Dans un entretien accordé à Radio Algérie International (RAI), le directeur du patrimoine mondial à l’UNESCO a confirmé que les sites africains classés au patrimoine mondial par l'organisation onusienne ne représentent effectivement que 12% de l’ensemble des sites classés dans le reste du monde. Une aberration criarde lorsqu'on sait que le continent est connu pour être « le berceau de l’humanité ». En effet, seulement 139 sites africains sont inscrits sur un total de 1154. Comment l'expliquer ?
M. Lazare Eloundou Assomo, premier africain à accéder à la Direction du patrimoine mondial à l’Unesco, a reconnu qu’effectivement «cette faible représentation n’est pas très compréhensible et c’est ce à quoi nous travaillons actuellement, pour une représentation plus équilibrée et pour la promotion de l’histoire et des identités de l’Afrique (…) Mais aussi pour son développement socio-économique à travers la contribution à la promotion du tourisme culturel durable et la création d’emplois ».
A la question de savoir si des sites et des biens sont proposés par les pays africains, l’invité de la Radio Algérienne a confirmé qu’ils sont en effet nombreux « grâce à une nouvelle stratégie qui va être lancée d’ici la fin de l’année en cours pour faire de l’Afrique une priorité ». Ceci s'explique, selon M. Lazare Eloundou Assomo, par l'existence « d'un cadre important et des institutions telles que le Fonds du patrimoine mondial africain, basé en Afrique du sud, et qui joue un rôle très important, ainsi que des universités qui forment dans le domaine du patrimoine et de nombreux professionnels qu’on ne connaissaient pas il y a à peine 20 ans ». M. Lazare Eloundou Assomo a exprimé son optimisme quant aux possibilités désormais permises pour « identifier les meilleurs sites culturels mais aussi naturels, de préparer des dossiers convaincants pour leur inscription au patrimoine mondial ».
Répondant aux questions de la journaliste de la RAI, Imène Saad, M. Lazare Eloundou Assomo s’est aussi exprimé sur l’épineuse problématique du pillage des biens culturels africains par les anciennes colonies et les difficultés de leur restitution à l’Afrique. Autre question abordée, la protection des sites et biens culturels africains dans les zones de conflits et contre les effets des changements climatiques.
Au sujet de l'Algérie, qui dispose à jour de sept (07) sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco, l'invité de la RAI a souligné la longue expérience de l'Algérie en matière de conservation et de gestion du patrimoine matériel et immatériel. Il a tenu à rendre hommage, à l'occasion de cette célébration de la journée mondiale du patrimoine africain, à tous les professionnels du secteur et dit s'attendre, dans cette dynamique, à plus d'inscriptions de sites algériens au patrimoine mondial.
Retrouver ci-dessous les réponses de M. Lazare Eloundou Assomo à ces questions, et à bien d’autres, dans l’entretien complet de Imène Saad réalisé à cette occasion, une journée proclamée en 2015 pour promouvoir la culture africaine à travers le monde et qui reste à ce jour sous évalué et sous représenté.
Radio Algérie Multimédia / Yasmina Ferchouch