L’offensive du Nord-constantinois ou la détermination du peuple algérien à briser le joug colonial

Offensive du Nord-constantinois
18/08/2025 - 16:35

L’offensive du Nord-constantinois, le 20 août 1955, architecturée par le Chahid Zighoud Youcef, avait donné lieu à une mobilisation populaire sans précédent et un engagement massif d’un peuple déterminé à briser le joug colonial pour recouvrer son indépendance.

La date du 20 août 1955, à midi, avait «sonné le ralliement total du peuple avec le Front de libération national (FLN), engagés plus résolument que jamais pour la même cause suprême : l’indépendance de l’Algérie», a souligné le Moudjahid Mohamed-Seghir Hamrouchi, ancien cadre de la Nation.

«Le choix de lancer les offensives du Nord-constantinois à midi, une heure de pleine activité où rien ne pouvait être entrepris loin des regards, n’était pas fortuit, car il s’agissait de délivrer un message clair au colonisateur qui devrait comprendre que, désormais, la guerre de libération nationale n’était plus seulement une affaire de combattants disséminés dans les maquis, mais un combat de tout un peuple, luttant à visage découvert», a-t-il dit, affirmant «entendre encore le hurlement des sirènes qui annonçaient, ce jour-là à Constantine, le début d’une nouvelle ère et marquaient un tournant décisif de la glorieuse Révolution».

La résonance du 20 août était «audible dans le monde entier», a souligné encore ce Moudjahid, indiquant que les offensives, soutenues par la population, ont «complètement brouillé les cartes du colonisateur qui évoquait auparavant le +dernier quart d’heure+ de la guerre, sans se douter que c’est lui qui vivait son propre dernier quart d’heure en Algérie».

Panique de l’administration coloniale

Les offensives du Nord-constantinois avaient provoqué une panique générale au sein de l’administration coloniale, selon le Moudjahid Hamrouchi qui assure que face à l’ampleur de la mobilisation du peuple algérien, les autorités coloniales avaient engagé une course effrénée pour tenter de reprendre le contrôle d’une situation qui leur échappait.

Il a cité, dans ce contexte, la riposte brutale menée par le ministre résident Robert Lacoste, artisan de la loi des pouvoirs spéciaux adoptée en mars 1956 et qui avait mis en place des moyens exceptionnels, civils et militaires, pour réprimer le soulèvement populaire. Une mesure prise dans l’urgence et la précipitation, et qui n’avait fait qu’enfoncer ses propres artisans en les mettant dans une mauvaise posture, marquée par une escalade dans la violence coloniale.

La réaction des responsables coloniaux qui évoquaient, dans leur discours officiel, une situation en Algérie «dure et même très dure» au lendemain des offensives du 20 août 1955, a démontré, de leur propre aveu, que la

guerre de libération entrait dans une nouvelle phase, redoutable et incontrôlable, indique M. Hamrouchi qui avait participé à la grève des étudiants, le 19 mai 1956, alors qu’il étudiait au lycée d'Aumale (actuellement Redha-Houhou) de Constantine.

Ces évènements ont réduit à néant les tentatives de «réforme» portées par Jacques Soustelle, alors gouverneur général de l’Algérie, qui espérait que la politique d’intégration qu’il prônait allait calmer la situation en accordant certains «droits» limités aux Algériens tout en maintenant le cadre colonial, ajoute le Moudjahid Hamrouchi.

Il considère également que l’ampleur et l’enracinement de la révolte populaire ont démontré que le temps des compromis était révolu et que l’action armée menée par l’Armée nationale populaire (ALN) a prouvé que le peuple algérien réclamait une rupture totale avec le système colonial, rendant ainsi les discours de Soustelle déconnectés de la réalité et ses efforts dans le domaine social et politique obsolètes face à une dynamique révolutionnaire irréversible.

L’action menée dans le Nord constantinois, notamment à Constantine-centre, à Ain Abid et El Heria, à Skikda, à El Harrouch, à Condé-Smendou (ajourd’hui Zighoud-Youcef), à Azzaba, à El Milia, à Guelma ou encore à Oued Zenati, a eu pour effet majeur de rassembler les différentes forces nationales (religieux, militants, ouvriers, étudiants et paysans) autour de la cause de l’indépendance, observe M. Hamrouchi.

Les partis politiques et autres organisations algériennes, tels que l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas, l’Association des oulémas musulmans algériens et les communistes, malgré leurs divergences idéologiques, ont vu dans cette insurrection une opportunité de s’unir contre le colonisateur dans un élan commun qui a fini par faire ancrer la lutte pour l’indépendance dans le cadre d’une large mobilisation populaire dépassant tout clivage ou tendance.

Cette union avait constitué un tournant stratégique dans la guerre de Libération nationale en renforçant la légitimité du FLN en tant que seul représentant de la cause nationale, souligne M. Hamrouchi, précisant que sur le plan international, cette cohésion a consolidé l’action du FLN pour faire entendre la voix de l’Algérie sur la scène internationale.

Qualifiant les offensives du 20 août 1955 d’acte noble et courageux porté par des hommes profondément engagés dans une lutte pour la dignité nationale, sous la direction du Chahid Zighoud Youcef et ses compagnons de combat (à l’image de Lakhdar Bentobal, Benaouda Mostefa, Ali Kafi, et Chetaibi Amar), M. Hamrouchi revient sur «l’ordre des dirigeants de la Révolution de respecter, durant la guerre, les principes éthiques et moraux».

Mohamed-Seghir Hamrouchi qui opérait dans la ville de Constantine, sous les ordres de son frère aîné El Hamel, dit Azzouz, chargé de former, après les offensives du 20 août 1955, une cellule de la ville de Constantine, s’est longuement étalé sur les actions de soutien en ville, parallèlement au combat dans les maquis qu’il avait lui-même rejoint en 1958.

APS

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