Allocution du président de la République à la Conférence internationale sur le financement du développement

نذير العرباوي
01/07/2025 - 16:26

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a adressé, ce mardi, une allocution aux participants à la 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4), qui se tient à Séville, prononcée en son nom par le Premier ministre, M. Nadir Larbaoui, lors de la séance plénière. En voici le texte intégral:

«Au nom d'Allah, Clément et Miséricordieux,

Monsieur le président du Gouvernement du Royaume d'Espagne, M. Pedro Sanchez,

Monsieur le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Antonio Guterres,

Monsieur le président de l'Assemblée générale des Nations Unies, M. Philémon Yang,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Cette quatrième Conférence internationale sur le financement du développement se tient dans une conjoncture internationale où le fossé de développement entre les pays se creuse, le fardeau de la dette s'alourdit, sans parler de l'impact des retombées du changement climatique sur les économies de plusieurs pays et de l'aggravation des conflits et des guerres, y compris ce qui se passe au Moyen-Orient, en particulier en Palestine occupée et à Ghaza meurtrie, en proie à un génocide contre le peuple palestinien frère qui lutte pour le recouvrement de ses droits légitimes et l'établissement de son Etat indépendant avec El Qods pour capitale.

Monsieur le président,

Mesdames et Messieurs,

Dans ce contexte politique et économique complexe et erratique, nous aspirons à ce que cette conférence soit un tournant décisif pour le renouvellement de notre engagement commun à passer à une nouvelle étape d'action collective efficace à travers la formulation de conclusions audacieuses et opérationnelles pour une refonte du système financier international, qui n'est plus adapté aux mutations majeures que connaît le monde aujourd'hui et ne peut plus répondre aux exigences du développement durable. Un système qui consacre des dysfonctionnements structurels qui accentuent la marginalisation des pays en développement et compromettent leurs chances d'atteindre les Objectifs de développement durable à l'horizon 2030.

Cette ambition légitime trouve sa justification dans l'injustice subie par le continent africain, encore accablé par des défis ardus en raison de la rareté des sources de financement du développement et de l'alourdissement du fardeau de la dette, notamment en raison des coûts du service de la dette et de ses intérêts qui sont cinq fois supérieurs aux montants obtenus auprès des banques multilatérales de développement, ce qui compromet l'efficacité de ses efforts de développement et l'entraîne dans une spirale marquée par la hausse des coûts de financement, la baisse du capital-investissement et une transformation structurelle limitée, réduisant ainsi sa capacité à garantir la stabilité et à contribuer, à la hauteur requise, à la réalisation du bien-être commun.

La dette extérieure croissante constitue l'un des principaux obstacles qui entravent les pays du continent africain, ce qui rend impératif le lancement d'initiatives mondiales d'urgence pour traiter la problématique de la dette, notamment à travers des mesures décisives, dont l'allègement du fardeau de la dette et son exonération totale pour certains pays.

Nous sommes convaincus que le système multilatéral doit ancrer les principes de justice et d'équité au service des intérêts de tous les Etats membres des Nations Unies, sans exclusive. C'est pourquoi, nous avons aujourd'hui un besoin impérieux d'une refonte de l'architecture financière mondiale, tout en permettant aux pays en développement de participer à la gouvernance des institutions financières mondiales, afin que les structures décisionnelles reflètent les réalités d'un monde multipolaire garantissant le financement du développement pour tous les pays.

A cet effet, nous soutenons la création d'un cadre de travail onusien visant à remédier aux failles dans la structure de la dette et à proposer des options pratiques et équitables pour traiter la question de la soutenabilité de la dette.

A ce titre, j'appelle, depuis cette tribune, à trouver des solutions d'urgence à la notation financière biaisée, qui coûte cher à plusieurs pays africains, en adoptant des méthodes de notation plus transparentes et plus équitables. Dans ce contexte, nous nous félicitons de la création d'une agence de notation financière africaine indépendante que nous souhaitons voir activée dans les plus brefs délais.

Monsieur le président,

Mesdames et Messieurs,

Outre la crise de la dette, l'imposition de cadres réglementaires et de normes rigides aux pays bénéficiaires de l'aide au développement entrave la mise en œuvre de leurs projets prioritaires et limite l'efficacité de la coopération internationale. Aussi, nous appelons à l'adoption de politiques plus souples et réalistes dans l'orientation de ces aides, fondées sur le partenariat et l'entente mutuelle, au lieu des diktats et des conditions préalables qui ne tiennent pas compte des spécificités nationales et des contextes locaux.

A ce propos, je voudrais réaffirmer l'importance de promouvoir la coopération internationale pour le développement et de renforcer la solidarité entre les peuples, notamment à travers la réactivation du rôle des cadres internationaux pertinents, à l'instar du Forum sur le financement du développement et du Forum sur la coopération pour le développement, en tant que mécanismes internationaux inclusifs, contribuant au succès des initiatives prises en soutien au développement.

Je ne manquerai pas de rappeler qu'en dépit de leur importance, les financements privés ne peuvent pas remplacer les aides publiques au développement, notamment dans les pays souffrant d'une vulnérabilité économique ou d'une faiblesse de l'infrastructure.

Par conséquent, compter sur le secteur privé pour financer le développement ne sera pas suffisant, à moins qu'il ne soit accompagné d'un engagement international fort en faveur du renforcement des aides publiques au développement et du soutien aux capacités des pays les moins développés et des pays pauvres à construire des économies solides et inclusives, capables de répondre aux aspirations de leurs peuples.

Dans ce cadre, je voudrais, devant votre auguste assemblée, saluer les acquis consacrés, tel l'engagement des pays développés à consacrer 0,7% de leur revenu national brut comme aide  au développement au profit des pays en voie de développement. Il s'agit là d'un indicateur positif porteur d'espoir et de crédibilité en matière de solidarité internationale.

Je voudrais aussi saluer les efforts visant à réduire les activités financières illicites, ainsi que les mesures visant à éliminer les paradis fiscaux et les failles favorisant les flux financiers illicites.

Monsieur le président,

Mesdames et Messieurs,

L'Algérie a fait du développement durable et de la solidarité internationale des piliers essentiels de sa politique extérieure, à travers sa contribution permanente aux efforts de développement sur le continent africain dans divers cadres de coopération bilatéraux et multilatéraux, ainsi que par son plein engagement dans la concrétisation de l'intégration continentale via plusieurs projets.

De plus, mon pays œuvre actuellement, par le biais de l'Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, à soutenir les infrastructures, la santé, l'éducation, l'énergie et d'autres projets de développement dans plusieurs pays africains, auxquels elle a consacré pas moins d'un (1) milliard de dollars.

En adoptant une politique financière fondée sur la mobilisation de ses ressources propres, mon pays a réussi à s'affranchir totalement du fardeau de la dette extérieure, ce qui lui permet de jouer un rôle actif dans l'aide aux pays qui continuent de crouler sous les dettes accumulées, lesquelles constituent un obstacle aux objectifs de développement durable.

Pour conclure, je voudrais souligner la nécessité de passer de la phase du diagnostic à celle de l'initiative concrète, en trouvant les solutions à même de financer le développement, souhaitant que cette conférence marque le départ d'un processus de développement global répondant à notre conviction que le bien-être commun est désormais une exigence fondamentale et non pas un choix secondaire, dont la réalisation passe impérativement par la réduction du fossé de développement et des disparités entre les pays, pour la création d'un environnement international permettant de prendre en charge les différents défis et crises que connaît notre monde aujourd'hui.

Je vous remercie pour votre aimable attention».

Source
APS
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