Dans un entretien accordé à la Chaine Trois de la Radio Algérienne, M. Philippe Leruth, ancien président de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), a déclaré que l’assassinat de la journaliste palestinienne, Shireen Abou Aqleh, est une volonté délibérée de dissuader les journalistes de faire leur travail.
« Non seulement il y a là une volonté délibérée de museler les journalistes, mais Shireen Abou Aqleh a été clairement identifiée comme journaliste lors du tir puisqu’elle portait le gilet pour être protégée en tant que telle ».
Pour lui, il n’y a pas de doute, Shireen Abou Aqleh « a été ciblée par le sniper (...) victime d’un tir volontaire, évidemment pour l’empêcher de décrire ce qui se passait sur le terrain ».
Réagissant aux déclarations du porte-parole de la Radio militaire de l’occupant israélien qui a déclaré que « Abou Aqleh était en train de filmer et travaillait au milieu de Palestiniens armés » ajoutant qu'ils « sont armés de caméras », M. Leruth a fait remarquer qu’on « parle de la caméra comme on parle d’une arme (…) A mon avis, c’est déjà un aveu significatif. On considère que les journalistes qui font leur métier sont des ennemis ».
La volonté de tuer la journaliste palestinienne est très nette
Avec plus de précision, Philippe Leruth explique que pour « les journalistes qui travaillent dans des zones de conflits et prennent des risques évidents, il arrive qu’ils soient victimes d’une bombe qui tombe lors d’un bombardement, d’une mine qui explose sous un véhicule qui circule, mais lorsqu’il est victime d’un tir ciblé, ce n’est pas du tout la même chose et l’intention de tuer est très nette », dit-il précisant que « la volonté de museler les médias est tout aussi évidente ».
Les journalistes des témoins très gênants
L’ancien président de la FIJ rappelle que la Convention élaborée par la FIJ ambitionnait justement de « faire reconnaitre le rôle particulier des journalistes qui sont des civiles mais qui sont surtout des témoins et dont les témoignages peuvent être très gênants pour certains ».
A propos des enquêtes liées à des cas similaires et qui sont, dans la majorité des cas, menées par l’Armée, M. Leruth confirme que c’est là plus qu’un paradoxe.
« Dans ce cas d’espèce, et je pense que le gouvernement israélien a proposé aux Palestiniens de mener une enquête conjointe, et ça je n’y crois pas, parce que la collaboration entre les polices palestinienne et israélienne est difficile à imaginer. Je pense que seule une enquête internationale est à même d’établir la véracité des faits », conclut Philippe Leruth.
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