gaz à long et à moyen termes sera un facteur générateur d'+opacité+ en termes d'offre et de demande».
L'expert a rappelé que l'Algérie qui a toujours défendu les contrats à court et moyens termes, a affiché avant la tenue de ce sommet «des message forts» allant dans ce sens. Une politique incarnée notamment par les contrats signés par Sonatrach avec de nouveaux clients, notamment celui s'étendant sur 10 ans de la compagne «Grain LNG» pour l'approvisionnement de la Grande Bretagne en gaz algérien, ainsi qu'un deuxième contrat conclu avec la compagnie «FNG» pour l'approvisionnement futur de l'Allemagne «sur la base contrat d'un contrat à moyen terme».
L'expert a, en outre, rappelé «la haute crédibilité» dont jouit l'Algérie sur la scène énergétique mondiale, grâce aux ressources importantes dont elle dispose, mais aussi pour sa renommée en matière de respect de ses obligations contractuelles, ainsi que son expérience considérable en la matière, indiquant que la production algérienne en gaz en 2022 «a pu être réalisé à raison de 83% grâce aux efforts propres de Sonatrach», ce qui «prouve avec clarté, que l'Algérie détient de hautes qualifications l'habilitant à jouer des rôles avancés en matière de partage d'expertises au sein du Forum».