Boukhalfa Yaici : « Rationaliser la consommation de l'énergie, c'est investir dans le mix énergétique et l'isolation thermique »  

11/01/2024 - 12:38

L’économie du gaz est une question éminemment stratégique dans le contexte actuel, cela est prouvée depuis 2022 où le gaz a été au centre des préoccupations principales chez notre voisin, l’Union européenne, indique jeudi l’expert Boukhalfa Yaïci, enjoignant qu’avec de nombreuses choses faites ces dernières années l’Algérie milite pour rester dans la course des marchés régionaux.  

En atteignant 6,5% (8,69 millions de tonnes/an), l’hôte de l’émission « L’invité de la Rédaction », de la Chaîne 3 de la Radio Algérienne, explique que « la consommation nationale est devenue structurelle et est surtout portée par le secteur résidentiel », rappelant que « des politiques ont été tentées, sur des années, pour juguler cette augmentation importante dans le sens des capacités du pays, afin de faire face surtout aux marchés internationaux et de travailler sur le mix énergétique ».

Ce mix énergétique associe, selon le président du Cluster énergie renouvelable et efficacité énergétique, les trois éléments à savoir : le gaz naturel, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Et d’expliquer que ce mix permet d’abord de couvrir les besoins internes, de répondre à la demande énergétique du marché international, sur lequel l’Algérie travaille, et permet aussi de porter les exportations à un niveau de 100 milliards de m3/an, selon les orientations du président de la République.

« Tous ces éléments, dit l’invité de la Chaîne 3, participent à la nouvelle stratégie du pays notamment avec les investissements qui vont se faire dans différentes parties comme Ghara Djebilet, pour le phosphate, qui ont besoin d’énormes quantités de gaz », rappelant que « la transformation demeure l’une des importantes orientations présidentielles pour le gaz et les hydrocarbures à l’objet d’avoir de la valeur ajoutée locale ».  

À la question de savoir comment concilier « consommation interne » et « exportation », l’orateur appuie que l’alternative existe avec l’efficacité énergétique, en rationalisant la consommation pour laquelle un effort conséquent s’impose d’autant que l’on avance selon un rythme inadéquat.  

« Il faut accélérer la cadence et surtout le faire de manière massive et large », recommande-t-il, notamment en urbanisme en termes d’isolation thermique et le choix d’équipements pour ce faire.

« Les choses ne doivent pas rester en l’Etat actuel », relève-t-il, car à ce rythme, fait-il remarquer, cela va se répercuter négativement sur la capacité d’exportation de l’Algérie et partant sur le « coût énergétique » du pays, surtout que notre économie dépend toujours des hydrocarbures.

Toutefois, il y a des aspects positifs, estime-t-il, avec l’offre de la Sonelgaz pour la mise en œuvre du programme de l’énergie renouvelable pour produire 15.000 mégawatts et la nouvelle offre pour Ghara Djebilet pour l’exploitation du solaire.

Et de suggérer de « travailler sur deux aspects à savoir la production et la consommation, car ils vont de pair ». « Si on travaille juste pour la production, c’est courir derrière la consommation et ça ne peut fonctionner », d’où l’intérêt, dit-il, à travailler pour réduire la consommation au résidentiel et augmenter le transfert de l’énergie au secteur industriel qui est l’objectif essentiel de la politique actuelle »

Pour cela, pense l’intervenant, l’Etat doit-être agressif vis-à-vis des programmes résidentiels qui demeurent énergivores au même titre que l’éclairage public, dont la gestion impose des mécanismes managériaux. « Et au lieu de faire de nouvelles centrales électriques, il faut investir l’argent alloué dans de l’équipement d’isolation thermique », suggère M. Yaïci.