Choguel Maïga : l'opération Barkhane a été un « échec stratégique et politique »

mali barkhane
22/02/2022 - 16:46

Le Premier ministre malien, Choguel Maïga a affirmé que l'opération Barkhane conduite par les forces françaises dans le Nord du Mali a été un « échec stratégique et politique », rejetant la « politique du fait accompli et des décisions unilatérales ». 

Dans un entretien accordé, dimanche dernier, à la télévision malienne, le Premier ministre est revenu sur les trois objectifs principaux assignés à la force Barkhane à savoir détruire le terrorisme, réinstaurer l'intégrité de l'Etat sur l'ensemble du territoire national et faire appliquer les résolutions des Nations unies.

Cependant, le chef du gouvernement a indiqué que ce déploiement n'a pas eu l'effet escompté huit ans plus tard. Il a assuré que le terrorisme qui était « résiduel » en 2013 a atteint 80% du territoire malien en 2021 et qu'il existe encore des « parties du territoire qui échappent au contrôle de l'autorité malienne ».

« Quand vous faites le bilan global de Barkhane c'est un échec. Il ne faut pas avoir honte de le dire. C'est un échec stratégique, politique, c'est un échec tout court. Maintenant il faut en tirer les leçons », a lancé M. Choguel Maïga, rappelant que les autorités françaises avaient justifié l'arrivée de leurs troupes en 2013 au Mali par la demande de l'Etat malien, afin d'offrir un appui aérien et en renseignement.

« En tant que partenaire on doit d'abord se respecter (...) en un mot on doit rester dans le cadre du droit », a-t-il ajouté, soutenant que « la politique du fait accompli, des déclarations péremptoires, des décisions unilatérales, ne conviennent plus au gouvernement actuel du Mali ».

Alors que Barkhane avait pour objectif en 2016 de contenir les terroristes et d'aider les populations, M. Maïga a assuré que cette mission n'a pas réussi à contenir le terrorisme, pour preuve, « il part au-delà de nos frontières et atteint les autres pays. Nous avons assisté jusqu'à une date récente aux tueries massives des populations, de nos soldats qui sont enterrés par dizaine dans des fosses communes ». 

Le Premier ministre dira, en outre, que Barkhane a fait un certain nombre d'actions sociales en faveur de la population « mais tout le monde sait que ce n'est pas la vocation d'une armée », a-t-il noté. 

Selon lui, le gouvernement français aurait adopté la politique de l'autruche au moment de faire le bilan des opérations. « Quand on a voulu le faire, c'est dans les médias que nous apprenons le 3 juin, la suspension des opérations militaires. Le 10 juin c'était au tour de la suspension des opérations militaires avec nos forces armées de sécurité. Et l'autre jour, c'est par un point de presse que nous apprenons que ces opérations s'arrêtent », a-t-il déclaré.

« C'est la France qui s'est opposée et a empêché que l'Etat malien recouvre son intégrité. (Les Français) ont créé une enclave dans le Nord, où les terroristes s'organisaient pour revenir à la charge, c'est connu et c'est documenté », a-t-il affirmé. 

A la question de se retourner vers d'autres partenaires militaires en référence à la Russie après le départ des forces françaises, M. Maïga a répondu, que « tout en gardant nos partenaires, nous avons décidé d'aller vers d'autres horizons pour diversifier nos partenariats et défendre les Maliens », assurant que « la Russie est un partenaire et ami historique (...) nous avons décidé de faire ce qui est bon pour notre peuple ».

Le premier ministre malien n’a pas manqué de remercier l'Algérie pour son soutien aux efforts de la paix, de la réconciliation et de sortie de crise du Mali, saluant également l'Union africaine (UA) qui a appelé à la concertation et au respect de la volonté du peuple malien.

APS