Lyès Akhamouk, infectiologue : « La réticence à la vaccination en Algérie fait réellement peur »  

16/12/2021 - 11:49

Le Comité scientifique de suivi de la pandémie est en alerte depuis mercredi. Réuni en session ouverte, ce Comité de veille sur le Covid-19 tire la sonnette d’alarme dès l’annonce du premier cas Omicron détecté mardi en Algérie. Un virus que le Pr. Lyès Akhamouk décrit comme étant « très contagieux mais moins nocif que le variant prédominant Delta. »

Cette réunion, qui s’inscrit en droite ligne avec la visioconférence du ministre de la Santé avec les Directeurs de santé publiques (DSP) de wilayas était, selon l’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne,  consacrée à l’adoption  d’un dispositif spécial requis pour se préparer humainement et matériellement contre la quatrième vague du Covid-19.  

Il s’agit surtout, explique-t-il, d’adapter, en concertation avec les DSP et les conseils scientifiques, les hôpitaux dédiés au Covid-19 dans chaque wilaya et ce pour permettre la continuité des soins surtout avec la 3e vague qui a été très violente pour les malades chroniques dont rhumatismales, l’hypertension, le diabète, les cancéreux...etc, et surtout « pallier à la rupture des stocks en matière de médicaments, faire l’inventaire des appareils médicaux en maintenance comme les respirateurs et voir surtout le stock de l’oxygène ».

« On ne peut éviter cette 4e vague, on est en plein dedans, toutefois il faut aplanir la courbe et surtout se préparer au maximum », a-t-il avisé tout en estimant qu’on est toutefois mieux préparé. « Nous sommes mieux préparés par rapport aux deux vagues précédentes », rassure-t-il.

Eu égard à d’autres paramètres annonciateurs du pic de la quatrième vague, telle l’occupation des lits de réanimation, dans les grandes wilayas comme Alger, Jijel, Béjaia, Tizi Ouzou et Oran, il y a un mois d'hospitalisation. Selon l’infectiologue, les études disent que jusque-là « Omicron est moins nocif que le Delta, c’est ce qui est un peu plus rassurant », indiquant  que c’est le Delta qui est responsable de la quatrième vague. « Ce prédominant Delta fait tant peur aux membres du Comité scientifique qu’à la population », citant l’exemple de l’Angleterre où on a constaté que le taux de contamination double chaque deux jours et qui est actuellement à 40% d’Omicron.

Le diagnostic prédit que dans quelques semaines, le variant Omicron qui est trois fois plus contagieux que la souche Covid de Wuhan écartera complètement le Delta ».

Réticence à la vaccination meurtrière

Le souci majeur, en revanche, aux yeux du membre du Comité scientifique, c'est la réticence à la vaccination, qu’il considère comme un effet aggravant des contaminations, et demeure inquiétante, car dit-t-il « on ne sait toujours rien » sur les formes de mutation, la transmissibilité et la dangerosité de ce virus mortel. « Avec ce virus, on a eu beaucoup de surprises », indique-t-il. Et d’ajouter « personne ne s’attendait à ce que la troisième vague soit très violente, personne ne voyait venir cette pression sur la demande d’oxygène qu’on n’a pas vécu à la première ni la deuxième vague.

En Italie, rappelle-t-il, la première vague par exemple était plus meurtrière, la deuxième était plus douce. Or, en Inde c’est plutôt l’inverse mais ils ont souffert surtout de la 3e vague. « En Algérie, on a très peur malgré le taux faible de contamination », alerte-t-il. En Angleterre, cite-t-il, il y a 78 000 contaminations par jour mais le système de santé n’est pas en souffrance, c’est-à-dire il n’y a pas beaucoup d’hospitalisés et trop peu de décès.

On se vaccine pour ne pas aller à l’hôpital

« On ne se vaccine pas pour ne pas tomber malade mais on se vaccine pour ne pas aller à l’hôpital, pour ne pas mourir », martèle le professeur, arborant « c’est ce qui sauve le système de santé et c’est ce qui nous évite l’apparition de nouveaux variants ».

« Il va y voir de nouveaux variants dans les pays à faible taux de vaccination notamment avec l’apparition d’Omicron détecté en Afrique du Sud où la vaccination n’excède pas les 40% », avertit l’intervenant. Si on a perdu une guerre, dit-il, c’est celle des réseaux sociaux à qui il incombe cette réticence à la vaccination. « Car il y a beaucoup de complotistes qui partagent tout et n’importe quoi », admet-il.

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