Le parcours de l'homme politique et militant de la cause nationale, Mohamed Lamine Debaghine, un des pionniers du nationalisme et de la diplomatie algérienne, était au cœur d'une rencontre, organisée mercredi à Alger sur « la diplomatie algérienne durant la révolution de libération ».
Organisée au Forum de la mémoire du journal El Moudjahid sur le thème La diplomatie algérienne durant la révolution de libération, du sommet de Bandung aux négociations d'Evian, cette conférence a été animée par l'écrivain Rachid Khettab.
Auteur, entre autres, du livre Docteur Mohamed Lamine Debaghine, un intellectuel chez les plébéiens, publié en fin d'année 2020, Rachid Khettab a retracé le parcours de Debaghine depuis ses débuts au Parti du peuple Algérien (PPA), son accession au Parlement français avec le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) jusqu'à la clandestinité à la direction des affaires extérieures.
Il est également revenu sur son rôle dans la création de l'OS (Organisation spéciale), après le congrès du MTLD de 1947. Lamine Debaghine sera chargé « d'accompagner la création de l'OS, de la recherche d'approvisionnement en armes, et de se rapprocher des pays maghrébins et de prendre contact avec les pays du Moyen-Orient», explique l'auteur.
Rachid Khettab, qui s'est appuyé sur les archives nationales et les archives françaises d'Outre-Mer pour écrire son livre, précise qu'après avoir conduit les affaires étrangères du MTLD suite à une motion de pleins pouvoirs, Mohamed Lamine Debaghine a été « contacté par les initiateurs du 1er Novembre pour prendre en charge la direction de la lutte pour l'indépendance, ce qu'il a refusé ».
« En 1955, après avoir été arrêté et libéré fin juillet de la même année, Mohamed Lamine Debaghine est exfiltré vers le Caire, puis désigné chef de la délégation extérieure, un poste dans lequel il a été confirmé lors du congrès de la Soummam en 1956 », a également précisé Rachid Khettab.
Mettant l'accent sur le rôle prépondérant de Debaghine dans la conduite des affaires extérieures algériennes, le conférencier a, en outre, expliqué qu'en 1958 le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) lui a assigné une deuxième fois le ministère des Affaires étrangères où il a joué un rôle déterminant, en mettant en place tout un organigramme ayant abouti à l'instauration de « la doctrine » algérienne basée sur « le non alignement ».
Rachid Khettab a également évoqué un texte de Debaghinie qui a appelé l'ALN en 1959 à « ne surtout pas déposer les armes » pour maintenir la pression sur la France coloniale et garantir «l'indépendance de l'Algérie avec l'intégralité de son territoire », et ce, après la reconnaissance par Charles De Gaulle du droit à l'autodétermination « avec l'objectif de la partition de l'Algérie ».
Né le 24 janvier 1917 à la Casbah d'Alger, Mohamed Lamine Debaghine entame un long parcours militant avant et après les massacres du 8 Mai 1945, puis durant la lutte armée contre le colonisateur français de 1954 à 1962, période durant laquelle il a occupé des postes importants, dont celui de ministre des Affaires extérieures du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).
N'ayant jamais fait l'objet d'un travail de recherche proprement dit, Mohamed Lamine Debaghine, «Une lumière politique », selon Hocine Ait Ahmed, avait mené un parcours politique brillant mais toujours caractérisée par le secret, dû à la clandestinité et à la répression coloniale.
Il a pris sa retraite définitive du champ politique en 1960, pour se consacrer à sa profession de médecin jusqu'à sa mort le 20 janvier 2003 à El-Eulma.
APS