Les participants à une conférence, organisée mercredi au Musée du Moudjahid d’Oran sur l’attaque de la Grande poste d’Oran, ont affirmé que cette action, menée par l’Organisation spéciale (OS) en 1949, avait révélé le génie des dirigeants de cette organisation paramilitaire nationaliste dans la planification et l'exécution des actions militaires.
L’enseignant universitaire, Hamid Aït Habbouche a affirmé, lors de cette rencontre organisée par le Laboratoire des études maghrébines de l’Université d’Oran 1 «Ahmed Ben Bella», en coordination avec l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) et le Musée du moudjahid, à l’occasion du 75 ème anniversaire de cet événement, que «l’attaque de la poste d’Oran, qui s’est soldée par la récupération de plus de 3 millions de francs français, était un modèle dans la planification et l’exécution des opérations militaires et a révélé le génie des (futurs) dirigeants de la Révolution».
Il a ajouté que les responsables de l’Organisation spéciale, à leur tête Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Souidani Boudjemâa et Belhadj Bouchaïb, avaient entamé la préparation de cette action spectaculaire, pendant plusieurs mois, sur la base de renseignements fournis par le militant Djelloul Nemmiche, dit «Bakhti», qui avait proposé aux responsables de l’OS deux plans: le premier consistait à mener une attaque contre le train Oran-Bechar dans lequel, chaque mois, d’importants fonds issus de la collectes des impôts étaient transportés, alors que le deuxième plan consistait à attaquer la Grande poste, qui accueillait, chaque début de mois, des sommes conséquentes d’argent.
Le conférencier a précisé que la choix de l'attaque de la Grande poste d'Oran a été adopté par les militants en raison des facilités de son exécution.
Il a évoqué, d’autre part, certains détails en lien avec cette action, dont le «butin» allait servir pour l'acquisition des armes en prévision du déclenchement de la Guerre de libération nationale.
L'universitaire Aït Habouche a notamment affirmé que les organisateurs de l’attaque avaient opéré en exécutant un plan minutieusement étudié, citant, à ce titre, la préparation de planques pour abriter les auteurs et de leur éviter de se faire arrêter, les caches pour mettre à l’abri le «butin» avant son «transfert» dans des endroits sûrs, ainsi que l’utilisation du véhicule d’un médecin avec le caducée, une «ruse», a-t-il dit, qui a permis d’éloigner les suspicions.
De son côté, le président de l’Association «Mâathir thawra», Ahmed Djaaouat, a souligné que l’attaque de la Poste d’Oran en 1949 a été «un tournant décisif» dans la préparation de la Révolution du 1er novembre 1954, sachant que l’argent récupéré, plus exactement 3,178 millions de francs français, ont permis d’acquérir à partir de la Libye, pas moins de 700 pièces d’armement, qui ont été affectées par la suite pour armer les premiers contingents de le glorieuse Armée de libération nationale (ALN).
Pour sa part, Mohamed Bendjebbour de l’Université d’Oran 1 a affirmé que la réussite de ce haut fait d’armes est due essentiellement aux précieux renseignements fournis par le défunt Moudjahid Bakhti Nemmiche aux responsables de l’OS en sa qualité d’employé de la poste, ce qui a permis à ces derniers de mener leur opération en un temps record et de regagner Alger avec l’argent récupéré, en se faisant aider par le Moudjahid Mohamed Khider, qui à l’époque était membre de l’Assemblée nationale française au nom du PPA-MTLD, et qui, grâce à l’immunité parlementaire avait pu acheminer les fonds sans se faire inquiéter.
Selon le directeur du Musée du Moudjahid d’Oran, Mokhtar Seddiki, les auteurs ayant pris part à l’attaque de la Grande poste de la capitale de l’Ouest, le 5 avril 1949, sont Hocine Aït Ahmed, qui était alors le chef de l’OS, Ahmed Benbella, responsable de la même organisation pour la région Ouest, ainsi que d’autres Moudjahidine, dont Souidani Boudjemâa, Hamou Boutlelis, Belhadj Bouchaïb, Hadj Benalla, Mohamed Khider, Benaoum Benzerga et Bakhti Nemmiche.
APS