L’expert en géopolitique et membre du forum économique mondial, Arslane Chikhaoui, a indiqué ce lundi a précisé, ce lundi, les contours de l’intégration africaine en insistant sur le rôle essentiel que l'Algérie peut y jouer, affirmant que « l'intégration africaine ce n'est pas uniquement une idée, mais du concret ».
Lors de son intervention à la chaîne 3 de la Radio algérienne dans « L'invité du jour », Chikhaoui a souligné que cette intégration suppose, avant tout, une interconnexion solide entre les pays africains, que ce soit via des infrastructures physiques comme les réseaux ferroviaires, routiers ou aériens, ou des connexions virtuelles par voie cybernétique.
Abordant le rôle de la Banque africaine de développement qui, selon lui, occupe un rôle stratégique, en finançant notamment des projets d'infrastructure majeure, il dira que « le fait que la banque africaine de développement s'active, il y a un réveil de l'Afrique ». Cette maturité nouvelle se traduit, selon lui, par un soutien accru aux initiatives continentales, sans conditionnalités politiques portant atteinte à la souveraineté, contrairement à d’autres institutions internationales.
Pour Chikhaoui, cette volonté africaine de s’auto-développer se traduit par « des outils financiers adaptés », « des projets à long terme », et « une meilleure exploitation des ressources naturelles », avec le gaz, le pétrole, les minerais stratégiques, qui devront ensuite être transportés efficacement, comme l’atteste l'exemple d'une ligne ferroviaire reliant le Sahel à la Méditerranée.
La stratégie algérienne pour renforcer ses frontières et ses voisins
L’Algérie a amorcé une accélération dans ses projets d’infrastructures, notamment pour les régions frontalières, avec la mise en service attendue en janvier 2026 de la ligne ferroviaire Tindouf-Béchar qui selon Chikhaoui, traduit cette dynamique qui s’inscrit dans une « diversification de l’économie algérienne », un processus progressif visant à ne pas rester « sur le quai » tandis que le reste du continent avance.
Par ailleurs, la création de cinq zones économiques frontalières, notamment à Tindouf, vise à stimuler l’activité économique dans ces régions et à endiguer les flux migratoires venant d’Afrique sub-saharienne. Aux yeux de Chikhaoui, « ces zones économiques frontalières servent à contenir les flux migratoires », un élément clé d’une « stratégie globale » qui lie développement économique et sécurité régionale.
L’expert insiste aussi sur « le soutien économique apporté aux pays voisins comme le Niger, Mali ou Mauritanie, plutôt que de simples aides financières classiques », citant comme exemple, l’Agence de coopération qui a mis un Fonds d’un milliard de dollars sur la table, dédié à financer des projets humains et réalistes, dans ces zones fragilisées par l’insécurité et les trafics illégaux.
L’Algérie : un hub économique et diplomatique en Afrique
L’organisation récente d’événements d’envergure, comme la conférence africaine des startups et la Foire commerciale intrafricaine (IATF), illustre la volonté de l’Algérie de se positionner comme un hub continental de l’événementiel économique, explique Chikhaoui qui rappelle que « l’Algérie s’est fixé comme objectif d’être un peu un hub du continent africain », renforçant ainsi sa diplomatie économique et sa visibilité internationale.
« Grâce à sa position stratégique entre la Méditerranée et l’Afrique, ainsi qu’à ses avantages compétitifs, notamment la stabilité politico-sécuritaire et un cadre légal favorable avec le code des investissements, l'Algérie offre un environnement attractif pour les investisseurs, africains ou étrangers. Le pays cherche à diversifier son économie, ne plus dépendre uniquement de la rente pétrolière, mais à développer une industrie capable d’attirer durablement les capitaux et les talents », ajoute encore Chikhaoui.
Enfin, Chikhaoui rappelle que « le contexte régional est complexe, marqué par le terrorisme et les trafics dans le Sahel voisin. L’Algérie agit notamment via les zones économiques frontalières », dénonçant aussi les peurs infondées sur les migrations vers l’Europe, en soulignant que « les flux migratoires intraafricains constituent les 75% des flux migratoires globaux de l’Afrique », contrairement au discours européen alimenté par l’extrême droite.
Du reste, il estime que la course aux ressources stratégiques sur le continent, dont une large part est en Algérie, renforce le besoin pour le pays d’être acteur et non terrain de chasse pour les puissances extérieures. En définitive, « il faut être proactif aujourd’hui et ne pas laisser le monopole du marché à quelques-uns ».
Farid B-Radio Algérie Multimédia
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