Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, M. Ahmed Attaf, a annoncé, hier mardi à Alger, l'examen, dès mercredi, des mécanismes à même de permettre à l'ONU de suivre la mise en œuvre de ce qui a été décidé au Conseil de sécurité, à l'initiative de l'Algérie, qui a dirigé le groupe des dix membres élus (E10), en faveur d'un cessez-le-feu immédiat, durable et inconditionnel à Ghaza.
S'exprimant lors d'une conférence de presse au siège du ministère, M. Attaf a précisé que des réunions seront organisées, dès ce mercredi, pour «proposer des formules et des mécanismes à même de permettre à l'ONU de suivre la mise en œuvre de ce qui a été décidé au Conseil de sécurité et notamment de veiller à ce que l'occupation israélienne respecte les obligations et engagements qui lui incombent et se conforme aux mesures et décisions prises par la Communauté internationale».
Dans cette perspective, M. Attaf a expliqué que «les prochaines étapes seront axées essentiellement sur le suivi de la mise en œuvre de cette résolution et les efforts pour une cessation immédiate de l'agression israélienne contre la bande de Ghaza, ainsi que sur la garantie de l'acheminement inconditionnel et sans restrictions des aides humanitaires destinées au peuple palestinien», soulignant que «sur la base de ces acquis, à leur tête la résolution adoptée, hier, par le Conseil de sécurité, l'Algérie poursuivra ses efforts dans ce cadre conformément aux priorités définies précisément et clairement par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune».
Répondant à une question sur le caractère contraignant ou non de la résolution du Conseil de sécurité, M. Attaf a soutenu qu’»au regard du droit international, les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes, quelles que soient les circonstances et les chimères des parties concernées», précisant que «dès demain, le Conseil de sécurité examinera les mécanismes de mise en œuvre».
«Si la résolution n'était pas contraignante, la réaction israélienne n'aurait pas été celle qu’on a vu hier, avec cette hystérie et cette furie à l’endroit de son allié», a-t-il dit.
Le ministre a qualifié la résolution d'historique, parce qu'elle fait cesser le feu, mais aussi au regard de ceux qui ont veillé à son élaboration et à son adoption, à savoir les dix membres élus (E10) des quatre continents, unanimes autour de ce texte présenté à l'initiative de l'Algérie il y a plus de trois semaines».
M. Attaf a en outre indiqué que «le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a défini des priorités qui ont présidé aux efforts de la diplomatie algérienne en faveur de la cause palestinienne, lors des trois premiers mois du mandat de l’Algérie au Conseil de sécurité, des priorités reposant sur trois axes principaux : l’intensification des consultations autour de la question palestinienne au sein du Conseil de sécurité, le renforcement de la dynamique diplomatique en faveur de la cause palestinienne en dehors du Conseil de sécurité, notamment au sein des organisations internationales et régionales dont l'Algérie est membre, et enfin, la proposition de projets de résolution sur la question palestinienne».
Le ministre des Affaires étrangères a, dans ce contexte, réaffirmé «la souveraineté de l'Algérie dans ses décisions et ses choix et sa fidélité à sa doctrine diplomatique attachée à la défense des cause justes en toutes circonstances», ajoutant que «l’Algérie s’impose comme une force de proposition et d'initiative au Conseil de sécurité, d’autant que sa politique de non-alignement lui confère une grande flexibilité et lui permet d'être un trait d'union entre différents acteurs internationaux».
A ce propos, M. Attaf a révélé la tenue, le 17 avril prochain, d’une rencontre ministérielle au Conseil de sécurité sur la question de l'adhésion de l'Etat de Palestine aux Nations Unies, affirmant que «la perception de la question palestinienne par la communauté internationale a évolué et le dossier de la reconnaissance de l'Etat palestinien est désormais un sujet ouvert au sein de l'Union européenne».
Concernant la gouvernance transitoire de Ghaza, qui a été récemment soulevée, M. Attaf a précisé que «de nombreuses initiatives se sont évertuées à formuler des cadres de gouvernance transitoire de Ghaza, certaines sont sérieuses, d'autres pas». «En tant qu'Algériens, nous estimons qu'elle devrait s'inscrire dans un cadre plus large pour l’établissement de l'Etat palestinien».
Le dossier du Sahara occidental n'est clos que dans les illusions du Maroc
Le ministre des Affaires étrangères a, par ailleurs, abordé d’autres dossiers, dont celui du Sahara occidental. A une question sur les violations constantes de la souveraineté du Sahara occidental par le régime marocain, le ministre des Affaires étrangères a dit que «ce n’est pas nouveau, mais le dossier général, sérieux et fondamental est entre les mains du Comité des Vingt-Quatre, qui considère que le Sahara occidental est toujours un territoire à décoloniser».
«Le Conseil de sécurité se réunira le mois prochain pour examiner le dossier. La question du Sahara occidental reste inscrite et la MINURSO est toujours présente au Sahara occidental. Par conséquent, le dossier n'est clos que dans les illusions du Maroc. Dans les faits, il reste bel et bien ouvert et les données accablantes demeurent entre les mains des Nations Unies», a-t-il fait valoir.
Concernant la situation au Sahel après l’annonce par le Gouvernement malien de son retrait de l’accord d’Alger, le ministre a indiqué que «le Mali a fait un pas supplémentaire, à savoir l’organisation de la réconciliation nationale dans un cadre inter-malien, avec la mise en place d’un comité chargé de superviser la réconciliation nationale et de gérer et de traiter le dossier».
Cela étant, «nous demeurons convaincus que l’Accord d’Alger reste le cadre idoine pour garantir l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté du Mali, car il rassemble toutes les parties», a-t-il poursuivi, constatant avec regret que «le dialogue organisé par les autorités maliennes n’est pas un dialogue inclusif mais plutôt d’exclusion».
Concernant la médiation algérienne au Niger, M. Attaf a fait savoir que «l’Algérie a proposé un compromis, la médiation algérienne étant la quatrième du genre, comme c’était le cas au Mali», rappelant que «L’Algérie, ces 30 dernières années, n’est intervenue qu’après que le Niger et le Mali ont sollicité sa médiation suite à des guerres civiles ou à des coups d’Etat».
Et de souligner que «la situation au Sahel est instable avec la multiplication des interventions étrangères dans la région, ce qui complique les perspectives d’action future pour trouver des solutions à ces crises». «Mais nous estimons que la sécurité et la stabilité du Sahel font partie de notre sécurité et de notre stabilité. Il nous est impossible de renoncer à notre devoir ou de minimiser l’importance des défis qui se posent à nous dans la région, et nous sommes disposés à nous tenir aux côtés de nos frères dans la région pour relever ces défis communs».