Les divergences politiques entre l’Algérie et la France façonnent des blocages et des tensions entre Alger et Paris. L’expert Badis Khenissa estime que « cela doit cesser » et que « le président français doit s’imposer pour reprendre les choses en main et sonner la fin à la récréation, qui profite à une extrême droite française haineuse qui s’attaque à l’Algérie et tout ce qui la symbolise ».
« C’est ce qui a été rappelé par le président Abdelmadjid Tebboune dans sa récente interview accordé à l’Opinion », souligne l'intervenant à l'émission «L'Invité du jour», de la chaine 3 de la Radio Algérienne, ajoutant que « le président est sorti de son silence démontrant qu’il est un président qui affectionne le dialogue, voire le sérieux de l’Etat Algérien qui se fasse dans le cadre des règles minima d’Etat à Etat, en ce sens que tout président doit être maitre de sa diplomatie ».
On assiste à un hold-up de la diplomatie en France
« En effet, on assiste à un hold-up de la Diplomatie en France par cette extrême droite qui a toute la latitude de venir, à chaque fois, proférer des allégations, voire des fantasmes de l’Algérie française en distillant des contre-vérités à l’opinion française afin de la monter contre l’Algérie », indique M Khenissa.
La diplomatie, souligne Khenissa, « c’est du sérieux » et « l’Algérie l’a démontré à maintes reprises sur cette crise latente avec la France, ou avec d’autres pays ».
De Villepin, l’homme de la situation ?
« Privilégiant le dialogue, l’Algérie, qui an à cœur la diplomatie sérieuse, revendique des interlocuteurs sérieux, afin de dialoguer sereinement et sérieusement », enjoint-il.
Dominique de Villepin, est selon lui, « l’une des voix raisonnables et éclairées qui peuvent apporter cette sérénité à ce dialogue et contenir cette violence verbale contre l’Algérie et ses symboles, citant au passage les attaques contre la mosquée de Paris », précisant que « le président de la République l’a encore rappelé dans cet entretien insistant qu’il faut assainir cette situation et dans ce qui la représente est un ciblage systémique ».
« L’ancien diplomate Dominique De Villepin est, estime l’orateur, l’homme de la situation, voire le seul homme qui peut sauver le +cheveu de Mouawiya+, évoqué par le président Abdelmadjid Tebboune dans sa récente interview, au quotidien français l’Opinion, afin d’éviter la rupture ».
C’est un homme rassembleur, décrit-il, de par « ses positions claires » et « son discours empreint d’objectivisme, pouvant jouer un rôle de médiateur à l’effet d’instaurer un dialogue sérieux et sereins dans cette période de crise entre les deux capitales ».
C’est quelqu’un, dit-il, qui valorise la relation bilatérale sachant pertinemment le poids de l’Algérie, pays pivot, un pays continent, qui de plus est, un pays portail donnant sur l’Afrique, rappelant son engagement en toute responsabilité vis-à-vis de la guerre en Irak.
Cette médiation doit être faite, cependant, dans un cadre légal, et validée par les deux parties dans un cadre textualisé et adéquat pour ce faire.
« Et dans un message franc, Abdelmadjid Tebboune, appelle le président Macron à sonner la fin de la récréation et d’instaurer un dialogue avec des fondations saines, évoquant cette capacité qu’ont les deux pays à surpasser cette adversité provoqué par les ennemis communs. Allusion faite aux haineux nostalgique de l’Algérie française », explique encore l’invité de la Radio algérienne.
« Notre président s’explique, ne se justifie pas »
La sortie du président est de toute symbolique et « aux allures de préavis de rupture » des relations et « un avertissement contre l’extrême droite, haineuse, véhiculant par une horde qui distille un discours haineux dont le projet est de casser cette relation et la détruire » Encore faut-il rappeler que le président Macron ne s’est pas encore exprimé », relève-t-il.
Badis Khenissa, rappelle que l’Algérie a, à cœur, « d’établir des relations bilatérales saines, surtout transparentes et respectueuses. C’est d’ailleurs, soutient-il, ce respect qui est le point de cet acharnement de l’extrême droite qui s’adonne dans une liberté totale à dénigrer l’Algérie ».
Son but, déplore-t-il, « est de créer un ennemi commun à l’objet de réorienter cette opinion interne vers cet ennemi, au lieu de focaliser sur les problèmes quotidiens des français ».
L’Algérie exige un travail mémoriel objectif
Revenant sur le registre de la mémoire, M. Khenissa estime que cette question peut-être un levier vers l’apaisement. « Il faut cet assainissement », insiste encore M Khenissa, dans le sillage de l’histoire de la tragédie coloniale de la France qui doit, selon lui, « regarder en face de ses atrocités et qu’on fasse le deuil dans le respect et un cadre légal, dépolitisé et dépassionné ».
Rappelant ce qualificatif cher à l’extrême droite, et nostalgique de l’Algérie française, à l’OAS et surtout au gouvernement Vichy de collaboration qui aimaient répéter aux allemands l’expression de « rente mémorielle », l’orateur a mis l’accent sur une réalité du fait que « l’Algérie ne quémande pas, l’Algérie demande qu’il y ait un travail de fond objectif ».
Ce faisant, Badis Khenissa rappelle que « Benjamin Stora est dans ce prisme d’approche objective qui voudrait que la France fasse une thérapie exutoire en face de tout un peuple qui a souffert des affres du colonialisme français ».
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