A la veille de la célébration du 68e anniversaire de la création de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et le 53e anniversaire de nationalisation des hydrocarbures, correspondant au 24 février, mais aussi de la tenu du 7e Sommet des chefs d’État et de Gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), prévu du 29 février au 2 mars à Alger, le secrétaire général de l’UGTA, estime que « le dialogue social reste une valeur sûre pour l’UGTA. »
Interrogé sur ce volet précis lors de son passage à l’émission l’Invité de la Rédaction de la chaîne 3 de la Radio Algérienne, M. Takjout, a indiqué que « sans dialogue social, suivi de concertation et de négociations, on n’aboutit pas à beaucoup de choses. Le dialogue social est aussi synonyme de la réactivité de la société », précisant que « cela va de l’entreprise, au monde de travail, à l’économie et au social. Le dialogue social est un outil à faire valoir à tous les niveaux pour dépasser les clivages au regard de ce qui se fait à travers le monde ». En revanche, il estime que « le dialogue social doit être porté par tous, y compris par les institutions, et doit être à la hauteur de la responsabilité de chacun ».
Abordant sa rencontre avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, M. Takjout a indiqué que « le chef de l’Etat a été réceptif à tous les problèmes. Après, il faudra traduire sur le terrain les mécanismes et les outils mobilisés ces dernières années pour réussir, créer des richesses et des emplois. Voir le premier magistrat du pays réceptif à toutes ces questions est très important. J’ai beaucoup d’optimisme sur les questions à venir. Après, c'est aux travailleurs d’apporter un plus et aux responsables de traduire ces décisions et ces mécanismes. Y compris les chefs d’entreprises».
« Trop de pression et de harcèlement dans le monde du travail »
Par ailleurs, M. Takjout a souligné que « la santé dans le monde du travail, notamment la santé mentale, n’est pas prise en charge par les syndicats. Des travailleurs partent en congé maladie, car il y a beaucoup de pression dans l’entreprise, comme il y a encore du harcèlement moral et sexuel. Il faudra légiférer et militer, voir traduire en justice ceux qui pourrissent l’environnement du travail», estimant que « 10 % des dépenses de la CNAS liées à la vie dans l’entreprise, c’est déjà beaucoup. Là, on dépasse 15 %, c’est catastrophique. A l’UGTA, on va mettre un département, à sa tête un professeur en médecine, qui va s’occuper de ces questions sensibles ».
En ce sens, M. Takjout a annoncé l’ouverture d’une enquête à travers le territoire national, estimant que « cette situation n’est pas rentable pour l’entreprise. Aujourd’hui, l’UGTA doit reprendre les lieux de débat, comme les assemblées générales, pour engager la discussion, car ils n’existent plus. »
« Il faut dire aux travailleurs qu’ils peuvent perdre leur emplois à cause de la transition climatique et leur dire qu’il faudra se former davantage. Il y a des choses ! Le contraire voudrait signifier qu’il y a quelques chose qui ne va pas », a déclaré le patron de la Centrale syndicale qui déplore que « le drame de notre organisation, c’est l’aspect militant qui n’existe pas. Il n’y a plus de militantisme. Les gens sont intéressés, ils ne sont plus désintéressés. Si feu Abdelhak Benhamouda et Aissat Idir étaient intéressés, ils ne seraient pas assassinés».
Du coup, argue l’intervenant, « il était temps de changer de cap dans la vie syndicale nationale », soulignant que « les syndicats ne prennent pas en charge tous les problèmes, y compris les problèmes des travailleurs ».
Après, M. Takjout a estimé que le cadre du travail devra faire l’objet d’une étude scientifique, car, explique-t-il, « il y a de la pénibilité et de la haute pénibilité », citant des exemples de travailleurs qui travaillent jusqu’à 12 heures par jour dans le Grand-Sud du pays. « Quand on perd sa santé, on ne peut pas le compenser avec de l’argent », clame encore M. Takjout qui plaide pour une concertation approfondie pour réformer le monde du travail.
« Faire le bilan des entreprises publiques en difficulté
Au chapitre des entreprises publiques en difficulté, il dira qu’« il faudra d’abord « faire un bilan pour tirer les conclusions», soulignant que « l’entreprise publique se situe dans des endroits les plus enclavées de l’Algérie. Ces entreprises ont crée de la richesse et une dynamique économique. Or, les entreprises privées sont toutes concentrées à Alger ou à Oran. Aujourd’hui, il faut aller au fin fond du pays. Ce pays, il faut le porter ».
Abordant la question de la contractualisation, M. Takjout affirme qu’« il s’agit d’un volet qu’il faut engager et discuter entre tous les partenaires sociaux. Nous avons tendance à ne pas discuter, car, encore une fois, on déteste de discuter. Le dialogue n’existe pas ».
« Poser sur la table la vérité des prix et des salaires »
En outre, M. Takjout a abordé la question du pouvoir d’achat en Algérie, estimant qu’« faut poser sur la table la vérité des prix et la vérité des salaires, car la dévaluation du dinar est un autre sujet. Il faut une étude scientifique, une étude économique et financière et cette capacité d’engager la discussion, dire c’est quoi la vérité des prix sans les subventions et c’est quoi les salaires ».
Farid Belgacem