L’eau n’est plus que source de prospérité et de développement, elle est devenue source de conflit et de chantage, voire de pressions à risque sur la sécurité nationale. N’est-elle, donc, pas une question de sécurité nationale ?
Spécialiste en la matière, le professeur Brahim Mouhouche s’est étalé, mardi, sur le sujet indiquant que « l’importance de l’eau est telle qu’elle en fait une arme dangereuse ». L’invité de la Rédaction de la Chaine 3 de la Radio Algérienne estime qu’« un pays sans eau devient stratégiquement handicapé, voire dépendant et donc vulnérable. »
« En outre des êtres vivants, l’eau est dispensable pour le nettoyage, le refroidissement et tout appareillage ayant besoin d’eau pour vivre longtemps », rappelle-t-il, déplorant « malheureusement sa raréfication qui pointe à l’avenir et qui constitue une sérieuse menace de par la pression qu’elle agit sur le quotidien. Et de rappeler que parmi les causes de cette raréfication, la consommation du citoyen était, 20 ans plus tôt, moins élevée que présentement car il y a, selon les géographes un changement climatique dû au réchauffement de la planète qui a généré une surconsommation de l’eau. Il n’y a pas que, M. Mouhouche cite d’autres facteurs qui ne sont pas des moindres à savoir celui de « l’évolution démographique, sans oublier l’évolution du niveau de vie qui provoquent une pression supplémentaire. »L’économie, ajoute-t-il, demande beaucoup d’eau et celle-ci est très convoitée à cet effet partout dans le monde.
Dans le détail, le Pr de l’Ecole supérieure d’Agronomie explique qu’il y a des secteurs très utilisateurs d’eau comme l’agriculture, l’industrie et l’AEP. « Souvent il y a des conflits entre secteurs prioritaires ou qui se déclarent entre pays voisins comme on le voit au proche et au Moyen-Orient », a-t-il souligné, citant l’Egypte, l’Irak et la Syrie qui subissent des pressions énormes ces derniers temps à cause du stress hydrique. Et de poursuivre « le taux d’industrialisation augmente la quantité d’eau consommée à tous les niveaux ». Mais l’Agriculture, relève le spécialiste, se pose comme un secteur très consommateur d’eau dans le sillage du concept de la sécurité alimentaire, conflictuelle à plus d’un titre.
L’Algérie consomme pour son agriculture jusqu’à 75% d’eau
L'expert appuie que « l’Algérie consomme pour son agriculture jusqu’à 75% d’eau alors que les 25% restants sont répartis entre l’industrie, l’AEP et une partie – 5 à10% - pour évacuer les déchets. » Selon lui, « assurer la survie devient un challenge des pays qui en manquent». L’état des lieux, poursuit-il, a réorienté notre politique de l’eau visible par une attention particulière au sommet de l’Etat en réaménageant l’intérêt vers le dessalement d’eau de mer et l’exploitation de l’eau souterraine.
L’invité de la radio ne manquera pas d’argumenter ses propos en rappelant la perturbation du marché mondial causée par le conflit entre la Russie et l’Ukraine. « Ce conflit renseigne sur l’importance de l’eau », indique-t-il rappelant que ces deux pays, grands producteurs de céréales et d’huile ont d’énormes potentialités en eau qui leur permettent d’être leaders en production agricole dont dépendent plusieurs autres pays en Europe et à travers le monde. « Nous constatons comment, l’un et l’autre, font pression avec leurs denrées alimentaires dont la culture dépend étroitement de l’eau causant d’énormes perturbations d’approvisionnement chez des pays tiers soumis », conclut-il.
Radio Algérie Multimédia