Nâama: des traditions ancestrales marquent la célébration de Yennayer

Yennayer
11/01/2025 - 12:31

Les habitants des oasis des Monts des Ksour, dans la wilaya de Nâama, continuent de perpétuer des traditions ancestrales pour célébrer le Nouvel An amazigh Yennayer, qui marque le début de la saison hivernale de l'année agricole et constitue une occasion de raviver les coutumes authentiques et de renforcer les liens familiaux.

L’essence de cette célébration réside dans la préservation des coutumes et des festivités, qui représentent un patrimoine immatériel de plusieurs régions de la wilaya, telles que les ksour d’Asla, Tiout, Sfissifa, entre autres, dans le but de garantir leur durabilité, selon plusieurs notables et habitants des oasis des monts Ksour.

La célébration de Yennayer, qui coïncide également avec la fin de la récolte des dattes, est intimement liée à la terre et aux activités agricoles.

Les habitants considèrent souvent cette période de l’année comme étant le moment propice pour le lancement des travaux agricoles et l’associent à un sentiment d’optimisme pour une année prospère grâce aux pluies bienfaitrices, comme l’explique Hadj Khechaï Mâammar, notable de Ksar Tiout.

Il ajoute que le nouvel an amazigh est une étape pour évaluer la saison agricole et réhabiliter les palmeraies, en procédant au nettoyage des arbres, à l’élagage des branches sèches, au curage des puits d’irrigation et au nettoyage des canaux traditionnels de distribution d’eau. Ce calendrier amazigh, lié à la terre et à l’agriculture, est profondément enraciné dans l’histoire.

L’Association nationale pour le développement du tourisme des ksour et des oasis s’efforce de le transmettre aux générations futures et de le préserver comme un patrimoine commun et un symbole de la mémoire collective, souligne le président de l’association, Bounoua Mohamed.

La célébration de cette occasion patrimoniale à Nâama se déroule dans une ambiance conviviale autour d’un dîner collectif organisé la veille du nouvel an.

Les habitants préparent un plat traditionnel appelé «mardoud» ou «berkoukes» en amazigh, constitué de petites graines de semoule roulées, plus grosses que celles du couscous, accompagnées d’une sauce aux légumes et à la viande, fraîche ou séchée (Keddid).

Ce plat, particulièrement consommé en hiver, peut être épicé ou sucré avec des morceaux de dattes.

El Hadja Yamina Azrou, habitante de Ksar Sfissifa, précise que ce plat est enrichi de beurre clarifié (Smen), connu localement sous le nom de «Akka», de fèves, de piments, de «Klila» (lait caillé séché) et d’herbes variées, ainsi que de «hermes» (abricots secs).

Les familles le servent dans des plateaux à l’entrée des anciens ksour, «Aghrem Aqdim», pour être partagé avec les personnes de passage, les voisins et les proches.

Un autre plat traditionnel préparé pour Yennayer est «cherchem», appelé aussi «irchmen» ou «irkmen», fait de blé trempé et cuit, auquel on ajoute du beurre, du miel, parfois des pois chiches cuits, ou encore de la farine grillée.

Jadis, les ménagères profitaient également de cette fête pour renouveler les ustensiles de cuisine et pour renouveler les «M’nasseb», des pierres, généralement au nombre de trois utilisées en guise de support aux marmites et autres récipients de cuisson.

Autrefois, les femmes repeignaient les maisons des ksour avec de l’argile, appelée «toumllilt» en amazigh, et renouvelaient les tapis et les coussins.

Les marchés de la wilaya, tels que celui de la rue Bouarfa à Aïn Sefra, s’animent avec des étals regorgeant de confiseries et de fruits secs, permettant aux commerçants d’espérer de bonnes ventes.

Les familles se rassemblent pour un dîner festif suivi de veillées, où l’on jette des bonbons et les fruits secs «El-mkhallat» sur la tête du plus jeune membre de chaque famille, un rituel symbolisant un avenir prospère.

Dans la région d’Aïn Ouarka, à l’est de la wilaya, les habitants célèbrent Yennayer par des cercles de chants traditionnels, louant les bienfaits qu’apporte le nouvel an amazigh, perçu comme un symbole d’abondance et de prospérité.

Par ailleurs, les structures culturelles et de jeunesse de la wilaya de Nâama organisent des spectacles folkloriques de troupes de baroud, des expositions de livres en langue amazighe, ainsi que des photographies patrimoniales pour promouvoir les sites touristiques de la wilaya.

APS

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