Les jalons de la transformation digitale sont posés en Algérie, et la stratégie de numérisation des différentes administrations et services publics sera bientôt dévoilée. Toutefois, pour garantir la réussite de cette évolution, il est impératif de préparer le terrain et de faire preuve de rapidité, car chaque jour compte dans ce domaine en constante évolution.
Aller vers le tout numérique est devenu indispensable, dans un monde qui ne jure plus que par l’intelligence artificielle. L’Algérie a bien compris cela et souhaite exister dans l’environnement numérique mondial tout en préservant sa souveraineté dans ce domaine.
Bien que les choses avancent dans le bon sens pour réussir cette transformation, avec, entre autres, la création en 2023 du Haut-commissariat à la numérisation ou bien la présentation la première Stratégie nationale de l'intelligence artificielle, le 7 décembre dernier, beaucoup de choses restent à faire, notamment, en ce qui concerne les coûts et la lenteur administrative qui freinent la numérisation en Algérie, estime Djalal Bouabdallah, expert en transformation digitale et cybersécurité.
« Il faut accélérer la cadence »
Dernier invité de la semaine de l’émission « L’invité du jour » sur la Chaîne 3 de la Radio algérienne, M. Bouabdallah a indiqué, ce jeudi, que l’ensemble des acteurs du secteur numérique en Algérie attendent la divulgation de la stratégie nationale de numérisation « pour avoir une idée sur les chantiers prioritaires et ainsi travailler en conséquence ».
Tout en énumérant et saluant les chantiers déjà entamés, comme l’interconnexion des Domaines via le réseau intranet, l’intervenant considère toutefois que les progrès ne sont pas assez rapides.
« Je pense qu’il faut accélérer la cadence, car la technologie n’attend pas. Plusieurs pays dans le monde sont en train de mettre en place des stratégies et, surtout, d’aller carrément vers l’opérationnel », a informé M. Bouabdallah.
Invité à évaluer le taux d’avancement de la transformation numérique, l'invité de la Chaîne 3 a d’abord rappelé que cette transformation doit passer par trois étapes essentielles : la numérisation, qui consiste en le passage de l’analogique au numérique ; ensuite, la digitalisation, qui se caractérise par l’intégration des technologies pour exploiter les données numériques acquises ; et enfin, la transformation numérique, qui résulte de l’effet combiné de plusieurs digitalisations.
« Aujourd’hui, nous sommes encore au stade de la numérisation dans certains domaines, et dans d’autres, nous avons commencé à digitaliser certains processus », a indiqué M. Bouabdallah, avant d'ajouter que cette transformation nécessitera trois composantes clés : la technologie et les infrastructures, la culture d’innovation et l’optimisation des processus.
Accélérer la cadence et revoir les coûts
Revenant sur les difficultés rencontrées par les professionnels du secteur, l’orateur a regretté, à titre d'exemple, les lenteurs administratives liées à l’acquisition des autorisations d’importation des équipements informatiques (réseaux, cybersécurité, logiciels, etc.) ou encore des droits de douane.
« Parfois, il faut attendre entre six mois et un an pour obtenir l’autorisation d’importer un produit, qui, lors de son acquisition, ne sera plus à jour », a déploré l'expert en transformation digitale.
Pour M. Bouabdallah, la réglementation « doit être beaucoup plus agile, elle doit épouser la réalité du terrain et jouer le rôle de catalyseur de l’innovation ». Il plaide également pour une réadaptation des prix de la connexion à Internet pour les professionnels, afin de permettre aux Clouders d'exercer en Algérie.
« Si nous n’avons pas de Clouders, nous n’aurons pas de personnes pour héberger. Alors, comment voulez-vous que les gens choisissent un fournisseur algérien ? Ils vont choisir un fournisseur étranger. Là, nous perdrons cette fameuse souveraineté numérique, chère à nous, et que nous souhaitons mettre en place », a averti l’expert en cybersécurité.
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