Le gouvernement de la République sahraouie (RASD) a vivement critiqué la nouvelle position exprimée vendredi par le gouvernement espagnol sur la question du Sahara occidental, la qualifiant de « dérive dangereuse » et contraire aux décisions de la légalité internationale.
« Le gouvernement de la République sahraouie et le Front Populaire de libération de Saguia El-Hamra et du Rio de Oro (Front Polisario) ont été informés avec étonnement, vendredi après-midi, du contenu des deux déclarations émises par l'occupant marocain et le gouvernement de la puissance administrante espagnole », déclare la présidence sahraouie dans un communiqué publié par l'Agence de presse SPS.
« La position exprimée par le gouvernement espagnol est absolument en contradiction avec la légalité internationale. Les Nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne, la Cour internationale de justice, la Cour européenne de justice et toutes les organisations régionales et continentales ne reconnaissent pas la (prétendue) souveraineté marocaine sur le Sahara occidental », précise la déclaration.
« L'Espagne, avec la France, a plus de responsabilités juridiques et politiques que d'autres dans la défense des frontières internationales reconnues et la lutte contre l'expansion marocaine. Cette responsabilité ne s'éteint pas tant que le peuple sahraoui n'aura pas pu exercer son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance », souligne la même source.
Et d'ajouter: « La position exprimée dans les deux déclarations manque de crédibilité, de sérieux, de responsabilité et de réalisme, car c'est une dérive dangereuse, elle contredit la légalité internationale, elle soutient l'occupation, elle encourage l'agression et la politique du fait accompli et de la fuite en avant, et va légitimer la répression, les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le pillage des richesses que le Maroc continue d'utiliser contre le peuple sahraoui, en violation des résolutions internationales. »
« Cela se produit dans un contexte très grave que traverse le conflit au Sahara occidental après le retour à la guerre en novembre 2020, et l'état de tension dans la région en raison de la persistance du Royaume du Maroc dans ses politiques expansionnistes et ses plans pour perturber la sécurité et la stabilité de la région », tient à préciser le communiqué.
Madrid a « malheureusement » cédé au chantage marocain
Le changement de position de Madrid est, selon la présidence sahraouie et le Front Polisario, « le résultat de mois intenses de chantage marocain contre l'Espagne pour restaurer les relations diplomatiques à leur état antérieur. Malheureusement, au lieu que Madrid entende restaurer ses relations bilatérales avec son voisin du sud sur des bases solides, il a choisi de se soumettre, une fois de plus, au chantage marocain », déplore la même source.
De plus, la position exprimée par Madrid « contient des éléments très dangereux, comme la référence à la proposition marocaine comme "la plus sérieuse, réaliste et objective...", pour résoudre le conflit au Sahara occidental », en appui clair à l'approche unilatérale, en contradiction avec la légitimité, le droit international et l’exercice libre et démocratique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance, regrettent la présidence sahraouie et le Front Polisario.
Cette position « affecte tout rôle éventuel de l'Espagne dans la solution du conflit et dans la décolonisation du Sahara occidental, ainsi que les efforts actuels pour réactiver le processus de paix parrainé par les Nations unies », indique le communiqué.
« Nous avions l'espoir que l'Espagne accompagne les deux parties et le nouvel envoyé personnel du SG de l'ONU pour revitaliser le processus politique. Il est regrettable que Madrid choisisse, une fois de plus, de se soumettre au chantage marocain et de dissiper les espoirs qui existaient, alimentant la tension et l'escalade », déplorent encore la présidence et le Polisario.
« Malgré tout cela, l'Espagne ne peut unilatéralement se dessaisir de ses responsabilités juridiques envers le Sahara occidental et son peuple, étant la puissance administrante du Territoire en attendant sa décolonisation. Elle ne peut pas non plus tourner le dos à ses responsabilités politiques, puisqu'elle est le principal responsable de la souffrance du peuple sahraoui et de tous les peuples de la région, qui jusqu'à présent n'ont pas pu jouir de la stabilité en raison de l'hémorragie laissée par l'Espagne en 1975, et qui continue d'empoisonner les relations des peuples et des pays de la région », souligne par ailleurs le communiqué.
Et enfin, « le peuple sahraoui, son gouvernement et le Front Polisario lancent un appel urgent aux forces politiques espagnoles et à tous les peuples d'Espagne, afin qu'ils fassent pression sur le gouvernement espagnol pour qu'il corrige cette malencontreuse erreur », conclut le communiqué.