Le coup d’envoi officiel des Assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement (BAD) a été donné, mardi à Charm el Cheikh en Egypte, en présence du président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, de chefs d'Etat et de gouvernement, et de quelque 4.000 participants venus de 81 pays.
Lors de la séance d’ouverture de la 58e Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs du Groupe de la BAD et de la 49e Assemblée du Fonds africain de développement, ayant pour thème «la mobilisation des financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique», le président al-Sissi a souligné «l’équation difficile» à laquelle font face les pays africains, qui œuvrent pour la mobilisation des fonds nécessaires à leur développement tout en essayant de réduire le coût de ces financements.
Il a, à cet effet, appelé les organisations financières multilatérales à favoriser les investissements directs dans les pays africains et revoir les conditions d’octroi de crédits bonifiés au profit de ces pays, en mettant l’accent sur l’importance du thème choisi pour cette édition des Assemblées de la plus importante institution financière de développement en Afrique.
Inaugurant les «événements liés au savoir», les dirigeants politiques présents, le président de l’Union africaine (UA), le président de la commission de la même Union, le président et les cadres de la BAD, ainsi que des experts internationaux se réunissent, dans la matinée, autour d'un dialogue sur «l'évolution de l'architecture financière mondiale et le rôle des banques multilatérales de développement (BMD)».
Un dialogue qui se veut une plateforme pour passer en revue les défis auxquels fait face le multilatéralisme dans sa forme et sa portée actuelles, en explorant les possibilités de le rendre «plus réactif» aux menaces comme le changement climatique, les conflits et les pandémies sanitaires.
Les participants devront explorer les possibilités de mobiliser davantage de ressources pour financer les initiatives régionales internationales telles que l'Agenda 2030, l'Agenda 2063 de l'Union africaine et l'Accord de Paris sur le changement climatique.
Les moyens de réformer l'architecture financière mondiale pour assurer «une transition du multilatéralisme vers un système plurilatéral plus souple, plus inclusif et plus flexible», à même de répondre à la nature changeante des défis mondiaux, seront ainsi débattus à cette occasion.
Au cours des deux dernières décennies, l'Afrique a connu des risques et des «chocs climatiques» importants : 131 catastrophes liées à des conditions météorologiques extrêmes ont été enregistrées sur le continent en 2020 et 2021.
Et malgré sa faible contribution au réchauffement de la planète, le continent, et en l'absence de politiques efficace en la matière, pourrait perdre jusqu’à 12% de son PIB à l'horizon 2100, ce qui fait de la lutte contre le changement climatique et de la promotion d'une transition verte un passage obligé pour arriver à un développement durable de l'Afrique.
Cela nécessitera cependant la mobilisation de ressources financières importantes : entre 1.300 et 1.600 milliards de dollars sont nécessaires, sur la période 2020-2030, pour mettre en œuvre l'action climatique de l'Afrique qui souffre d’un déficit annuel de financement climatique de 127 milliards d'USD.
En 2020, 80% des 30 milliards d'USD de flux de financement climatique dans le continent ont été mobilisés auprès d'acteurs internationaux publics, alors que le financement fourni par le secteur privé n'y représentait que 14%, selon les données fournies par la BAD.
C’est cette problématique de manque de financement nécessaires pour la mise en œuvre de l’action climatique, aggravée par une «promesse non tenue» de mobiliser 100 milliards d'USD de financement par les pays développés, les répercussions de la COVID-19 et la crise en Ukraine, qui est au centre des débats des Assemblées de la BAD, qui se poursuivent jusqu’à vendredi.
Les responsables et experts de 80 pays vont ainsi étudier les moyens de mobiliser d'autres sources de financement pour le changement climatique et la croissance verte en Afrique, en y impliquant le secteur privé national et international, avant d’émettre des recommandations pratiques sur la façon dont l'Afrique pourrait réussir une telle mobilisation, sachant que les investissements à faible intensité de carbone requièrent des capitaux considérables que les ressources publiques ne peuvent couvrir à elles seules.