Le professeur d'histoire à l'Université de Blida 2, Mohamed Cherif Sidi Moussa affirme que les manifestations du 11 décembre 1960 constituent un événement marquant qui a contribué de manière décisive à l'accession de l'Algérie à l'indépendance. Ces manifestations ont permis de briser le discours colonialiste selon lequel « l'Algérie est française » et ont réussi à internationaliser la juste cause algérienne, déclare-t-il.
Les manifestations du 11 décembre 1960 n'auraient pas eu un tel impact sans la solidarité indéfectible du peuple algérien, qui s'est massivement rallié à ses dirigeants, représentés par le Front de Libération Nationale (FLN) et l'Armée de Libération Nationale (ALN). Ces derniers ont envoyé un message clair au monde entier : « L'Algérie n'est pas française et ne le sera jamais. ». Ce message a contribué à l'internationalisation de la cause algérienne et a attiré l'attention des médias mondiaux, a expliqué le Dr Mohamed Cherif Sidi Moussa lors de son intervention dans l'émission « l’invité de la matinale » sur la Chaine 1 de la Radio algérienne.
Il a rappelé que cette étape historique a été un tournant dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie, contrecarrant ainsi les tentatives persistantes du colonisateur de maintenir l'Algérie sous domination française. Le général de Gaulle, une fois arrivé au pouvoir en 1958, a eu recours à des stratégies répressives, incluant des exécutions et des assassinats, mais ces tentatives ont échoué après deux ans de son ascension à la tête de la Cinquième République française.
Les manifestations du 11 décembre ont eu un impact majeur en prouvant au monde entier que le peuple algérien ne se battait pas pour « rester français », comme le prétendait la France, mais bien pour son droit à l'autodétermination. Ce soulèvement populaire a convaincu l'Assemblée générale des Nations unies, lors de sa 15e session, de soutenir la cause de l'autodétermination et d'ouvrir des négociations directes entre la partie algérienne, représentée par le FLN et l'ALN, et la France.
Sidi Moussa a insisté sur l'ampleur de ces manifestations, qui ont touché l'ensemble du territoire national et impliqué des femmes, des personnes âgées, ainsi que des enfants. « Elles sont survenues au lendemain d'une division au sein du pouvoir français, entre les partisans de De Gaulle qui défendaient le slogan « L'Algérie est algérienne » et ses opposants, qui militaient pour « l'Algérie est française » », rappelle-t-il. Face à cette situation, poursuit l’invité de la Chaine 1, le FLN et l'ALN ont organisé des manifestations pacifiques réclamant des négociations et une solution politique au conflit. En réponse, les forces coloniales ont réagi par une violente répression, déployant chars, balles réelles et arrestations massives, entraînant la martyrisation de nombreux Algériens dans des villes comme Blida, Alger, Sidi Bel Abbès, Oran, Constantine, Béjaïa, entre autres.
La nécessité de préserver les acquis
Le Dr Mohamed Cherif Sidi Moussa a, par ailleurs, insisté sur l'importance de préserver les acquis de la Révolution algérienne, tant sur le plan moral que matériel, afin de poursuivre la construction de l'Algérie nouvelle et d'assurer la continuité du processus de développement. Comme l'a indiqué le Président de la République dans son message récent : « cette responsabilité incombe à toute la nation ».
L'historien a salué les efforts des autorités publiques pour préserver l'histoire et la mémoire nationale. Appelant à s'appuyer sur une solide école historique algérienne et de rédiger l'histoire de manière scientifique et académique, il avance que « cette approche devrait tenir compte des intérêts de l'Algérie dans divers domaines, tels que l'université, le cinéma et les médias, afin de servir au mieux la mémoire nationale ».