Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, s'est alarmé, hier mardi, de l'utilisation par l'entité sioniste de l'aide humanitaire comme moyen de pression militaire, dénonçant l'inertie diplomatique face à la transformation des réalités démographiques et géographiques en Cisjordanie occupée.
Lors d'un débat public du Conseil de sécurité des Nations unies consacré au Moyen-Orient, le Secrétaire général de l'ONU s'est «alarmé» suite aux déclarations de représentants de l'entité sioniste concernant l'utilisation de l'aide humanitaire comme moyen de pression militaire, affirmant que «l'aide humanitaire n'est pas négociable» et «les civils doivent être protégés».
Antonio Guterres a évoqué une situation humanitaire «qui dépasse aujourd'hui l'entendement» dans l'enclave palestinienne, où plus de 50.000 Palestiniens ont été tués durant l'agression sioniste, dont près de 2.000 depuis la rupture du cessez-le-feu, le 18 mars.
Depuis près de deux mois, l'entité sioniste bloque toute livraison de nourriture, de carburant et de médicaments dans Ghaza, dont les deux millions d'habitants sont désormais pris en tenaille entre les frappes aériennes et la faim.
Les propos de Guterres faisaient écho à ceux prononcés la veille, à La Haye, par la conseillère juridique des Nations unies, à l'ouverture d'une semaine d'audiences de la Cour internationale de justice (CIJ) sur les obligations humanitaires de l'entité sioniste envers les Palestiniens.
Devant les juges du tribunal onusien, censés émettre un avis sur la question à l'issue des audiences, Elinor Hammarskjold a estimé que l'entité sioniste, en tant que puissance occupante, avait l'obligation, en vertu du droit international humanitaire, de faciliter l'acheminement de l'aide à la population de Ghaza.
Or, l'absence complète d'approvisionnement dans l'enclave depuis le 2 mars pousse les résidents au bord du gouffre.
En fin de semaine dernière, le Programme alimentaire mondial (PAM) a notamment annoncé avoir épuisé l'ensemble de ses stocks alimentaires destinés aux résidents de Ghaza.
Evoquant la Cisjordanie, le chef de l'ONU a averti que «l'emploi d'armes lourdes dans des zones résidentielles, les déplacements forcés, les démolitions, les restrictions de circulation et l'expansion des colonies transforment radicalement les réalités démographiques et géographiques».
A cela s'ajoutent les violences de colons qui «se poursuivent dans un climat d'impunité, parfois avec la complicité de soldats» d'occupation, tandis que des communautés palestiniennes entières sont «victimes de destructions à répétition», a-t-il soutenu.
Cette transformation sur le terrain compromet un peu plus chaque jour la faisabilité d'un Etat palestinien contigu.
«Les Palestiniens sont cantonnés dans certains endroits et contraints d'en quitter d'autres», a noté Antonio Guterres, décrivant une logique d'enfermement et de fragmentation territoriale.
Face à ce constat, le Secrétaire général a dénoncé l'inertie diplomatique.
«Ce n'est pas le moment d'exprimer rituellement son soutien, de cocher une case et de passer à autre chose. Nous avons dépassé le stade des cases à cocher : le temps presse», a-t-il martelé.
Il a exhorté les Etats membres à ne plus se contenter de déclarations de principe, mais à «traduire les paroles en actes».
Le Secrétaire général de l'ONU a appelé les Etats membres à prendre «des mesures irréversibles pour concrétiser la solution à deux Etats».