El-Moudjahid : « Après avoir tout misé sur Washington, le Makhzen récolte du mépris : Le Pari servile de Rabat »

El-Moudjahid
15/07/2025 - 13:57

Sous le titre « Après avoir tout misé sur Washington, le Makhzen récolte du mépris : Le Pari servile de Rabat », le journal El-Moudjahid a publié ce jour un article dont voici l’intégralité :    

« Copieusement servi par un contexte mondial, qui, pense-t-il, lui est favorable, le Maroc ne veut plus se nourrir de merles là où il y a des grives. «Maintenant ou jamais!» éructe-t-il entre deux bouchées d’une ambition expansionniste mal digérée. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, le Makhzen s’est lancé dans une course effrénée, pour clore, à marche forcée, le dossier du Sahara occidental. Et maintenant que les États-Unis et Israël règlent leurs comptes avec leurs ennemis déclarés, à savoir le Hamas, en Palestine, le Hezbollah, au Liban, et l’Iran, le Maroc tente de s’inviter à la table, non pas comme acteur stratégique, mais comme passager clandestin. Il s’incruste, paie rubis sur l’ongle et sans compter, espérant que son problème trouvera une solution par ricochet.

Le Makhzen est prêt à tout, quitte à troquer ses principes, son honneur et même la dignité de son vaillant peuple. Il a fait ce qu’aucun autre pays arabe n’a osé faire. Haut et fort, le Maroc de Mohammed VI crie à l’endroit d’Israël : « Votre seul allié dans le monde arabe, c’est nous, rien que nous ! Venez, servez-vous, vous êtes chez vous ! » Bien avant de signer les accords d’Abraham normalisant ses relations avec l’entité sioniste, le Maroc avait déjà inscrit dans sa Constitution le judaïsme comme un élément de son identité et va même jusqu’à restituer les biens des juifs naturalisés marocains en 1967. Pour Ghaza, saignée à blanc, silence radio au royaume du kif. Pas un mot, pas même une indignation en solde.

L’État, qui se rêve leader régional, préfère détourner le regard face au génocide de l’histoire. Pendant que les bombes s’abattent sur les enfants de Ghaza, Rabat se garde bien de froisser Tel-Aviv par une déclaration condamnant les massacres. Voilà cinquante ans que la question sahraouie s’est posée et que Rabat a tenté, sans succès, toutes les recettes, pour faire accepter sa thèse colonialiste. Pour le Maroc, il n’est pas question que cette cause puisse fêter son 51e anniversaire. Il y a urgence pour le Makhzen, surtout que la fenêtre d’opportunité risque de se refermer, maintenant à deux années des élections de mi-mandat aux États-Unis. Une échéance électorale qui risque de chambouler les équilibres, pour l’heure, en faveur du Maroc.

Dans cette dynamique d’urgence, le Makhzen bat le rappel des troupes. Des sources diplomatiques occidentales, crédibles, rapportent avec insistance que le Maroc se prépare à organiser une conférence des pays favorables au plan d’autonomie dans les prochains mois, voire les prochaines semaines, à Dubaï. Les mêmes sources indiquent que l’idée sournoise consiste à en mettre plein les yeux au monde sur le dossier sahraoui et le prétendu plan d’autonomie, avec une déclaration finale qui demandera à l’ONU de considérer le prétendu plan d’autonomie marocain. Quant à la Minurso, révèlent ces sources, il y a déjà un embryon de discussion aux Nations unies, pour la transformer en mission politique spéciale, confient les mêmes sources. On lui réduira de moitié le personnel, ainsi que le budget. Ainsi, on ne retrouvera plus le mot référendum qui donne l’urticaire au Makhzen. Et, enfin, le jackpot sera de classer carrément le Front Polisario comme organisation terroriste. En d’autres termes, le Front Polisario ne sera plus un mouvement de libération, et, donc, il n’y a plus de territoire à libérer. Cynique stratégie. Mais, sur ce chemin escarpé, il y a un pays qui gêne, qui refuse la compromission et qui est intraitable sur le droit des peuples à l’autodétermination : l’Algérie. Encore une fois, le Makhzen crie au secours, et Israël ne s’en prive pas de voler au secours.

