Alors que 123 millions de personnes sont déplacées de force dans le monde, le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a lancé, hier lundi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, un appel vibrant en faveur d'un sursaut diplomatique pour affronter cette crise.
«C'est une période de guerre. C'est une période de crise», a déploré M. Grandi lors de cette réunion du Conseil, citant notamment les conflits qui ravagent le Soudan, le Myanmar, Ghaza, le Sahel, la République démocratique du Congo et Haïti.
Il a vivement critiqué l'érosion du respect du droit international humanitaire et a rappelé que le mandat du Conseil de sécurité est de «prévenir et arrêter la guerre, maintenir la paix et la sécurité».
«C'est votre responsabilité première. Et- pardonnerez-moi de le répéter- cet organe a systématiquement failli à sa tâche», a-t-il déclaré.
M. Filippo Grandi a exhorté les membres du Conseil à ne pas se résigner à l'échec de la diplomatie: «Vous devez réussir. Vous le devez non seulement aux personnes déplacées, mais aussi à vous-mêmes».
Le Haut-Commissaire des Nations unies a attiré l'attention sur la crise humanitaire dramatique au Soudan, où un tiers de la population a été déplacé en seulement deux ans.
Lors d'une visite récente à la frontière entre le Soudan et le Tchad, il a recueilli les témoignages de femmes et d'enfants ayant fui des violences indescriptibles.
«Au Darfour, les civils sont régulièrement empêchés de fuir les zones dangereuses. Pire encore, ils sont activement pris pour cible», a-t-il affirmé.
Grandi a averti que le conflit au Soudan risque de s'étendre, si des solutions politiques ne sont pas rapidement trouvées. Il a noté qu'il y a déjà plus de 200.000 Soudanais en Libye aujourd'hui, dont beaucoup pourraient migrer vers l'Europe.
En Syrie, si le retour récent de déplacés internes et de réfugiés «offre un signe d'espoir après 14 années de guerre», il a estimé que ce processus «dépendra de la volonté politique internationale : assouplissement des sanctions, soutien à la reconstruction, investissements et maintien de l'aide humanitaire.
«Afin de minimiser les risques encourus par les Syriens de retour, je vous demande d'en prendre vous-mêmes, sur les plans politique et économique. Et, oui, cela doit aussi passer par une aide humanitaire soutenue et conséquente, qui est actuellement en forte baisse», a-t-il dit.
Grandi a tiré la sonnette d'alarme sur la réduction dramatique des financements humanitaires dans le monde.
«L'aide, c'est la stabilité», a-t-il rappelé, avertissant que l'abandon des réfugiés et des pays hôtes pourrait aggraver l'instabilité mondiale.
Enfin, le Haut-Commissaire a défendu avec force le multilatéralisme : «Même s'il est parfois lent ou imparfait, le dialogue multilatéral est essentiel pour construire des solutions durables», a-t-il affirmé, exhortant les Etats membres à ne pas quitter la table des négociations.
«Vous avez été des réfugiés. Vous avez accueilli ceux qui cherchaient refuge. Aujourd'hui, vous avez la responsabilité de mettre fin à la guerre et d'apporter la paix», a-t-il conclu.