Migrants africains tués par la police marocaine : le drame continue de susciter l'indignation à l'international 

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28/06/2022 - 18:19

Le drame migratoire survenu vendredi au poste-frontière de Melilla, lorsque 23 migrants d'origine africaine ont été brutalement tués par la police marocaine alors qu'ils tentaient d'entrer dans l'enclave espagnole, continue de susciter l'indignation à l'international.

Lors d'une conférence de presse tenue lundi, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a « vivement déploré cet incident et les pertes en vies humaines », rappelant que « le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l'Organisation internationale pour les migrations ont déjà exprimé leur indignation » à ce sujet.

De son côté, le Haut-commissariat aux droits de l'Homme (HCDH) a réclamé mardi l'ouverture d'une enquête indépendante pour déterminer les circonstances ayant conduit à ce drame migratoire.

« Nous appelons les deux pays (Maroc et Espagne, ndlr) à garantir la tenue d'une enquête efficace et indépendante, première étape pour déterminer les circonstances dans lesquelles il y a eu des morts et des blessés ainsi que toutes les responsabilités éventuelles », a déclaré à Genève une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani.

Par ailleurs, pas moins de 45 organisations internationales ont publié une déclaration commune, dans laquelle elles ont condamné l'attaque sanglante de la police marocaine et son usage disproportionné de la force.

Dans cette déclaration publiée sur la page Facebook de l'Association marocaine des droits de l'Homme (antenne de Nador), ces organisations ont notamment condamné l'absence de prise en charge rapide des migrants blessés, ce qui a conduit à un bilan élevé. 

Les organisations, qui ont qualifié de « tragédie » l'attaque sanglante de la police marocaine, ont affirmé que la mort de ces jeunes Africains aux frontières de l'Europe « alerte sur le caractère meurtrier de la coopération sécuritaire dans le domaine migratoire entre le Maroc et l'Espagne. »  

Elles ont, entre autres, appelé à « ouvrir immédiatement une enquête judiciaire indépendante du côté marocain, ainsi que du côté espagnol, et au niveau international pour révéler toute la vérité sur ce drame humain. »                  

Réunion mercredi du Conseil de sécurité sur le drame de Melilla

 Pour sa part, le pape François a fait part, mardi, de sa « douleur » pour les « tragédies » de l'enclave espagnole de Melilla et du Texas, qui s'est réveillée avec au moins 46 migrants retrouvés morts dans un camion à San Antonio.

« J'ai appris avec douleur la nouvelle des tragédies des migrants au Texas et à Melilla », a twitté le souverain pontife. "Prions ensemble pour nos frères qui sont morts en poursuivant l'espoir d'une vie meilleure et pour nous, afin que le Seigneur ouvre nos œuvrer et que ces malheurs ne se reproduisent plus », a-t-il ajouté.

Face au tollé qu'a suscité la répression sanglante de migrants africains par la police marocaine au poste-frontière de Melilla, le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé de tenir mercredi, une réunion à huis clos.

La réunion, qui se tient à l'initiative du Kenya, du Gabon et du Ghana, pays africains actuellement membres du Conseil, « portera sur la violence meurtrière à laquelle sont confrontés les migrants africains entrant dans l'enclave espagnole de Melilla depuis le territoire marocain », précisé l'ambassadeur du Kenya à l'ONU, Martin Kimani.

Selon un dernier bilan actualisé donné samedi soir, au moins 23 migrants subsahariens ont péri après l'intervention brutale de la police marocaine pour empêcher près de 2.000 d'entre eux d'entrer dans l'enclave espagnole. 

De nombreuses vidéos et images ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des dizaines de migrants au sol, quasiment inertes. Certaines montraient également les forces de sécurité marocaines en train de tabasser des migrants.

Ce bilan est de loin le plus meurtrier jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de passage de migrants subsahariens vers Melilla et l'enclave espagnole voisine de Ceuta.