Toutes les stratégies d’intox et de manipulation médiatiques diffusées par le Makhzen à l’endroit de l’Algérie sont d’inspiration israélienne. La technique est simple, il s’agit d’« impliquer l’Algérie dans chaque fluctuation régionale et de lui attribuer le mauvais rôle ». À la chute du régime de Bachar Al Assad, en décembre 2024, le Maroc jubilait. L’Algérie, désignée comme la prochaine cible, est déjà morte et il ne manquait qu’une pelletée de sable pour l’enterrer définitivement. En vain. Les labos de l’intox makhzénienne récidivent, à la faveur de « la guerre éclaire » israélo-américaine contre l’Iran. On claironne à qui veut les entendre que l’Algérie est l’allié de l’Iran, pour avoir condamné les attaques américaines et israéliennes. Or, les termes de la condamnation égyptienne, jordanienne et même émiratie sont plus forts que ceux consignés dans le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. La mayonnaise n’a pas pris, et voilà que ça repart avec un nouveau bobard. On affirme, cette fois-ci, que c’est l’Algérie qui soutient et alimente le terrorisme en Tunisie. Le même que celui diffusé par quelques pays du Sahel à l’encontre de l’Algérie. Il est très difficile d’admettre une hypothèse aussi farfelue sur le pays qui a combattu et vaincu, seul, le terrorisme, et qui en a payé l’un des plus lourds tributs dans le monde : 200.000 morts, et autant de blessés, de veuves et d’orphelins. Mais voilà que tout s’écroule. Le narratif soigneusement exporté par Rabat s’effondre comme un château de cartes, soufflé par une bourrasque venue de Washington. Dans un message, à l’occasion de la célébration du 63e anniversaire de l’Indépendance, adressé à son homologue Abdelmadjid Tebboune, le Président américain, Donald Trump, a remis les choses à l’endroit. Trump a salué l’Algérie comme un « partenaire régional stable » et partenaire « clé dans la lutte contre le terrorisme».

Ces quelques mots ont suffi à faire vaciller les fondations d’une stratégie marocaine patiemment construite sur le sable. La déclaration du Président américain sonne comme un désaveu public et un réajustement des rapports de force réels. Ce message n’est pas qu’une simple formule diplomatique, mais un signal politique clair, surtout depuis l’annonce du rejet par les États-Unis de toutes les plaintes déposées par certains pays du Sahel accusant l’Algérie de soutenir le terrorisme. Le message de Trump a démoli toutes les assertions des pays du Golfe, de certains pays du Sahel, poussés par le Maroc. Washington présente l’Algérie comme un pays jouissant de l’expertise et de la capacité de jouer un rôle régional central dans la consolidation de la sécurité. C’est une position que le Président Trump n’a prise à l’égard d’aucun autre dirigeant africain, ce qui reflète une reconnaissance américaine de la stature de l’Algérie et confirme que l’imposition des droits de douanes ne constituait pas nécessairement un signe de divergence réelle ou d’hostilité politique. Dans le cas de l’Algérie, cette imposition peut être interprétée dans une logique de réciprocité, puisque l’Algérie, elle-même, avait déjà imposé des droits élevés sur certains produits américains. Face à cette réalité, il serait maladroit d’interpréter cette décision américaine comme un obstacle à la consolidation des relations entre les deux pays, surtout à la lumière des évolutions observées sur le terrain, qu’il s’agisse des investissements américains en Algérie ou des domaines de coopération qui s’étendent désormais aux secteurs de l’énergie, des technologies, de la cybersécurité et de la formation professionnelle. De nombreux observateurs estiment que la prochaine étape sera le renforcement de la coopération bilatérale, même avec des décisions parfois inattendues de Washington. Il ne faut pas perdre de vue que l’administration Trump traite ses partenaires avec une logique purement économique, souvent détachée de considération politique ou idéologique. L’éloge américain n’est pas isolé.

Il intervient après une série de déclarations de hauts responsables US, dont l’ambassadeur américaine à Alger, Elizabeth Moore Aubin, qui a soutenu, à plusieurs reprises, que son pays considère l’Algérie comme un partenaire stratégique de premier plan en Afrique. Le commandant de l’Africom, Michael Langley, a lui aussi souligné, à plusieurs occasions, le rôle de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et sa contribution à la stabilité de la région. Et que fera le Makhzen maintenant que son parrain a rendu son verdict ? En effet, le choc est d’autant plus violent qu’il vient de celui que le royaume considérait comme un allié indéfectible. Pendant des années, le Maroc a tout misé sur les faveurs américaines, bradant sa dignité politique. Le résultat a été décevant. Plus qu’une simple déception, c’est un camouflet diplomatique. Dans les coulisses du palais, l’agitation est palpable.

Comment justifier ce retournement après tant de concessions ? À Rabat, l’ambiance est à la crispation. Pris à son propre jeu, le royaume découvre la réalité des alliances opportunistes : l’Amérique ne donne jamais sans intérêt et elle n’achète pas ce qui s’offre déjà sans prix. Le pari était servile, l’échec est souverain.

Le Maroc avait déjà inscrit dans sa Constitution le judaïsme comme un élément de son identité et va même jusqu’ à restituer les biens des juifs naturalisés marocains en 1967.

Le narratif marocain s’effondre comme un château de cartes, soufflé par une bourrasque venue de Washington.

Et que fera le Makhzen maintenant que son parrain a rendu son verdict ? ».

Source
Radio Algérie Multimédia
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