Le représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies, M. Amar Bendjama, a souligné, au nom des membres du groupe A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyane), l'importance d'une solution politique au conflit au Soudan pour répondre à la crise humanitaire qui sévit dans ce pays où 18 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë.
«Près d'un an s'est écoulé depuis que la crise a éclaté au Soudan, tuant de nombreux innocents et déplaçant de force des milliers de personnes, provoquant des déplacements massifs tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières du Soudan», a dit M. Bendjama dans une Déclaration commune de l'A3+ sur la Note blanche présentée mercredi par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) sur les «Risques pour la sécurité alimentaire au Soudan», lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à ce sujet.
«Comme décrit dans la Note blanche présentée par OCHA, et conformément à la résolution 2417, la situation est effroyable et requiert toute notre attention», a déclaré l'ambassadeur avant d'ajouter : «Il est extrêmement préoccupant que 18 millions de personnes au Soudan soient confrontées à une insécurité alimentaire aiguë».
En outre, près de neuf (09) personnes sur dix (10), confrontées à une insécurité alimentaire d'urgence au Soudan, se trouvent dans des zones touchées par le conflit au Darfour, au Kordofan, à Khartoum et à Al Jazirah, s'est-il alarmé.
«Cette réalité souligne l’importance d’une solution politique pour répondre durablement à la crise humanitaire. Les protagonistes doivent donc clairement s’engager en faveur d’un cessez-le-feu, première étape cruciale vers une solution politique», a souligné M. Bendjama.
Et de poursuivre dans ce même contexte : «l'adoption de la résolution 2724 le 8 mars appelant à un cessez-le-feu pendant le mois sacré du Ramadhan a suscité de nombreux espoirs. Il reste cependant beaucoup à faire pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution».
A cet égard, a tenu à préciser le diplomate, «nous attendons avec impatience la tenue du prochain cycle du processus de Djeddah et la prochaine conférence humanitaire à Paris, tout en exprimant notre optimisme quant au fait que les deux parties pourront obtenir des engagements concrets de la part des parties soudanaises».
Pour le groupe A3+, «un processus politique global, qui tienne compte de toutes les préoccupations et de tous les points de vue, nécessite un soutien large et sincère de la part de la communauté internationale».
Ainsi, a-t-il prévenu, «les ingérences extérieures qui alimentent la crise et entravent les efforts de paix doivent être publiquement et fermement condamnées».
Revenant sur la situation humanitaire prévalant au Soudan, le représentant permanent de l'Algérie à l'ONU a dit : «Si nous avions la capacité d’inverser le cours du temps, il aurait été inimaginable pour un pays comme le Soudan, grenier connu pour ses ressources abondantes et ses traditions agricoles, d’être confronté à de graves risques d’insécurité alimentaire».
«Malheureusement, la guerre a conduit à une réalité différente et triste», a-t-il déploré soulignant qu'«il est encore plus préoccupant de contempler les chiffres décrivant l’impact direct de la détérioration rapide de la situation humanitaire sur les enfants».
A cet effet, M. Bendjama a jugé «crucial de garantir un accès sans restriction à l’aide humanitaire et à son acheminement pour atteindre les zones touchées».
A cet égard, «la décision du gouvernement soudanais de faciliter l’accès humanitaire, via plusieurs points frontaliers, notamment par voie aérienne, est louable et nécessite une mise en œuvre rapide pour relever les défis urgents», a-t-il enchainé.
Et en termes de financement, «il est urgent d’intensifier le soutien, d'élaborer un plan de réponse humanitaire global, d’éliminer le risque d’insécurité alimentaire généralisée, de restaurer les systèmes alimentaires et, à terme, de lancer la reconstruction du pays», a préconisé l'Ambassadeur.
M. Bendjama a tenu aussi à préciser, au nom des membres du groupe A3+, que la confrontation armée au Soudan «a perturbé les systèmes alimentaires du pays et entraîné la destruction d’infrastructures critiques, entraînant ainsi un ralentissement de son économie».
Face à cette situation, «nous appelons les donateurs internationaux à redoubler d’efforts pour améliorer la situation humanitaire et à aider le Soudan à s’engager sur la voie de la stabilité, d’une paix durable et de la reconstruction après la crise», a-t-il souligné.
«La situation au Soudan n'est pas moins importante que n'importe quel autre dossier à l'ordre du jour de ce Conseil. Nous devons rester concentrés sur les meilleurs moyens de désamorcer les tensions, en coordination avec les autorités soudanaises. Le peuple soudanais innocent mérite dignité, protection et un avenir meilleur», a conclu Amar Bendjama.