Le groupe des A3+ au Conseil de sécurité (Algérie, Somalie, Sierra Leone et Guyana) a appelé, mardi à New York, à permettre à l'Autorité libyenne d'investissement de disposer des réserves de trésorerie gelées appartenant à la Libye, tout en exigeant l'arrêt des ingérences étrangères dans les affaires de ce pays.
"Nous sommes profondément préoccupés par l'érosion continue des actifs libyens gelés en raison de la mauvaise gestion de certaines institutions financières et déplorons la non application du paragraphe 14 de la résolution 2769 (du Conseil de sécurité) qui permet à l'Autorité libyenne d'investissement de réinvestir ses réserves de trésorerie gelées", a déclaré, mardi à New York, au nom du groupe A3+, le représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama.
"Nous attendons l'émission de la notice d'application (de la résolution) qui devrait être envoyée à toutes les institutions financières compétentes sans délai", a insisté M. Bendjama, qui intervenait lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Libye.
"Les A3+ constatent avec préoccupation les difficultés économiques auxquelles est confrontée la Libye avec, notamment une absence totale d'un budget unifié et d'un mécanisme de contrôle", a enchaîné le diplomate, en saluant les décisions du Conseil présidentiel libyen "concernant le lancement d'un audit financier complet sur les comptes publics libyens et la mise en place d'un organisme technique pour contrôler les contrats en rapport avec les secteurs pétrolier et de l'électricité".
Par ailleurs, les A3+ considèrent qu'une solution politique en Libye sera difficile à réaliser devant l'ampleur de l'ingérence étrangère. Une situation "davantage aggravée par le flux significatif d'armes (entrant dans le pays) et la contrebande de carburant, ce qui constitue une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité", assurent-ils.
"Nous demandons le retrait immédiat de toutes les forces étrangères, des combattants étrangers et des mercenaires. La souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de la Libye doivent être respectées",
soutiennent-ils.
Le groupe a souligné, en outre, la nécessité de placer, au cœur de n'importe quelle feuille de route concernant la Libye, l'idée qu'une solution à la crise doit être menée par et pour les Libyens afin de "faire progresser l'unification de toutes les institutions et pour paver la voie pour des élections libres, honnêtes et transparentes".
Il a également joint sa voix à celles qui appellent au "recalibrage" de l'UNSMIL (Mission d'appui des Nations unies en Libye) afin qu'elle puisse accomplir son mandat convenablement.
"Alors que les jours deviennent des mois, et les mois s'étirent pour devenir des années, la Libye reste piégée dans un cycle de transitions interminables. Si les Libyens avaient pu façonner leur propre destin, ils auraient depuis longtemps établi la paix et la stabilité", a affirmé M. Bendjama.
Il a appelé, à cette occasion, le Conseil de sécurité à passer de la gestion de la crise à un engagement réel en affrontant ceux qui entravent la progression de la Libye vers la paix et la stabilité. "Le Conseil de sécurité doit reconnaître les erreurs du passé", a-t-il conclu.