Grève massive en France : Mélenchon et la CGT chargent Retailleau

Grève Marseille
18/09/2025 - 11:32

Alors que la France connaît ce jeudi une mobilisation sociale d’ampleur et inédite depuis le mouvement des Gilets Jaunes, réunissant plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire, s’est présenté devant la presse depuis la cellule interministérielle de crise à Beauvau. Sa priorité affichée : la sécurité. Son message : relativiser la journée de grève et détourner le regard des revendications sociales dans un mépris édifiant.

« 8 000 individus dangereux sont redoutés à travers le pays », a-t-il déclaré d’emblée, évoquant un chiffre sans le confronter aux centaines de milliers de manifestants pacifiques mobilisés.

A 10h, « 58 arrestations » avaient été effectuées, un chiffre présenté comme une victoire sécuritaire, car « cinq fois moins que le 10 septembre à la même heure ». Retailleau semble ainsi vouloir construire une lecture banale, d’une journée pourtant marquée par un profond malaise social.

Une réalité sociale éclipsée

Les propos du ministre contrastent fortement avec ce que vivent les citoyens sur le terrain. Dans les transports, les écoles, les services publics, les perturbations sont massives. Pourtant, Retailleau insiste : « 9 TGV sur 10 circulent », « 22 lycées publics sur 2500 ont tenté d’être bloqués », comme pour mieux occulter l’impact réel de la mobilisation.

Il affirme encore : « Les actions de blocage ont été moins intenses que prévu », évoquant une réussite du dispositif sécuritaire plus qu’une mobilisation citoyenne. Les pharmacies, pourtant fermées à 80 ou 90 % selon la Fédération des pharmaciens d’officine, n’ont même pas été mentionnées.

Une stratégie du déni assumée

A aucun moment, Bruno Retailleau ne reconnaît l’ampleur du mouvement, ni la légitimité des revendications. Il préfère parler de « tentatives de sabotage », notamment en Martinique, ou encore de « groupuscules d’ultragauche ». L’objectif semble clair : délégitimer la mobilisation, l’assimiler à des troubles, éviter d’en parler comme un message politique fort.

Même les chiffres de participation, estimés entre 600 000 et 900 000 manifestants à l’échelle nationale, sont passés sous silence dans son allocution. Une stratégie du déni qui trahit un malaise profond face à la contestation.

Mélenchon : Retailleau a besoin de violence pour affirmer son rôle de sauveur

Face à cette posture, Jean-Luc Mélenchon n’a pas tardé à réagir depuis Marseille, où il participait au cortège. « Toute action violente ne sert qu'une seule et unique personne, M. Retailleau, qui a besoin de la violence, des poubelles qui brûlent pour affirmer son rôle de sauveur », a-t-il déclaré.

Il accuse le ministre de cultiver une image d’ordre pour masquer l’échec du dialogue social, le qualifiant de « provocation ambulante », et dénonçant « une manipulation sécuritaire pour éviter d’avoir à répondre aux véritables questions ».

Pour le leader de La France Insoumise, cette journée est un « immense évènement » qui aura un « impact politique ». Une lecture diamétralement opposée à celle portée par Beauvau.

« Retailleau incarne une France haineuse et rabougrie »

Dans ce sens, il affirme que la gauche est unie pour faire tomber ce gouvernement, dénonçant, une fois de plus, Retailleau en le qualifiant « d’un responsable politique qui excite les tensions », se montre « silencieux sur certains crimes racistes » et incarne, selon lui, « une France haineuse et rabougrie ».

Mélenchon appelle au départ de Macron pour « mettre fin à la crise »

Par ailleurs, Jean-Luc Mélenchon a une nouvelle fois exigé la démission d’Emmanuel Macron. Selon lui, le président de la République est « le responsable de tout » dans la crise actuelle que traverse le pays.

L’ancien député de la ville dénonce un échec politique global : « Il a perdu toutes les élections depuis la sienne et épuisé quatre Premiers ministres. »

Pour le chef de file de La France Insoumise, il est temps d’en tirer les conséquences. « Dans une démocratie normale, cela devrait conduire à un départ », insiste-t-il. Mélenchon estime qu’un « mouvement refondateur » est nécessaire, réaffirmant son attachement à une VIe République.

Le gouvernement Lecornu fustigé

Jean-Luc Mélenchon n’a pas épargné le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu. Il l’appelle à solliciter un vote de confiance, convaincu qu’il n’obtiendra pas la majorité : « Cette comédie doit cesser. Nous déposerons une motion de censure si lui-même ne provoque pas le vote. »

Sophie Binet, SG de la CGT: une réponse autoritaire qui attise les tensions

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a également critiqué la gestion du gouvernement. Elle fustige un « dispositif inédit » de 80 000 policiers et gendarmes, appuyés par des drones, des véhicules blindés et des hélicoptères. « Cette réponse autoritaire met de l’huile sur le feu », estime-t-elle.

Au lieu d’apaiser, cette militarisation de l’espace public nourrit les tensions. Pour les syndicats, cette stratégie de la peur s’apparente à une tentative d’étouffer une colère pourtant légitime et largement partagée.

Autiste, le gouvernement refuse d’entendre la rue

Pourtant cette journée, qui ne fait que commencer, s’inscrit dans une dynamique de mobilisation nationale forte, portée par les syndicats, les salariés, les étudiants, les retraités. Les revendications portent sur la justice sociale, le pouvoir d’achat, les retraites, les services publics. Mais face à cette mobilisation, Bruno Retailleau choisit d’ignorer le fond pour n’aborder que la forme.

Ce refus de voir la réalité en face pourrait bien, à terme, accentuer le fossé entre le pouvoir exécutif et la population. D’autres journées d’action sont d’ores et déjà envisagées. Le gouvernement pourra-t-il longtemps se réfugier dans le déni ? La journée est encore longue. Très longue.

Radio Algérie Multimédia

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