L'Algérie commémore ce samedi le 66e anniversaire de la grève des huit jours de 1957, un évènement crucial ayant confirmé le ralliement des Algériens à leur révolution pour barrer la route aux partisans de l'"Algérie française", contribuant ainsi à l'internationalisation de la cause algérienne.
Décidée par le Comité de coordination et d'exécution (CCE) du Front de libération nationale (FLN), du 28 janvier au 04 février 1957, cette grève générale dont la préparation a été confiée aux commandants des six (06) wilayas avait pour objectif de rallier le peuple, dans toute sa composante, notamment les travailleurs, les commerçants et les artisans, à sa cause légitime et à l'action révolutionnaire, de réduire à néant les allégations de l'occupant qui qualifiaient les moudjahidines de "Hors la loi" et de mettre à nu les crimes du colonisateur, tout en affirmant que le FLN était le seul représentant légitime du peuple algérien.
Cette grève, d'une grande envergure, a contribué à atteindre le principal objectif de la révolution nationale, en amenant l'ONU à inscrire la question algérienne à l'ordre du jour de sa 11e Assemblée générale dans le cadre du droit des peuples à l'autodétermination, et ce à la demande du groupe arabo-asiatique.
Cette grève historique a également mis en échec les plans de l'occupant visant à séparer le peuple de sa révolution, par tous les moyens notamment par la désinformation, et a permis de barrer la route aux partisans de l'"Algérie française" et d'opérer une rupture définitive entre le régime colonial et le peuple, toutes catégories confondues.
Répondant en masse à l'appel à la grève, le peuple algérien a asséné un coup de grâce à la France coloniale qui a tenté d'étouffer la résistance des Algériens par les massacres, la répression barbare, les arrestations arbitraires, la torture, l'expulsion et la destruction.
Le FLN avait essuyé des pertes considérables après la découverte de ses cellules à Alger et de ses éléments infiltrés au sein de l'administration coloniale notamment avec l'arrivée du général Lacoste qui avait annoncé le début de "la Bataille d'Alger".
Ainsi, les forces coloniales françaises avaient lancé une campagne d'arrestation de plusieurs dirigeants de la révolution, à leur tête Larbi Ben M'hidi mort en martyr sous les sévisses de la torture. La cachette d'Ali Lapointe et ses compagnons qui refusaient de se rendre, a été également découverte et ils sont morts en martyrs, ce qui a mené à la suspension de plusieurs opérations de "Fidayin" pour une longue période dans la capitale.
En réponse à cette grève, les autorités françaises avaient mené des opérations de ratissage tous azimuts et procédé à l'élimination de "près de 1500 fidayin armés" qui étaient soutenus par "près de 5000 civils" à la Casbah.
L'administration coloniale a également interrogé "40 % de citoyens algériens dont des dizaines ont été arrêtés et tués. Des centaines d'autres ont été envoyés dans des camps de concentration".
Cependant, ces représailles n'ont pas eu raison de la résistance du peuple algérien, en témoigne la manifestation du 11 décembre 1960 et la poursuite de la lutte jusqu'au recouvrement de l'indépendance.
Dans l'un de ses témoignages historiques, le défunt moudjahid Yacef Saadi a relaté, les détails de la préparation de cette grève, soulignant qu'en décembre 1956, Larbi Ben M'hidi l'avait informé de la décision du CCE de lancer une grève, et lui avait remis l'argent afin d'assurer l'approvisionnement des habitants d'Alger à l'insu de l'armée coloniale.
Cette grève historique, se voulant une concrétisation réelle des clauses du Congrès de la Soummam qui appelaient à la nécessité de dynamiser le soutien populaire en vue de soutenir la Révolution, a également été marquée par une contribution significative de la communauté algérienne à l'étranger, notamment en France, dans un message clair pour confirmer la cohésion du peuple algérien et sa cohésion avec sa direction révolutionnaire.
La grève a suscité plusieurs réactions internationales, ainsi la plupart des peuples du monde se sont mobilisés pour défendre le droit du peuple algérien à la liberté, notamment à travers le fameux "discours" prononcé le 2 juillet 1957 devant le Sénat américain par le sénateur John Fitzgerald Kennedy, avant de devenir président des Etats Unis d'Amérique, dans lequel il avait affiché clairement sa position en faveur de l'indépendance de l'Algérie et fustigé les pratiques coloniales françaises et la politique américaine de soutien total à la France, soulignant que "l'indépendance des Algériens est inéluctable".