Le 61e sommet ordinaire des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), tenu dimanche dans la capitale ghanéenne Accra, a décidé de lever les sanctions économiques et financières imposées au Mali, au lendemain de l'annonce par les autorités de transition maliennes d'un nouveau calendrier électoral.
Le président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou, a déclaré que «les dirigeants de l’organisation ont décidé de lever les sanctions économiques et financières qui étaient imposées au Mali après que les autorités maliennes aient franchi des pas importants sur la voie d’un retour à une situation constitutionnelle ».
Il a ajouté, lors d’un point de presse à l’issue du sommet, que cette décision immédiate «a été prise après les recommandations de l’émissaire de la Cédéao, Goodluck Jonathan», ancien président nigérian.
Les sanctions de la Cédéao contre le Mali ont été décidées au mois de janvier dernier, en raison du retard mis par les militaires concernant le transfert du pouvoir aux civils.
Le Mali a été le théâtre de deux changements anticonstitutionnels en moins d'un an en août 2020 et mai 2021. Les militaires s'étaient engagés sous la pression de la Cédéao, médiatrice, et d'une partie de la communauté internationale, à remettre le pouvoir aux civils après des élections présidentielle et législatives programmées en février 2022. Mais les autorités ont finalement notifié à la Cédéao être dans l'incapacité de respecter le calendrier convenu, rappelle-t-on.
Par ailleurs, Jean-Claude Kassi Brou a ajouté que l’organisation ouest-africaine a demandé à tous les partenaires d' «octroyer au Mali l’aide technique et d’accompagner le pays dans le processus d’organisation des élections et leur préparation afin que réussisse la période de transition », qui durera jusqu'à mars 2024.
La levée des sanctions de la Cédéao a été décidée après que le gouvernement malien de transition ait présenté quelques jours auparavant à la classe politique et aux acteurs de la société civile, les dates des différentes échéances électorales (présidentielle, référendaire et législatives).
Ainsi, le référendum est prévu pour le mois de mars 2023, l’élection des conseillers des collectivités territoriales pour juin 2023, tandis que les premier et deuxième tours de l’élection des députés à l’Assemblée nationale sont respectivement programmés en octobre et novembre 2023. La présidentielle devrait quant à elle, se tenir en février 2024, avait rapporté jeudi dernier l'agence de presse malienne (AMAP).
Appel à la mobilisation de tous les acteurs autour du processus électoral
Pour réussir ces différents scrutins, selon le gouvernement de transition, « il convient d’œuvrer à l’opérationnalisation dans un court délai, de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), à la mobilisation de tous les acteurs autour du processus électoral, particulièrement les acteurs politiques, et à l’achèvement de la réorganisation territoriale, car les élections devront être organisées sur la base des circonscriptions issues de la nouvelle organisation administrative ».
Concernant le chronogramme des réformes politiques et institutionnelles, il sera procédé de juin 2022 à mai 2023, à l’élaboration et à la validation de l’avant-projet de la nouvelle Constitution par le Conseil des ministres, sachant que la nouvelle loi électorale adoptée par le Conseil national de transition a été promulguée par le président de transition.
Toujours selon l'agence malienne de presse, d’ici à novembre 2023, il est envisagé de faire la relecture et l’adoption des textes connexes à la Constitution et à la loi électorale.
Dans ce contexte, Bréhima Coulibaly, conseiller au ministère malien de l'Administration territoriale a précisé que «l'objectif de cette proposition est d’assurer les meilleures conditions d'organisation d’élections ainsi que la réalisation des réformes politiques et institutionnelles ».
Et de poursuivre dans le même sens: «Nous avons fait des propositions de dates aux acteurs politiques, il revient maintenant à la classe politique de nous faire aussi des propositions pour qu’on puisse avancer », estimant que «si nous devons sortir de la transition, nous n’avons pas d’autres choix que d’organiser les élections afin de mettre en place les autorités légitimes ».
De leur côté, les représentants des Organisations de la société civile ont salué «la pertinence du projet de chronogramme et formulé quelques observations et recommandations qu’ils souhaiteraient voir prises en compte » par les autorités de transition en place à Bamako, selon AMAP.