Le Représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies, l'ambassadeur Amar Bendjama, a pointé, hier lundi la diminution significative de l'acheminement des aides humanitaires vers la bande de Ghaza, mettant l'accent sur l'«impératif» d'un cessez-le-feu «inconditionnel» dans l'enclave palestinienne, soumise à une agression génocidaire sioniste depuis 346 jours.
«Neuf mois après la mise en œuvre de la résolution 2720 dont le but était de veiller à ce que l'assistance humanitaire puisse être acheminée sans arrêt à la population ghazaouie qui meurt de faim, nous sommes confrontés à une réalité dérangeante. La vérité c'est que le mécanisme que nous avons mis en place, même si d'un point de vue opérationnel fonctionne, n'a pas produit les résultats que nous attendions», a déclaré M. Bendjama lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur «la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne».
«La réalité c'est que l'acheminement ou les livraisons d'aides humanitaires ont diminué de manière significative depuis l'adoption de la résolution (2720) au mois de décembre», a-t-il déploré.
M. Bendjama a notamment cité les données fournies par les Nations unies selon lesquelles seuls 62 camions sont entrés chaque jour à Ghaza au cours des 10 premiers jours du mois de septembre.
Il a fait savoir qu'en comparaison, «97 camions sont entrés en décembre 2023 quotidiennement à Ghaza lorsque la résolution 2720 a été adoptée», ce qui veut dire, a-t-il poursuivi, qu'«avant l'adoption de la résolution l’année dernière, il y avait eu plus de 500 camions qui sont entrés» dans l'enclave palestinienne.
Le Représentant permanent de l'Algérie auprès de l'ONU a souligné qu'«il ne s'agit pas ici d'un problème logistique mais d’une impasse politique, à chaque fois plus profonde et dont on ne n’arrive pas à sortir, causée par les autorités israéliennes».
«Nous devons bien reconnaître que les efforts bien intentionnés qui étaient les nôtres pour faire face à une crise politique par des moyens purement humanitaires et logistiques, se sont avérés insuffisants», a-t-il opiné.
Dans ce contexte, M. Bendjama a souligné une fois de plus qu'un «cessez-le-feu à Ghaza n'est pas simplement souhaitable (mais) un impératif et ce, sans conditions».
Il est, en outre, revenu sur une «question très inquiétante», à savoir les six membres du personnel de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) qui ont perdu la vie dans des frappes sionistes. «Ceci n'est pas simplement condamnable, ceci nous rappelle à quel point les normes internationales que nous travaillons depuis longtemps à construire sont en train de s'éroder de manière dangereuse», a-t-il dénoncé.
Soulignant que «nous sommes une fois de plus à la croisée des chemins», M. Bendjama a cité le commissaire général de l'UNRWA, M. Philippe Lazzarini qui a fait remarquer que, plus l’impunité va durer, plus les conventions de Genève et le droit international humanitaire deviendront de plus en plus inutiles.
Face à ce constat jugé alarmant, M. Bendjama a souligné que «même dans cette période très sombre, il y a des lueurs d'espoir», relevant à ce titre, que «la campagne de vaccination contre la polio, organisée récemment et qui, au 13 septembre, avait atteint 560 000 des 625 000 enfants de Ghaza, témoigne de ce qui est possible d'obtenir si on arrive à mobiliser la volonté politique nécessaire».
Saluant le travail accompli par l'organisation mondiale de la santé (OMS), l'Unicef et l'UNRWA dans ce domaine, il a indiqué que ces réalisations prouvent ce qui est possible de faire lorsqu'il y a une volonté politique et une coordination digne de ce nom entre les institutions des Nations unies et les bailleurs de fonds.
Relevant également que ces réalisations soulignent plusieurs points fondamentaux, M. Bendjama a, entre autres, indiqué que «la coordination Inter institutions est fondamentale pour qu'une action effective puisse avoir lieu à Ghaza et que l’UNRWA est indispensable et son personnel est en première ligne d'initiatives cruciales comme cela nous a été rappelé lors de la campagne de vaccination» contre la polio.
Il a, à ce titre, insisté sur le fait que les projets de redressement rapide doivent bénéficier de la priorité pour éviter que les conditions de vie à Ghaza ne se détériorent, notant que «si on peut prévenir la polio par la vaccination, d'autres maladies ne pourront peut-être pas être prévenus et que nous devons donc agir avant qu’il ne soit trop tard».
Enfin, M. Bendjama a fait savoir que le chemin à suivre est difficile mais clair, soulignant que l'application de la résolution 2720 suppose non seulement de mettre en place un cessez-le-feu, mais également de rétablir la stabilité à Ghaza et de mettre en œuvre un plan de reconstruction, un plan d'ensemble bien coordonné.
Il a notamment signalé que «la communauté internationale a une responsabilité très lourde et qu'il nous incombe de travailler d'arrache-pied pour favoriser l'avènement d'un cessez-le-feu et jeter les bases d'un avenir plus stable et plus prospère pour la région».