Les cours du pétrole ont terminé en légère hausse jeudi, pris entre l'optimisme d'un accord sur le nucléaire iranien et les craintes d'une accélération du durcissement monétaire aux Etats-Unis.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, le plus échangé à Londres, a cédé 0,15% pour clôturer à 91,41 dollars.
A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) avec échéance en mars s'est lui apprécié de 0,24%, à 89,88 dollars.
Le marché digérait encore la baisse surprise, annoncée mercredi, des stocks américains de brut et d'essence la semaine dernière.
Pour Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank, le fait que le marché n'ait pas réagi davantage à l'annonce "est probablement lié aux efforts du gouvernement américain pour contrer la hausse des prix", a-t-il expliqué dans une note.
Le président américain Joe Biden s'est entretenu mercredi par téléphone avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, notamment de l'offre d'or noir. Carsten Fritsch mentionne aussi la rumeur insistante d'une nouvelle utilisation massive des réserves stratégiques de pétrole, après avoir déjà tiré 50 millions de barils fin 2021. Ces réserves stratégiques ont atteint, la semaine dernière, leur plus bas niveau en quasiment 20 ans (septembre 2002).
Troisième front sur lequel les États-Unis sont actifs, les négociations sur le programme nucléaire iranien, qui ont repris en début de semaine, le gouvernement Biden visant un accord rapide.
Pour Stephen Schork, analyste et auteur du Schork Report, les opérateurs croient davantage à un accord avec l'Iran qu'à une invasion russe de l'Ukraine.
Le marché a aussi encaissé, jeudi, la publication de l'indice des prix américains CPI, qui s'est inscrit à 7,5% sur un an, son plus haut niveau en 40 ans, contre 7,2% attendu.
"Ces prix élevés relancent la possibilité que la Fed (Banque centrale américaine) démarre son cycle de resserrement avec une hausse de 50 points de base" (0,5 point de pourcentage), a commenté, dans une note, Kathy Bostjancic, d'Oxford Economics, alors que l'institution procède ordinairement par quart de point.
Une accélération du durcissement monétaire profiterait au dollar et augmenterait le risque d'un fort ralentissement économique, voire d'une récession, deux éléments qui sont chacun défavorables aux cours de l'or noir, a expliqué Stephen Schork.
"Si nous sommes capables de tenir à 90 dollars (le baril) avec ça, à un moment de l'année où la demande est traditionnellement plus faible, cela signifie que le marché prépare sa marche vers 100 dollars" pour la fin du printemps, saison où les automobilistes reprennent davantage la route, a prévenu l'analyste.