Avec l’annonce de la présidentielle anticipée du 7 septembre prochain, la scène politique s’anime. Les intentions de participation de certains chefs de partis se manifestent déjà via les réseaux sociaux. C'est dire que le digital est devenu un moyen incontournable dans l’espace politique et un moyen de communication crucial.
C’est ce que souligne, ce dimanche matin, le président syndicat du numérique, Souhil Guessoum, lors de son passage à l’émission « L’Invité de la rédaction », sur les ondes de la chaine 3 de la Radio Algérienne. En effet, selon lui, « le numérique est devenu incontournable sur la scène politique en faisant, depuis quelques années, une entrée très importante, voire fracassante, dans le monde politique et dans les campagnes électorales », expliquant qu’« aujourd’hui, il ne s’agit plus de lancer des messages via la télévision ou les journaux, mais on assiste à des campagnes ciblées, des campagnes digitalisées et sur les réseaux sociaux ».
En Algérie, « la campagne électorale digitale a commencé, de manière timide, en 2014 avec des comptes Facebook de candidats, des sites web et des Twitt ». Mais selon Souhil Guessoum, ce n'est qu'en 2019 que ce phénomène a pris de l’ampleur », même s'il estime que l'on n’en est pas encore vraiment à l’étape « Big data » pour récupérer des données à segmenter et cibler les votants via l’analyse de cette data », estime le spécialiste, qui recommande vivement l'utilisation des nouvelles technologie au service de l'exercice démocratique : « il serait utile d’utiliser l’analyse de ces Big data et l’impact n’en sera qu’énorme ».
Pour étayer son propos, l'expert revient sur l'historique de l'évolution du digital en politique, citant l'exemple américain. « Il y a tout un ensemble de programmes digitalisés qui prend le dessus et le relais sur la campagne classique », appuie-t-il, rappelant que la tendance a été inversée avec l'accessibilité d'Internet, vers 2008, puis s’est accentuée en 2012 avec la campagne de Barak Obama qui a révolutionné la pratique de la politique, avec l'introduction des outils technologiques de l'époque, à savoir : les réseaux sociaux, sites web... etc.
« Le staff de campagne du président Obama avait compris qu’il pouvait aller dans une segmentation du corps électoral et adresser des messages individuels aux votants en tenant compte de leurs lieux d’habitation, de leurs convictions, de leurs sexes, de leurs âges... », explique encore M. Guessoum.
A quand le vote électronique ?
Par ailleurs, c’est grâce au groupe Cambridge analytica, qui en collaboration avec Facebook, a récupéré entre 50 à 60 millions de comptes, dont les données personnelles ont été exploitées pour la campagne électorale de Donald Trump. Selon M. Guessoum, la victoire de Trump s'est joué sur l'espace digital.
« Sur les 24 millions d’utilisateurs de Facebook, les huit millions d’utilisateurs d'Instagram et les six millions d’utilisateurs de Snapchat, un important vivier peut être ciblé directement par la publicité électorale », estime l’intervenant. Et d’ajouter qu’outre les aspects d’efficience et de rapidité, il y a le fait de s’adresser à l’électeur à moindre coût en épargnant les déplacements.
A l’idée d’accéder au vote électronique, l’orateur se dit sceptique, arguant le fait que « le vote digital est en étroite relation avec l’état de la numérisation dans le pays », faisant savoir qu’« un énorme travail reste à faire d’ici là ».
« Si le digital est poussé, tel que le souhaitent les pouvoirs publics, en supprimant les contraintes, en mettant une stratégie très ambitieuse efficace et efficiente dans le domaine digital, on pourra alors parler un jour de vote électronique », prévoit Souhil Guessoum.
Radio Algérie Multimédia.